Tribune Juive

Vous n’étiez pas là quand tout s’effondrait. Par Sarah Ben

Pensée du matin – depuis ma voiture, au milieu des drapeaux

Ce matin, en prenant la voiture, j’ai remarqué quelque chose que je n’avais jamais vraiment vu avant : partout dans Jérusalem, aux fenêtres, sur les balcons, sur les toits… des drapeaux d’Israël.
Pas un, pas dix. Des centaines.

Et je me suis dit :
« Peut-être qu’ils ont toujours été là.
Ou peut-être que c’est moi qui ne les voyais pas.
Parce qu’avant, je n’avais pas besoin de les voir. »

Aujourd’hui, je les vois.
Parce que notre pays… on l’a porté ensemble.
Parce que malgré tout ce qu’on a traversé — et D.ieu sait que l’année a été lourde — on est restés soudés, têtus, vivants, et impossibles à casser.

Et puis, dans ce moment presque beau… j’ai repensé à l’hypocrisie du monde.

À ces pays qui nous ont tourné le dos juste quand on avait le plus besoin d’eux.
À la France, à l’Allemagne, à la Suède, et à tous ceux qui ont levé le doigt pour dire :
« Désolé, pas pour l’instant. »
Embargos, sanctions, morale à deux vitesses…

Et maintenant que la guerre s’est calmée ?
D’un coup, tout va bien.
Les armes “c’est bon finalement”.
Les fonds d’investissement “ce n’était pas politique”.
Les ambassadeurs “heureux d’être de retour”.
Les visites officielles, les sourires, les poignées de main…

Ah oui ? Maintenant ?
Quand ça ne leur coûte plus rien ?

Eh bien moi, en tant qu’Israélienne, je n’oublie pas.
Je n’oublie pas qui m’a soutenue quand on enterrait nos enfants.
Je n’oublie pas qui a disparu quand on criait au secours.
Je n’oublie pas qui s’est réveillé seulement quand ça les arrangeait.

Parce que les amis, les vrais, ne se mesurent pas quand tout va bien.
On les reconnaît quand tout s’effondre.

Et vous savez quoi ?
C’est mon peuple qui a tenu le choc.
Pas l’Europe.
Pas l’ONU.
Pas les grandes puissances qui changent d’avis en fonction de la météo politique.

C’est nous.
Uni.
Serrés.
Blessés mais debout.
Comme on l’a toujours fait, depuis des millénaires.

Alors ce matin, en voyant tous ces drapeaux flotter, j’ai compris :
On ne tient pas grâce aux autres.
On tient grâce à nous.

Et tant qu’on aura cette force-là,
on traversera tout.

© Sarah Ben

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