Tribune Juive

Le boycott qui ne dit pas son nom: les artistes juifs mis à l’écart, et les « belles âmes » regardent ailleurs. Par Paul Germon pour le BNVCA

Il y a des boycotts tonitruants, brandis comme des drapeaux.
Et puis il y a les autres : les silencieux, les honteux, ceux qui s’insinuent dans les coulisses, dans les programmations, dans les invitations qui « ne sont finalement plus possibles ».
Depuis des mois, les artistes juifs en France connaissent ce second modèle.
Une exclusion polie, presque courtoise, mais implacable.

Et les belles âmes ? Elles chantent toujours, mais pour qui ?

On attendait les habituels donneurs de leçons, les poings levés, les consciences éclairées.
Rien.
Pas un souffle.
Pas une solidarité publique.
Pas un mot pour dire que l’on ne peut pas, que l’on ne doit pas, écarter un musicien parce qu’il est né du mauvais côté de l’Histoire.

Alors, au BNVCA, on pose la question :
ces “belles âmes” sont-elles vraiment belles, ou seulement âmes quand ça les arrange ?
Le courage moral à géométrie variable ne porte pas très loin.

L’histoire l’a déjà écrit : se taire, c’est consentir

La France a déjà traversé des périodes où les artistes ont choisi le mutisme — ou pire, l’accommodement.
On connaît la suite.
L’Histoire ne fait pas de cadeaux à ceux qui détournent les yeux pendant qu’on trie les artistes selon leur nom, leur origine ou leurs ancêtres.

Aujourd’hui, à nouveau, une question simple : parler ou se taire ?

Se taire, c’est imiter les artistes allemands ou français d’une autre époque, d’un autre effondrement moral.
Parler, c’est tenir le rôle même de l’artiste : refuser l’injustice, quelle qu’en soit la cible.

Le BNVCA appelle le monde culturel français à sortir de son confort, à reprendre sa voix, et à dire clairement :
on ne boycotte pas les artistes juifs. Ni en silence, ni en murmure, ni en sous-entendu.

© Paul Germon (pour le BNVCA)


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