Tribune Juive

Interview: 7 Octobre, Hamas, Hezbollah, Iran : l’alerte stratégique du Général Amir Avivi

Analyse exclusive d’un entretien de 1h37 avec l’ancien sous-commandant du Commandement Sud de Tsahal

Introduction : Comprendre la réalité stratégique derrière le 7 octobre


Dans un entretien fleuve diffusé le 25 novembre 2025, le général de brigade de réserve Amir Avivi (תא״ל במיל’ עמיר אביבי), ancien sous-commandant du Commandement Sud (פיקוד הדרום), expose une analyse d’une rare franchise sur :

les causes profondes du 7 octobre,

l’état réel du renseignement israélien,

la stratégie du Hamas,

l’implication structurelle de l’Iran,

et la menace resynchronisée du Hezbollah au nord.

Ses déclarations, souvent dures, parfois choquantes, éclairent un tableau stratégique que beaucoup préféraient ne pas voir.
L’objectif de cet article est de présenter toutes les informations contenues dans l’interview, avec une pédagogie adaptée au public francophone.

I. Le 7 octobre : “une guerre qui aurait pu être anticipée”

“Le public connaît les chiffres, mais pas ce qui s’est passé.”

Avivi commence ainsi : « On sait qu’il y a eu 1 200 morts, mais les gens ne comprennent pas ce qui s’est réellement produit le 7 octobre. »

L’armée, dit-il, n’a pas été surprise faute d’information, mais parce qu’elle n’a pas su l’utiliser.

1. Des renseignements qui existaient, mais dispersés

Selon lui, avant la nuit du 7 octobre, il y avait :

des signaux du Shabak (שב״כ – service de sécurité intérieure israélien),

des signaux de l’Aman (אמ״ן – renseignement militaire),

des indications claires qu’une guerre allait éclater.

Mais ces données se trouvaient éparpillées :

un email,

un message WhatsApp,

un appel téléphonique.

Pour Avivi :
« Une armée ne peut pas fonctionner ainsi. Il faut une salle d’évaluation qui centralise, trie, hiérarchise. »
Cette chaîne de tri n’a simplement pas fonctionné.

2. 0 informateur humain à Gaza : la faille centrale

Dans l’interview, Avivi fournit un chiffre saisissant :

En Cisjordanie : 15 arrestations par nuit, soit environ 94 000 personnes interrogées en 17 ans.

À Gaza : zéro informateur humain.

Résultat :
Tsahal n’avait aucune lecture directe des intentions réelles du Hamas.

Le Hamas savait que les Israéliens dépendaient du numérique (écoutes, signaux, cyber) et “leur disait exactement ce qu’ils voulaient entendre”.

3. Comment des milliers de combattants du Hamas ont-ils pu se préparer sans fuite ?

Avivi souligne un point incompréhensible :

« Des milliers de combattants savaient qu’ils allaient attaquer.
Il aurait suffi d’un seul appel, une heure avant, pour sauver des centaines de vies. »

Une seule heure aurait permis :

de sortir les chars,

de déployer les compagnies,

d’armer les postes,

de fermer les routes.

Aucun appel n’a eu lieu.

Pour Avivi, cette absence totale de fuite d’information est en elle-même un signal stratégique lourd.

4. De 6h30 à 12h00 : l’effondrement, puis l’inversion

L’attaque commence vers 6h30.

À 12h00, selon Avivi :
« La brigade Hamas opérant dans la zone a déjà été presque entièrement détruite. »

L’armée reprend le terrain, mais le choc humain et symbolique est irréversible.

5. Le Hamas a utilisé la “doctrine de l’exercice” – comme l’Égypte en 1973

Le Hamas menait régulièrement des exercices militaires :

infiltration,

franchissement de barrière,

prise d’avant-poste.

Ces exercices étaient connus des services israéliens.

Comme en 1973, ils ont été interprétés comme des entraînements.
Jusqu’au jour où l’exercice est devenu l’attaque.

6. La déclaration de “guerre” : un basculement juridique oublié du public

Avivi insiste sur un point technique mais fondamental :

« Le 7 octobre, Israël a officiellement déclaré un état de guerre (מלחמה). C’est la première fois depuis longtemps. »

Cela change :

les règles d’engagement,

les mobilisations,

les pouvoirs de l’État,

les priorités stratégiques.

II. Le Hamas : une armée construite par l’Iran pour saboter Israël


1. Hamas = proxy militaire de l’Iran

Pour un public français, cela doit être très clair :
Le Hamas est présenté par Avivi comme une force armée entièrement structurée, entraînée et financée par l’Iran.

Il explique que l’Iran a construit :

une capacité d’attaque au sud (Hamas),

une capacité d’attaque au nord (Hezbollah),

une capacité d’ingérence en Cisjordanie (réseaux terroristes),

une pression permanente via les Houthis (Yémen).

Tout cela forme un axe iranien destiné à encercler Israël.

2. L’objectif du Hamas n’était pas militaire mais symbolique

Avivi précise que le Hamas savait qu’il ne pourrait tenir que :

quelques heures,

peut-être 1 ou 2 jours.

Mais leur objectif était :

de choquer l’opinion publique,

de capturer des otages,

de créer un traumatisme fondateur,

de briser la confiance des Israéliens dans leur armée.

III. Le Hezbollah : “la plus grande menace militaire sur la frontière nord”

Avivi consacre de longs passages au Hezbollah, expliquant au public israélien — et donc au public français — que :

1. Le Hezbollah est l’armée la plus puissante jamais créée par l’Iran

Il possède :

plus de 150 000 roquettes,

des missiles de précision,

des forces d’élite “Radwan” (רַדְוָאן),
spécialisées dans l’infiltration en territoire israélien,

des systèmes anti-chars,

des drones explosifs.

2. Le Hezbollah voulait frapper le jour même – mais ne l’a pas fait

Selon Avivi, Israël redoutait avant tout :

une attaque simultanée au nord,

la descente des unités Radwan dans les villes israéliennes de Galilée.

Cela ne s’est pas produit, ce qui a permis à Israël de concentrer ses forces sur le sud.

Avivi laisse entendre que l’Iran aurait préféré gérer la “phase Gaza” avant d’engager la “phase nord”.

3. “Le Néguev et la Galilée ne sont pas vraiment sous notre contrôle”

Titre du podcast :

« Le Néguev et la Galilée ne sont plus sous notre contrôle »
(ne signifiant pas militairement, mais démographiquement, sécuritairement, et en termes d’infrastructures d’État).

C’est un avertissement adressé :

à la société,

aux responsables politiques,

au système éducatif,

et aux forces de sécurité.

IV. L’Iran : “l’architecte de la guerre”

Avivi décrit l’Iran comme l’acteur central orchestrant :

le Hamas,

le Hezbollah,

les milices chiites irakiennes,

le djihad islamique,

les Houthis.

Ses propos :

1. L’Iran a créé un “anneau de feu” autour d’Israël

Cette doctrine iranienne est appelée en Israël :
“Hativa Maaravit” – l’enveloppe occidentale, c’est-à-dire :
une série de bases, proxies, milices et infrastructures encerclant Israël.

2. L’Iran ne veut pas détruire Israël en un jour — mais l’épuiser

L’objectif stratégique serait :

d’ouvrir plusieurs fronts,

de saturer les défenses,

de provoquer des destructions psychologiques,

d’isoler Israël sur la scène internationale.

Le 7 octobre est, selon Avivi, une phase de cette stratégie.

V. La conclusion d’Amir Avivi : “La prochaine guerre sera à l’intérieur d’Israël”

Avivi prévient :

« La prochaine campagne ne sera pas seulement à Gaza ou au Liban.
Elle sera dans Israël. »

Il vise :

les zones périphériques,

les villes mixtes,

les infrastructures civiles,

les cyberattaques,

les attaques de drones,

les perturbations internes encouragées par l’Iran.

Conclusion : Un miroir que la société israélienne n’a pas voulu regarder

Pour Avivi, le 7 octobre n’est pas seulement une attaque.

C’est un miroir :

miroir d’un système de renseignement qui s’est reposé sur la technologie et a abandonné le terrain humain,

miroir d’un appareil politique paralysé par ses divisions,

miroir d’une armée qui n’a pas adapté sa doctrine,

miroir d’une illusion : celle que “le Hamas pouvait être géré”.

Et ce miroir, dit-il, doit être regardé avec lucidité.

© David Germon, depuis Israël


Source :

L’ensemble de cet article repose exclusivement sur l’entretien suivant :

Témoignage principal :
תא״ל (במיל.) עמיר אביבי – Général de brigade (rés.) Amir Avivi
Ancien sous-commandant du Commandement Sud.

Podcast / entretien vidéo – 25 novembre 2025
Titre :
« תא״ל במיל׳ אמיר אביבי מזהיר: המערכה הבאה בתוך ישראל! (הנגב והגליל כבר לא בשליטתנו) »
(« Amir Avivi met en garde : la prochaine guerre sera à l’intérieur d’Israël !
Le Néguev et la Galilée ne sont plus sous notre contrôle. »)


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