
Par la Rédaction – Tribune Juive
Source : Arutz 7, 24 novembre 2025
Il y a des témoignages qui tombent comme un coup de tonnerre.
L’entretien du brigadier-général (rés.) Erez Wiener avec Arutz 7 fait partie de ceux-là.
Avec un calme surprenant mais des mots lourds, l’ancien chef de l’équipe de planification opérationnelle du Commandement Sud décrit une armée freinée de l’intérieur, bridée non par le manque de moyens… mais par des décisions juridiques prises au cœur même du conflit contre le Hamas.
Les premières heures : confusion, surprise… puis retour brutal du juridique
Wiener commence par une précision : il ne peut pas confirmer que la Procureure militaire aurait empêché le Premier ministre de déclarer l’état de guerre dès le départ.
Les premières heures, dit-il, ont simplement été celles de l’onde de choc.
Mais très vite, une autre dynamique s’est imposée :
le retour en force de la machine juridique, qui selon lui n’a pas servi l’effort militaire.
Et c’est là que les critiques s’accélèrent.
Un système de neutralisation interdit au pire moment
Wiener raconte l’un des épisodes qui l’a le plus marqué.
Avant l’entrée des forces terrestres, Tsahal souhaitait utiliser un système destiné à neutraliser des charges piégées.
La Procureure militaire a interdit son emploi, craignant de nuire à des civils —
alors que la zone avait été entièrement évacuée.
« On allait faire entrer nos soldats sous un feu massif. Le dispositif aurait pu réduire les risques. L’interdiction n’avait plus de sens. »
Ce type d’exemple, dit-il, n’a rien d’anecdotique : il illustre une prise de pouvoir rampante du juridique sur l’opérationnel.
Quand la hiérarchie oublie que le droit est un outil, pas un frein
Wiener ne vise pas seulement la Procureure.
Pour lui, la défaillance est partagée :
La Procureure n’est pas censée diriger une guerre.
Le chef d’état-major aurait dû mettre des limites claires.
Ce rappel à l’ordre n’est jamais venu.
Décisions contestées : du Hamas non catégorisé aux assassins de la famille Bibas
Dans l’entretien, plusieurs décisions juridiques reviennent en boucle :
• La police du Hamas non reconnue comme cible militaire
Une incompréhension totale selon les combattants sur le terrain.
• Le refus d’incriminer les assassins de la famille Bibas comme “membres du Hamas”
Sans cette incrimination, impossible de déclencher des frappes aériennes.
« Sur le terrain, on ne demande pas à un terroriste de quel mouvement il vient.
Mais depuis un avion, un conseiller juridique peut bloquer l’opération faute de “preuve”. »
Wiener résume : l’ennemi se bat avec des armes ; nous, parfois, avec des formulaires.
Une peur excessive du regard international ?
Selon Wiener, une partie de la direction juridique de Tsahal agit sous une forme de réflexe défensif :
la peur constante de « ce que dira l’étranger ».
Un réflexe qui prend le dessus sur la nécessité première :
➡️ protéger les soldats
➡️ vaincre l’ennemi
➡️ sécuriser Israël.
L’aide humanitaire : un point de rupture
Pour Wiener, l’un des points les plus incompréhensibles concerne l’aide humanitaire.
Une fois les civils évacués de certaines zones, l’armée souhaitait restreindre l’entrée de marchandises pour éviter qu’elles ne renforcent le Hamas.
La Procureure militaire s’y serait opposée, arguant qu’un « siège » était interdit.
Wiener rappelle que :
des juristes internationaux ont confirmé le contraire,
des armées occidentales ont déjà employé ce levier,
Tsahal lui-même l’a fait dans le passé.
Ce refus lui semble d’autant plus grave que le chef d’état-major aurait, dit-il, choisi de soutenir la Procureure.
L’affaire Sde Teiman : le révélateur d’une dérive
L’un des moments les plus marquants de l’entretien concerne l’affaire Sde Teiman.
Selon des échanges internes ayant fuité, plusieurs officiers auraient discuté sur WhatsApp de la manière d’incriminer des soldats de Tsahal.
Pour Wiener, cette affaire symbolise une perte de repères :
« Qui servons-nous ? L’État d’Israël ou un cadre juridique devenu autonome ? »
C’est pour lui le signe d’un déséquilibre profond entre commandement militaire et autorités juridiques internes.
Une influence idéologique sous-estimée ?
Dans un passage plus politique, Wiener estime que des organisations extérieures — notamment le New Israel Fund — auraient ciblé depuis longtemps des “centres de pouvoir” à forte influence :
la Procure militaire,
le porte-parole de Tsahal,
le Corps de l’Éducation,
les services de promotion de l’égalité des genres (יוהל »ן),
et d’autres unités administratives.
Selon lui, certains officiers y sont excellents, mais ce n’est, dit-il, pas la majorité.
Un jugement personnel sur Yifat Tomer-Yerushalmi
La conclusion de Wiener est sans détour.
Il oppose l’expérience de terrain de milliers de soldats à la carrière administrative de la Procureure militaire :
« Dire qu’elle a sacrifié ou beaucoup contribué me paraît exagéré. Trente ans de bureaux à la Kirya ne valent pas les sacrifices de ceux qui se sont battus au Liban ou à Gaza. »
Une critique frontale qui ne manquera pas de susciter des réactions.
© David Germon
Jerusalem

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