
Suivi de : Déclarations russes ambiguës sur le Hezbollah, le Hamas et le conflit israélo- palestinien + critiques médiatiques et internationales.
Article faisant suite à La Russie de Poutine : entre paranoïa, héritage soviétique et anti-occidentalisme
Je lis, et j’entends souvent, que la Russie de Poutine, le poutinisme, ne serait pas une menace pour l’Occident, que croire à cela, ce serait être un, ou une paranoïaque, qu’il n’y aurait aucune menace réelle… Cela viendrait du « globalisme », pour détourner l’attention du projet globaliste, de l’UE qui serait dans le complot globaliste… Bla, bla, bla…
Les globalistes nous feraient croire que Poutine voudrait détruire l’Occident, mais que cela serait en fait un ennemi imaginaire, ne nous diabolisant en rien. Poutine, qui serait même un ami de l’Occident, et également une victime de ce grand méchant Occident qui aurait sombré dans une totale décadence, ennemi de la civilisation, contrairement à la Russie, qui irait beaucoup mieux, celle du grand chrétien Poutine qui va nous sauver.
Oui, oui, oui…
Et la marmotte, elle met le petit chocolat dans le papier d’alu, et moi je suis macroniste …
Qu’ est-ce qu’une menace ?
Une menace est l’annonce, explicite ou implicite, d’un mal ou d’un dommage qu’une personne, un groupe ou une situation fait peser sur quelqu’un ou quelque chose.
Cela implique que le mal n’est pas encore là, mais qu’il est annoncé, possible ou conditionnel.
Il y a deux type de menace. La menace irrationnelle. Elle naît de la peur, de l’imaginaire, la de la paranoïa, des émotions, de la méfiance excessive, d’une interprétation fausse ou biaisée. Ici, le danger n’existe pas réellement, ou il est très exagéré. On parle parfois de peur projetée ou de fantasme de danger.
La menace rationnelle. Elle repose sur des faits observables, des intentions explicites, des actes préparatoires, un contexte réel, des signaux cohérents.
Donc : une menace = perception d’un mal futur.
Cette perception peut être déréglée (irrationnelle) ou fondée (rationnelle). Sommes-nous bien d’accord ?
Problème :
- Ce que ceux qui nous parlent d’un complot du « globalisme » ont oublié, c’est que la Russie de Poutine, le poutinisme, a fait basculer la situation du domaine du fantasme à celui du réel. On n’est plus dans la menace potentielle, dans l’hypothèse inquiétante qu’on agite pour alimenter un récit — on est dans la menace réalisée, concrète, assumée. Les actes ont remplacé les signaux. On n’est plus face à une projection ou à une théorie. Beaucoup de ces gens ne sont pas “fous”. Ils souffrent d’un problème de perception, d’un effondrement du discernement, d’une distorsion cognitive qui devient quasiment structurelle. Pouvant mener directement à une forme de négationnisme politique et moral.
- Je vais rappeler que la Russie de Poutine, quelle que soit la légitimité que l’on puisse lui reconnaître, a engendré directement ou indirectement entre 220 000 et 300 000 morts minimum, sans compter les innombrables blessés graves et déplacés provoqués par ses interventions et conflits. On estime qu’environ 1 à 2 millions de personnes ont été blessées ou déplacées à cause des conflits qui lui sont liés depuis 2000. Concernant l’Ukraine, selon l’UNHCR, à la fin 2024 : environ 5,3 millions de personnes étaient déplacées à l’intérieur du pays. Le même organisme indique qu’au total 6,9 millions d’Ukrainiens ont fui à l’étranger comme réfugiés (données début 2025). 46 000 soldats ukrainiens ont été tués depuis le début de l’invasion. Selon l’ONU (HRMMU), au moins 12 654 civils ukrainiens ont été tués depuis février 2022. Le Global Protection Cluster estime 50 597 “cas de victimes civiles” (tués + blessés). Pour les pertes russes militaires en Ukraine, les chiffres varient fortement selon les sources, mais on estime qu’entre 15 000 et 50 000 sont morts depuis 2014, avec un pic depuis l’invasion de 2022. Blessés militaires russes : souvent évalués à environ deux à trois fois le nombre de morts, soit entre 30 000 et 150 000 blessés.
- Les estimations des morts durant les deux guerres de Tchétchénie (1994-1996 et sous Poutine, 1999-2009) varient selon les sources, mais on parle généralement d’environ 80 000 à 200 000 morts au total. Au-delà du bilan humain direct, ces guerres ont été marquées par des violations massives des droits humains : tortures systématiques, disparitions forcées, déplacements massifs de populations, déportations arbitraires, destructions de villages entiers. Ces souffrances prolongées ont laissé des traumatismes profonds et durables, affectant non seulement les victimes directes mais aussi toute la société tchétchène sur plusieurs générations.
- Plusieurs témoignages et rapports font état de tortures et de sévices d’une cruauté extrême pendant, y compris des actes particulièrement barbares comme des mutilations, parfois exhibées publiquement pour terroriser la population. Par exemple, certains récits évoquent des paysans ou civils cloués à leurs portes ou à des arbres, dans une logique d’intimidation et de terreur systématique menée par des forces russes ou paramilitaires. Ces actes font partie des nombreux crimes de guerre dénoncés par des ONG comme Human Rights Watch et Amnesty International, qui ont documenté des violations massives des droits humains sur place
Concernant l’Ukraine, selon l’UNHCR, à la fin 2024 : environ 5,3 millions de personnes étaient déplacées à l’intérieur du pays. Le même organisme indique qu’au total 6,9 millions d’Ukrainiens ont fui à l’étranger comme réfugiés (données début 2025). Pour les pertes russes militaires en Ukraine, les chiffres varient fortement selon les sources, mais on estime qu’entre 15 000 et 50 000 sont morts depuis 2014, avec un pic depuis l’invasion de 2022. Blessés militaires russes : souvent évalués à environ deux à trois fois le nombre de morts, soit entre 30 000 et 150 000 blessés.
Les estimations des morts durant les deux guerres de Tchétchénie (1994-1996 et sous Poutine, 1999-2009) varient selon les sources, mais on parle généralement d’environ 80 000 à 200 000 morts au total. Au-delà du bilan humain direct, les guerres de Tchétchénie ont été marquées par des violations massives des droits humains : tortures systématiques, disparitions forcées, déplacements massifs de populations, déportations arbitraires, destructions de villages entiers. Ces souffrances prolongées ont laissé des traumatismes profonds et durables, affectant non seulement les victimes directes mais aussi toute la société tchétchène sur plusieurs générations.
Plusieurs témoignages et rapports font état de tortures et de sévices d’une cruauté extrême pendant les guerres de Tchétchénie, y compris des actes particulièrement barbares comme des mutilations, parfois exhibées publiquement pour terroriser la population.
Par exemple, certains récits évoquent des paysans ou civils cloués à leurs portes ou à des arbres, dans une logique d’intimidation et de terreur systématique menée par des forces russes ou paramilitaires.
Ces actes font partie des nombreux crimes de guerre dénoncés par des ONG comme Human Rights Watch et Amnesty International, qui ont documenté des violations massives des droits humains sur place.
- Quand la vision du réel se déforme au point de tout réinterpréter à travers un complot imaginaire, ou lié à des réalités déformées et amplifiées on arrive à un phénomène qui ressemble à du négationnisme. Pas le négationnisme historique, mais un négationnisme politique : on nie les faits, on nie les crimes, on nie les responsabilités, on nie ce qui se déroule sous nos yeux. On préfère accuser un « globalisme » fantasmé, déformé, finissant par ne plus exister pour ce qu’il est exactement, plutôt que d’affronter la réalité d’un régime criminel. C’est un mécanisme de fuite : pour protéger leur récit, ils sont prêts à nier ce que tout le monde peut voir. C’est ainsi qu’on glisse du simple biais cognitif à la négation pure et simple du réel. Le danger, c’est que ce qui est nié — les faits, les crimes, la réalité — peut-être bien pire que le complot, réel ou supposé, dont on prétend détourner l’attention. En refusant de regarder la vérité en face, on finit par protéger non pas un mythe, mais un danger concret, capable de détruire des vies et des sociétés.
Et l’on peut très bien mettre en avant les dangers du globalisme, et dans un même temps, les dangers du poutinisme et ses nombreux crimes.
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L’Ukraine s’est tournée vers l’Occident, cela en fait un allié clair, un partenaire.
— Et avant même que l’Ukraine ne manifeste clairement sa volonté de se rapprocher de l’Occident, les relations entre l’Ukraine, l’Europe et l’Occident étaient déjà marquées par des liens solides, tant sur le plan économique que politique. Sur le plan économique, l’Ukraine était un partenaire important pour l’Union européenne, notamment en tant que pays de transit énergétique et fournisseur agricole. L’UE est l’un des principaux partenaires commerciaux de l’Ukraine depuis les années 1990, avec des accords de coopération et des échanges croissants, bien avant la crise de 2014. Politiquement, l’Ukraine participait à diverses initiatives européennes, telles que le Partenariat oriental lancé en 2009, visant à renforcer la coopération entre l’UE et plusieurs pays d’Europe de l’Est, dont l’Ukraine. Ce cadre favorisait les réformes politiques, économiques et sociales, avec un soutien à la démocratie et à l’État de droit. Militairement, même si l’Ukraine n’était pas membre de l’OTAN, elle a entretenu des relations de coopération, notamment à travers le programme « Partenariat pour la paix » (depuis 1994) qui a permis des exercices communs et un dialogue stratégique. Ainsi, bien avant l’aggravation des tensions avec la Russie, l’Ukraine était déjà intégrée dans un réseau dense de relations avec l’Occident, qui posait les bases d’un partenariat stratégique. Ce contexte historique nuance l’idée d’un « basculement » soudain et montre que l’Ukraine a toujours eu des affinités et des engagements profonds avec l’Occident, en particulier avec l’Europe.
L’attaque de Poutine ne peut donc pas être perçue comme un simple conflit régional, mais comme une agression contre un allié, ce qui crée une obligation morale et éthique forte pour l’Occident de le protéger.
Or, l’Europe a failli dans cette affaire, par peur, par lâcheté, à cause d’une mauvaise vision à long terme, et aussi, à cause de ses liens économiques avec la Russie. Quand on fait des affaires avec un régime hostile au monde libre, et hostile à ceux qui veulent le rejoindre, a des amis, on l’enrichit et on prend le risque, tôt ou tard, de recevoir un coup de couteau dans le dos. L’attaque contre l’Ukraine est un couteau dans le dos.
Un courant critique qui, depuis l’arrivée de Poutine au pouvoir et son élitisme assumé, alerte sur le danger de commercer avec son régime et de devenir dépendant de lui. Ce courant n’a pas été suffisamment écouté.
Le coût de la guerre en Ukraine est immense : des milliers d’hommes et de femmes, russes et ukrainiens, ont perdu la vie.
Financièrement, l’Occident a déjà dépensé des dizaines de milliards d’euros pour soutenir l’effort ukrainien (depuis le début du conflit en 2022, les États-Unis ont engagé environ 100 milliards de dollars (soit environ 95 milliards d’euros) en aide militaire, économique et humanitaire), et l’Europe, elle, a engagé des sommes considérables, sans même parler du coût humain et matériel de la reconstruction, qui s’annonce longue et douloureuse.
Cette guerre a fait fortement régresser. Elle aurait pu être évité.
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L’Ukraine, dès 2014, a décidé de se tourner résolument vers l’Occident
Ce choix s’explique par plusieurs raisons essentielles : le rejet de la domination russe, la volonté de souveraineté nationale, l’aspiration à une démocratie plus ouverte, le désir d’intégration aux structures européennes et euro-atlantiques, la recherche de sécurité face à l’agression extérieure.
Certains affirment encore que l’Ukraine n’a rien d’occidental, qu’elle n’a rien à faire dans l’Occident. Mais cela ne change rien au fait que ce pays, libre et démocratique — aussi imparfaite soit sa démocratie — a délibérément choisi son camp. Ce geste, en lui-même, est fondamental et doit être pris en considération. On ne peut nier cette décision, que l’on soutienne ou non l’Ukraine.
L’Ukraine a décidé, à un moment crucial de son histoire récente, de ne plus vivre sous la coupe de Moscou.
Ce n’est ni un « globalisme » fantasmé, ni un complot quelconque, qui a obligé l’Ukraine à faire ce choix. La culture ukrainienne, son histoire et son identité le prouvent depuis des siècles.
Cette décision n’est pas tombée du ciel dans les années 2000 ou au début du 21ᵉ siècle. Elle s’inscrit dans une trajectoire longue : un héritage culturel européen profond, une résistance historique aux tentatives d’assimilation ou de domination russe, des mouvements populaires (comme le Maïdan en 2004 et 2014) qui ont exprimé clairement la volonté populaire d’intégration à l’Occident, la recherche de valeurs démocratiques, de liberté, de droits humains, la réaction face à l’annexion de la Crimée en 2014 et à l’agression dans le Donbass, qui ont cristallisé ce choix.
Bien qu’il y ait eu un certain soutien extérieur lors des mouvements populaires comme le Maïdan (Révolution de la Dignité), cela n’enlève rien au fait qu’ils exprimaient une volonté profonde et authentique des Ukrainiens eux-mêmes. Le désir de changement, de souveraineté et d’orientation vers l’Occident est avant tout un mouvement interne, porté par la société civile ukrainienne, indépendamment des influences extérieures.
L’Ukraine, loin d’être un simple pion dans un grand jeu, est une nation qui affirme son existence propre et son droit à choisir son destin.
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— L’Ukraine n’est pas un pion, ni un enfant manipulable. La voir comme cela, c’est nier ce qu’est l’Ukraine, son peuple, son histoire. C’est refuser de reconnaître son existence propre et sa volonté claire de choisir son destin. C’est une négation brutale de l’identité ukrainienne. Les Ukrainiens seraient des « débiles mentaux » manipulables. Une insulte crue et une négation totale de leur dignité, de leur conscience et de leur volonté. C’est méconnaître leur histoire, leurs choix politiques et leur courage face à l’agression.
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Le Royaume de Galicie-Volhynie (XIIIe siècle)
Ce royaume médiéval, situé sur les terres actuelles de l’Ukraine occidentale, était un État européen, souvent allié à la Pologne et à la Hongrie. Il témoigne d’une identité politique et culturelle autonome, distincte des États russes ou mongols. Le règne de Danylo de Galicie (1201-1264) est souvent considéré comme une première affirmation ukrainienne d’un État européen.
La cosackie Zaporojiens — XVIIe siècle
Les Cosaques Zaporojiens, sous le commandement de figures comme Bohdan Khmelnytsky (1595-1657), ont mené une lutte pour l’autonomie politique et religieuse contre la domination polonaise et russe. En 1648, la rébellion de Khmelnytsky contre la Pologne marque un tournant vers une Ukraine autonome, chrétienne orthodoxe, avec une aspiration à un État indépendant ou
fédéré avec la Russie, mais clairement distinct. Les Cosaques avaient un sens très fort d’une identité ukrainienne distincte.
Citations historiques
Ivan Mazepa (1639–1709), hetman cosaque, a incarné la volonté d’émancipation de l’Ukraine face à Moscou.
« Je ne veux pas être esclave, mais maître chez moi. »
Mazepa s’allia même avec la Suède pour défendre cette indépendance.
Taras Chevtchenko (1814–1861), poète et symbole national ukrainien, a écrit :
« L’Ukraine ne peut être esclave d’aucun empire. »
Ses œuvres sont un cri de liberté et d’identité nationale.
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— Nous pouvons voir dans la culture ukrainienne un pattern récurrent : celui d’une quête constante d’indépendance, une résistance tenace face aux empires qui ont voulu la dominer, et une affirmation forte d’une identité propre. Ces figures historiques, Mazepa ou Chevtchenko, incarnent cette continuité, qui traverse les siècles et nourrit aujourd’hui encore la détermination du peuple ukrainien à choisir son destin.
Il y a dans cette histoire, une volonté claire de faire renaître la culture et la langue ukrainiennes, un mouvement de renaissance profondément ancré dans le peuple lui-même. Cette dynamique culturelle était un acte de résistance et d’affirmation identitaire, totalement indépendant de toute influence ou concept de globalisme, qui, rappelons-le, n’existait pas à cette époque. Cette renaissance a permis de préserver et renforcer ce qui fait l’essence même de l’Ukraine.
Ce mouvement de renaissance culturelle et linguistique ukrainienne a commencé dès la fin du XVIIIe siècle et s’est particulièrement développé au XIXe siècle. C’est à cette époque que des intellectuels, poètes et historiens ukrainiens ont entrepris de redécouvrir, préserver et promouvoir la langue, les traditions et l’histoire ukrainiennes, en pleine opposition aux politiques d’assimilation des empires voisins.
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Documents et Chartes
La Charte de la Ville de Lviv (Lemberg), donnée en 1356 par le roi Casimir III de Pologne, établissait des droits urbains selon le modèle européen. Les documents officiels de la République populaire ukrainienne (1917-1921) affirmaient clairement l’aspiration à un État démocratique, européen, souverain.
Identité culturelle et religieuse
L’Ukraine a été historiquement un carrefour entre l’Orient orthodoxe et l’Occident catholique, avec une culture profondément européenne. La langue ukrainienne, littérature, art et traditions populaires ont toujours été des vecteurs d’une identité distincte, tournée vers l’Europe.
En résumé
L’Ukraine n’est pas née de la guerre froide ni d’une décision récente. Son identité politique, culturelle et spirituelle s’inscrit dans une longue histoire d’autonomie, de résistance et d’aspiration à faire partie de l’Europe.
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Actes antisémites en Ukraine et massacres durant la Seconde Guerre mondiale
En Ukraine, pendant la Seconde Guerre mondiale, environ 1,5 million de Juifs ont été massacrés, ce qui représente une part majeure de l’Holocauste sur le territoire soviétique occupé par les nazis.
Cette extermination fait partie de la Shoah par balles, où les Einsatzgruppen, avec la complicité de collaborateurs locaux, ont perpétré des massacres massifs en Ukraine, notamment à Babi Yar (près de Kiev), où près de 34 000 Juifs ont été tués en seulement deux jours en septembre 1941.
Des Ukrainiens ont bien participé aux persécutions, aux violences, aux rafles — c’est un fait historique, abominable, dépassant l’entendement humain, impossible à nier ou à réécrire.
Mais il faut rappeler l’autre réalité : un très grand nombre d’Ukrainiens ont aussi risqué leur vie pour sauver des Juifs. L’Ukraine compte l’un des chiffres les plus élevés de Justes parmi les Nations — pas le plus élevé (c’est la Pologne), mais l’un des tout premiers au monde. Cela signifie des milliers de familles, de paysans, de prêtres, de fonctionnaires ordinaires qui ont choisi de désobéir aux nazis, de cacher, nourrir, protéger, et parfois de mourir pour sauver des vies juives.
Cette réalité témoigne d’un engagement profond et courageux d’un grand nombre d’Ukrainiens ordinaires qui, face à la terreur nazie, ont refusé de céder à la peur ou à la complicité. Ils ont pris des risques extrêmes, souvent en secret, sachant que la découverte signifiait la mort, non seulement pour eux-mêmes, mais parfois pour toute leur famille. Leur acte de résistance, motivé par des valeurs humaines et morales, va bien au-delà du simple geste d’aide : c’est une véritable lutte pour la vie et la dignité dans un contexte de terreur systématique. Ce choix héroïque, souvent passé sous silence, souligne une facette essentielle de l’histoire ukrainienne pendant la Seconde Guerre mondiale, celle de gens capables de solidarité et de sacrifice, même dans les pires circonstances.
Verkhovna Rada d’Ukraine
La Rada indique que plus de 2 700 Ukrainiens ont reçu le titre de « Righteous Among the Nations » de Yad Vashem. Elle rappelle que ces personnes ont risqué leur vie, celle de leur famille, pour sauver des Juifs.
Baby Yar Memorial Center
Selon le centre, au 1er janvier 2023, 2 707 Ukrainiens ont été reconnus par Yad Vashem. Le 14 mai est officiellement désigné en Ukraine comme “Journée du souvenir des Ukrainiens qui ont sauvé des Juifs”.
Livre des « Justes » ukrainiens
Un livre a été publié (par la Confédération juive d’Ukraine et le Baby Yar Holocaust Memorial Center) avec 2 659 noms d’Ukrainiens reconnus par Yad Vashem. L’EAJC (Congrès juif eurasien) rappelle ce chiffre et la reconnaissance de ces personnes comme “symboles d’espoir et d’humanité”.
Ukrainian Jewish Encounter
Selon des historiens ukrainiens, le nombre réel de sauveurs pourrait être bien plus élevé que celui officiellement reconnu — certains envisagent plus de 20 000 personnes ayant participé à des actes de sauvetage, même si tous n’ont pas été formellement estampillés “Justes” par Yad Vashem. Ils soulignent que pendant l’Union soviétique, la mémoire du Sauvetage (et de la Shoah) a été largement étouffée, ce qui explique que beaucoup d’actes de courage ne soient pas documentés ou reconnus.
Clément Chyptytsky (Klymentiy Sheptytsky)
Exemple concret : l’archimandrite Clément Cheptytsky (église grecque-catholique ukrainienne) a lui aussi été reconnu “Juste parmi les nations” par Israël pour avoir aidé des Juifs pendant la guerre.
Hommages officiels
Le président ukrainien Zelensky a écrit que “quelque 2 659 Ukrainiens” ont reçu ce titre, et il parle de chaque histoire comme “une victoire personnelle sur le mal nazi”.
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« Nous devons procéder à la dénazification de l’Ukraine » – Poutine (Déclaration publique, février 2022, au début de l’invasion russe)
Il faut aussi rappeler un point que beaucoup préfèrent ignorer : l’État ukrainien a adopté en 2015 une loi (loi n°2558) qui interdit la propagande des symboles nazis et communistes. Quant à Zelensky lui-même, voilà ce qu’il a déclaré concernant les accusations de Poutine : « Poutine a l’audace de prétendre “dénazifier” l’Ukraine. C’est un mensonge. Certes, il existe quelques groupes d’extrême droite bruyants en Ukraine, mais ils sont numériquement peu nombreux, marginaux et leur influence politique au niveau de l’État est inexistante. ».
Concernant Stepan Bandera
Dans une interview avant d’être président, Zelensky a déclaré : « Il y a des héros indéniables. Stepan Bandera est un héros pour un certain pourcentage d’Ukrainiens, et c’est normal … Il a défendu la liberté de l’Ukraine. » Il ajoute : « Mais je pense que lorsque l’on nomme tant de rues ou de ponts à son nom, ce n’est pas tout à fait juste … Nous devrions aussi nommer des héros d’aujourd’hui, des héros qui unissent l’Ukraine. »
Cela montre qu’il reconnaît une partie de l’héritage de Bandera, mais critique l’exaltation excessive de cette figure, et appelle à valoriser d’autres héros plus contemporains ou unifiants. Il ne s’agit pas d’une condamnation pure et simple de Bandera. Il reconnaît sa place dans l’histoire, mais appelle à une mémoire plus diversifiée.
Malgré la présence visible de groupes d’extrême droite, leur poids réel dans la société et la politique ukrainienne est très limité. L’argument russe de “dénazification” est une fausse justification.
Plusieurs organisations radicales ont été dissoutes ou intégrées sous contrôle strict du ministère de l’Intérieur. L’Ukraine n’a jamais adopté le discours bandériste comme doctrine officielle, contrairement à ce que répètent les propagandistes russes.
Un rapport de l’OFPRA, Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (“Ukraine : L’extrême droite ukrainienne, origines et trajectoires”) indique que même si des groupes nationalistes comme ceux de Bandera existent, leur influence politique reste minoritaire, et le nationalisme radical ne domine pas comme doctrine officielle.
Et un fait encore plus simple : il y a des Juifs dans l’armée ukrainienne. Pas symboliquement : réellement. Des soldats, des officiers, et même — oui — des Juifs orthodoxes qui combattent dans les unités régulières. Ce n’est pas une exception. C’est une réalité banale, qui suffit à pulvériser le mythe d’un “État nazi”.
Quand un président juif dirige un pays où des Juifs servent volontairement dans l’armée, l’accusation de “nazisme d’État” relève moins de la politique que du délire.
Aussi, il existe des sources crédibles qui attestent que des Juifs ont servi dans le régiment Azov — ce qui montre que l’unité n’est pas monolithiquement “néonazie”.
Illia Samoilenko, officier du régiment Azov, parlant explicitement de son expérience au sein de cette unité et mentionnant la présence de soldats juifs dans le régiment. : « Il y a des Juifs là-bas, et ils y étaient déjà depuis tout ce temps… mais pas en grand nombre, car beaucoup étaient effrayés par la propagande russe », a-t-il déclaré au Times of Israel. « L’un des commandants de compagnie actuellement sur le terrain est juif… Il fait un excellent travail. »
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Dans une étude du CIDOB, on lit que « VO Svoboda » (parti ultranationaliste) a obtenu seulement 4,71 % des voix, et le “Right Sector” autour de 0,7-1,8 % selon les élections.
Selon l’ICCT, lors des élections présidentielles de 2014 : les leaders de Svoboda n’ont obtenu qu’1 % des voix.
Aux législatives d’octobre 2014, Svoboda a fait 4,7 %, juste en dessous du seuil d’entrée au parlement.
Dans un rapport de Freedom House (« Nations in Transit »), on mentionne que les partis considérés “extrémistes” — Svoboda, Right Sector, National Corps — ont une présence très limitée : par exemple Svoboda avait autour de 6 députés dans la Rada selon ce rapport.
Selon l’IRI (sondage 2019), seulement 1 % des électeurs disaient voter pour Svoboda.
Une analyse de New Eastern Europe signale qu’après 2014, (malgré la guerre), la droite radicale a perdu beaucoup de terrain : les partis d’extrême droite “n’ont pas réussi à dépasser le seuil de 5 %” ensemble en 2019.
Ian Katchanovski, expert en politique ukrainienne, estime que les membres activement impliqués dans des groupes néonazis ou d’extrême droite représentent environ 1 % des forces armées ukrainiennes (sur un total de plusieurs centaines de milliers de soldats).
Certains groupes comme le régiment Azov comptaient initialement plusieurs centaines à quelques milliers de combattants, mais leur idéologie a été largement institutionnalisée et sous contrôle gouvernemental depuis leur incorporation à la Garde nationale.
Oui, il y a des groupes ultranationalistes en Ukraine — mais leurs résultats électoraux montrent qu’ils restent très marginaux, sans soutien populaire massif à l’échelle nationale.
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— Le régime de Poutine ne se limite pas à qualifier l’Ukraine de “nazie” ; il étend cette accusation à l’ensemble de l’Occident, qu’il décrit régulièrement comme un “Occident décadent” et “porteur de menaces idéologiques” à son égard.
Depuis plusieurs années, le régime qualifie l’“Occident collectif” de “fasciste” ou “nazi” dans sa rhétorique officielle, reprenant une figure classique de la propagande soviétique.
Par exemple, dans un discours de 2018, Poutine dénonce un Occident qui « revisite les pires pratiques fascistes » pour « imposer son modèle »
Le politologue Mark Galeotti note que la Russie emploie cette rhétorique pour créer une continuité symbolique avec la Seconde Guerre mondiale, positionnant la Russie comme “héritière” de la lutte contre le nazisme et l’ennemi de l’“Occident fasciste”.
Moscou a bien “réactivé” cette rhétorique soviétique dans le cadre de sa guerre informationnelle, qualifiant l’OTAN et l’Union européenne de “nazi” ou “fasciste”.
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Depuis 2014, le conflit en Ukraine a été marqué par des violences et des exactions commises de part et d’autre, et il est important de reconnaître que des crimes ont également été perpétrés par certains acteurs ukrainiens. Des groupes paramilitaires, parfois liés à des mouvements ultranationalistes, ont été accusés de violations des droits humains, notamment des actes de torture, des détentions arbitraires, et des violences contre les populations civiles dans l’est du pays.
Des rapports d’organisations internationales comme Human Rights Watch et Amnesty International ont documenté ces abus, soulignant que, bien que le gouvernement ukrainien ne cautionne pas officiellement ces pratiques, il n’a pas toujours réussi à exercer un contrôle total sur toutes les unités combattantes, surtout dans les premières années du conflit. Ces dérives sont souvent le fait de groupes marginaux, mais elles entachent la légitimité de la lutte ukrainienne et compliquent la dimension morale du conflit.
Il est crucial de garder une vision complète et honnête de la situation, sans nier les crimes commis par la Russie, mais en reconnaissant que la guerre a aussi vu des fautes graves du côté ukrainien. Cette complexité doit guider les réflexions sur la manière d’accompagner la paix et la reconstruction, dans le respect des droits humains et de la justice.
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« L’Ukraine n’est pas un véritable pays. L’Ukraine est une création artificielle » – Poutine. Vision négationniste poutinienne de la souveraineté ukrainienne constante
Discours du 17 avril 2014, lors d’une conférence de presse après l’annexion de la Crimée :
Poutine a déclaré que l’Ukraine est une création artificielle, résultat de décisions politiques du passé, et a remis en cause son existence en tant qu’État indépendant.
L’attaque de Poutine sur l’Ukraine ne s’est pas improvisée en 2014 ; elle est le fruit d’une stratégie préméditée.
Dès les années 2000, dans divers discours, écrits, Poutine a exprimé son refus catégorique de voir l’Ukraine s’éloigner de la sphère russe et rejoindre l’Occident, affiché une ambition de restaurer l’influence russe dans les anciennes républiques soviétiques, l’Ukraine étant une priorité stratégique.
Dans ses discours et politiques, il s’oppose à l’intégration européenne et atlantique de l’Ukraine, dénonçant l’OTAN et l’UE comme des menaces.
Un document révélateur est son discours à la Conférence de Munich en 2007, où il critique ouvertement l’expansion de l’OTAN à l’Est, signe clair de son opposition à l’éloignement des États post-soviétiques, dont l’Ukraine.
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— Rappelons qu’en l’an 2000, Poutine a déjà entamé la mise en place d’un régime autoritaire en Russie, une dynamique amorcée sous Eltsine mais accélérée et consolidée sous sa présidence. Il est essentiel de souligner cette distinction.
Ce n’est pas la même chose si Poutine avait tenu ses propos sur l’Ukraine, l’Occident et l’OTAN en étant un défenseur des libertés, de la démocratie et des droits humains. Là, il les exprime en parallèle avec l’instauration, dès ses débuts sous Eltsine, d’un régime autoritaire et répressif.
Cela donne à ses déclarations une tout autre portée : elles ne sont pas celles d’un leader démocratique, mais celles d’un homme qui, tout en niant la légitimité d’États voisins, construit chez lui un pouvoir dictatorial, opposé aux valeurs qu’il critique à l’extérieur. Cette double posture alerte sur la nature profonde de son régime et sur ses intentions réelles.
Dès son arrivée, Poutine engage un durcissement progressif du contrôle des médias, une limitation des oppositions politiques, et un renforcement des pouvoirs sécuritaires (FSB, police).
Friedrich Schmidt : « Poutine s’est appuyé dès ses débuts sur les structures héritées de l’ère soviétique et Eltsine pour créer un régime autoritaire, en contrôlant les médias, en limitant l’opposition et en muselant la société civile. »
« Le soviétisme avait ses défauts, bien sûr, mais il a permis de maintenir la société droite, ordonnée et stable. » – Poutine
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Dans un long article publié en 2021, il a affirmé que Russes et Ukrainiens étaient « un seul peuple
», niant de facto l’existence d’une Ukraine indépendante légitime (Source : « On the Historical Unity of Russians and Ukrainians », Kremlin, juillet 2021). Par ailleurs, dès 2008, à la conférence de Munich, il dénonçait déjà l’expansion de l’OTAN vers l’Est comme une menace inacceptable. Ces déclarations et positions témoignent d’un projet de réintégration de l’Ukraine sous influence russe, préparé et nourri de longue date, bien avant les événements de 2014 qui ont déclenché la crise ouverte.
Poutine a explicitement nié à plusieurs reprises la légitimité de l’Ukraine en tant que pays souverain. Lors d’une conversation téléphonique en 2008 avec George W. Bush, il a déclaré :
« L’Ukraine n’est pas un véritable pays » (en russe : « Украина — не страна »).
Cette phrase illustre parfaitement sa vision selon laquelle l’Ukraine est une création artificielle, une terre historiquement liée à la Russie, et non une nation indépendante légitime. Ce refus de reconnaître l’existence même de l’Ukraine en tant qu’État souverain a jeté les bases idéologiques de son agressivité ultérieure.
Durant plusieurs années, une politique d’ingérence systématique visant à déstabiliser l’Ukraine a été menée par la Russie de Poutine. Cette stratégie inclut un large éventail d’actions : soutien aux mouvements séparatistes dans l’est du pays, campagnes de désinformation massive, cyberattaques ciblées, pressions économiques, et manipulations politiques. L’objectif est clair : affaiblir l’intégrité territoriale et la souveraineté ukrainiennes, tout en empêchant l’Ukraine de s’ancrer durablement dans l’espace occidental. Cette ingérence a largement contribué à l’escalade du conflit et à la guerre actuelle, révélant une volonté de contrôler ou de neutraliser un pays que Poutine perçoit comme stratégique pour la Russie.
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Nous n’en sommes plus à la simple menace : la guerre est bien là, avec ses conséquences tragiques et concrètes. Ce n’est plus une hypothèse ou une crainte lointaine, mais une réalité violente qui déchire des vies, détruit des villes, et bouleverse l’équilibre géopolitique mondial. La menace s’est matérialisée par une invasion, des combats sanglants, et une crise humanitaire majeure. Face à cela, il ne s’agit plus de débattre de risques potentiels, mais d’agir pour contenir, repousser et mettre fin à cette agression.
Au-delà de l’Ukraine, la Russie de Poutine mène une politique d’ingérence étendue visant à déstabiliser non seulement l’Europe, mais aussi l’Amérique. Cette stratégie s’appuie sur un ensemble coordonné d’actions : campagnes massives de désinformation et de propagande via les médias contrôlés, piratages informatiques ciblant des infrastructures critiques, soutien à des partis politiques extrémistes ou populistes, financement occulte de mouvements contestataires, et manipulations sur les réseaux sociaux pour semer la division sociale et politique. En Europe, ces ingérences cherchent à affaiblir l’unité de l’Union européenne et de l’OTAN, tandis qu’aux États- Unis elles visent à exacerber les fractures internes et à discréditer les institutions démocratiques. Par ces moyens, Moscou tente de remodeler l’ordre mondial selon ses intérêts, en sapant les démocraties libérales de l’intérieur et en brouillant les alliances qui lui font obstacle.
Cette déstabilisation passe aussi par un espionnage intensif, héritier des méthodes post-soviétiques classiques : infiltration, collecte massive de renseignements, cyber-espionnage, et recrutement d’agents dormants. Ces techniques, perfectionnées depuis l’époque de la Guerre froide, restent au cœur de la stratégie russe pour influencer et affaiblir ses adversaires, en combinant opérations secrètes et guerre informationnelle.
Campagnes de désinformation et propagande
Rapport du Parlement européen (2020) : détaille l’utilisation massive de la désinformation par la Russie, via des médias comme RT, Sputnik, et des réseaux de trolls pour influencer l’opinion publique en Europe.
Rapport du think tank Atlantic Council : décrit comment la Russie utilise des campagnes de propagande coordonnées pour saper la confiance dans les institutions démocratiques.
Cyberattaques ciblées
Rapport du FBI et du DHS (2021) : attribuent aux services russes plusieurs cyberattaques majeures contre des infrastructures critiques en Europe et aux États-Unis, notamment SolarWinds et
Soutien à partis politiques extrémistes et populistes
Étude du Congressional Research Service (2020) : montre que la Russie a financé ou soutenu des partis dit d’extrême droite et des mouvements dit populistes en Europe pour semer la division.
Manipulations sur les réseaux sociaux
Rapport de Facebook/Meta (2020) : a révélé plusieurs campagnes russes d’influence sur Facebook, Twitter et Instagram visant à polariser les sociétés occidentales.
Étude de l’Université d’Oxford (2021) : décrit comment des bots et trolls russes manipulent les conversations en ligne pour amplifier les tensions sociales et politiques.
Objectifs géopolitiques
Discours officiels russes et analyses géopolitiques : Moscou affirme vouloir défendre ce qu’elle appelle un “ordre multipolaire” contre l’hégémonie occidentale, ce qui passe par la déstabilisation des alliances comme l’UE et l’OTAN.
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Il existe des éléments sérieux qui suggèrent que la Russie de Poutine intervient dans des stratégies de déstabilisation de l’Occident via des groupes non‑étatiques, des milices ou des réseaux de sabotage/influence. Ces actions visaient et visent encore à déstabiliser l’Occident en soutenant des groupes terroristes, des mouvements tiers-mondistes, profondément anti-occidentaux et souvent antijuifs.
Ce soutien a contribué à radicaliser certains courants palestiniens, renforçant ainsi un discours hostile envers Israël sur la scène internationale. Cette stratégie a eu pour effet de noircir l’image d’Israël dans l’opinion mondiale, alimentant une défiance souvent démesurée et biaisée.
Ce contexte de manipulations et d’influences étrangères complexifie encore davantage les perceptions et les enjeux liés au conflit israélo-arabe.
Rapport du Washington Institute — Russie et Hamas
La Russie a une « relation de longue date » avec le Hamas, selon cet institut. Moscou n’a jamais officiellement inscrit le Hamas comme organisation terroriste, dans sa liste de groupes interdits. Selon certains analystes, ce rapprochement sert les ambitions de la Russie dans le “Global South” pour concurrencer l’ordre occidental.
Mais cela ne prouve pas un “soutien idéologique antijuif” systématique : c’est avant tout géopolitique.
Décryptage du rapprochement entre Russie et Hamas
Un article des Clés du Moyen-Orient explique que la Russie se positionne comme médiateur entre Israël et les Palestiniens, sans que son soutien au Hamas soit purement terroriste : “Moscou n’a pas qualifié le Hamas de « groupe terroriste ».” Le Kremlin utilise ce lien comme un levier dans sa stratégie “anti-hégémonie” vis-à-vis des États-Unis.
Groupes paramilitaires et influence en Afrique (“tiers‑monde”)
Le groupe Wagner (ou ses successeurs comme l’Africa Corps) est utilisé par Moscou pour étendre son influence militaire en Afrique (Mali, Libye, Centrafrique), mais ce sont des interventions “géo‑stratégiques”, pas nécessairement idéologiques terroristes. Une analyse de l’ISS (International Security Studies) sur l’engagement russe au Sahel mentionne l’utilisation de groupes paramilitaires pour “exploiter des crises sécuritaires”, mais pas un soutien à des mouvements terroristes idéologiques antisémites : Institut de l’Union Européenne pour l’Étude de la Sécurité. Le Valdai Club, Think tank lié à Moscou, évoque un discours “anticolonial” “anti-occidental” en Afrique, utilisé comme justification de son intervention sur le continent.
Questions de “double langage”
Selon l’ECFR (European Council on Foreign Relations), la rhétorique “anti-coloniale” russe dans le Sud global est très utile à Moscou : elle séduit des régimes fragiles en les présentant comme des alliés anti-occidentaux, mais cette posture ne signifie pas automatiquement un “soutien idéologique terroriste”. Le “Projet Lakhta” (lié à l’IRA de Prigojine) montre comment la Russie manipule l’opinion publique en Afrique via la désinformation en s’appuyant sur un récit “anti-colonial”, mais sans lien direct avéré avec des groupes terroristes antisémites.
Conclusion
Il y a des éléments sérieux : la Russie entretient des relations diplomatiques et stratégiques avec le Hamas, instrumentalise des groupes paramilitaires (Wagner / Africa Corps) en Afrique, et promeut une rhétorique “anti-coloniale” anti-occidentale.
Déclarations russes ambiguës sur le Hezbollah, le Hamas et le conflit israélo-palestinien + critiques médiatiques et internationales
– Nicolas Carras
La Russie de Poutine, dans ses déclarations officielles publiques depuis octobre 2023, n’a jamais condamné explicitement et clairement l’attaque surprise du Hamas contre Israël.
Elle a exprimé des appels à la retenue, à la paix, à la fin des violences, parfois condamné la « spirale de violence », mais sans jamais désigner nommément le Hamas comme responsable de cette attaque initiale.
Cette posture est perçue comme une retenue diplomatique volontaire pour ménager ses alliances régionales et son rôle d’acteur influent au Moyen-Orient.
Avec des actions ou résolutions à l’ONU considérées comme partiales.*
— 2008 — Communiqué officiel du ministère russe des Affaires étrangères publié peu après l’élimination de Hassan Nasrallah, haut responsable militaire du Hezbollah, en 2024.
Communiqué repris par Anadolu Ajansı : « Nous condamnons fermement l’assassinat d’Hassan Nasrallah, une personnalité libanaise éminente. Cet assassinat politique perpétré par Israël constitue une grave violation du droit international et compromet les efforts visant à parvenir à la paix et à la stabilité au Moyen-Orient. De telles actions portent l’entière responsabilité de l’escalade des tensions et de la violence dans la région. » – Anadolu Ajansı – Russia strongly condemns Israel’s killing of Hezbollah leader, says Israel bears full responsibility for escalation.
Déclaration rapportée par Interfax (РФ осудила убийство лидера « Хезболлы » и призвала Израиль прекратить боевые действия) : “Nous condamnons fermement ce nouvel assassinat politique commis par Israël. Cette action musclée est lourde de conséquences dramatiques, surtout pour le Liban et l’ensemble du Moyen-Orient. La partie israélienne ne pouvait pas ne pas se rendre compte de ce danger, mais elle a pris une telle mesure – l’assassinat de citoyens libanais –, qui provoquera presque inévitablement une nouvelle flambée de violence. Elle porte donc l’entière responsabilité de l’escalade actuelle.” – Interfax
Vladimir Poutine adopte une posture ambivalente vis-à-vis du Hezbollah, qu’il considère à la fois comme une force politique majeure au Liban et comme un acteur incontournable dans la dynamique régionale. Plutôt que de le qualifier explicitement de groupe terroriste, il souligne ses racines profondes dans la société libanaise et insiste sur la nécessité de maintenir le dialogue avec cette organisation pour préserver la stabilité au Moyen-Orient.
Cette position est d’autant plus critiquable que la Russie affirme officiellement combattre le terrorisme sur la scène internationale. En légitimant ou en tolérant une organisation désignée comme terroriste par de nombreux pays, Moscou affiche une incohérence flagrante entre ses discours et ses actes. Cela affaiblit la crédibilité de la Russie dans la lutte contre le terrorisme, compromet les alliances internationales, et nourrit le sentiment que son engagement est guidé avant tout par des intérêts géopolitiques, plutôt que par une réelle volonté de combattre la violence extrémiste.
— 7 octobre 2023 — Ministère russe des Affaires étrangères (porte-parole) :
« Nous appelons les parties palestinienne et israélienne à cesser immédiatement le feu, à renoncer à la violence, à faire preuve de la retenue nécessaire. »
La Russie appelle donc à un cessez-le-feu immédiat mais ne condamne pas explicitement l’attaque du Hamas contre Israël. Cette retenue dans la condamnation reflète une posture prudente visant à ne pas aliéner ses alliés palestiniens tout en conservant un rôle de médiateur.
— 9 octobre 2023 — Dmitry Peskov, porte-parole du Kremlin :
« Nous sommes extrêmement préoccupés… la situation doit être portée à une résolution pacifique le plus rapidement possible… la poursuite de cette spirale de violence est synonyme d’une escalade plus importante du conflit. »
Moscou exprime son inquiétude face à l’escalade sans condamner ouvertement les auteurs initiaux de la violence. L’ambiguïté persiste dans la répartition des responsabilités.
— 13 août 2024 — Vladimir Poutine, lors d’une rencontre avec Mahmoud Abbas
« Monsieur le Président Abbas,
Nous faisons tout notre possible pour soutenir la Palestine et le peuple palestinien, notamment dans ce contexte difficile marqué par des violences et des pertes humaines. Nous sommes avant tout préoccupés par les pertes civiles, qu’elles concernent les Palestiniens comme les Israéliens.
Le seul moyen de créer une paix durable, fiable et stable dans la région est la mise en œuvre complète et effective de toutes les résolutions de l’Organisation des Nations Unies concernant le conflit israélo-palestinien.
Nous soutenons la création d’un État palestinien pleinement reconnu, souverain, vivant en paix et en sécurité aux côtés d’Israël. Cela demeure la base essentielle pour un règlement politique juste et durable.
La Russie est prête à intensifier ses efforts diplomatiques et politiques pour faciliter le dialogue entre les parties, promouvoir la confiance mutuelle et contribuer à un processus de paix constructif.
Nous espérons que la communauté internationale saura s’unir pour soutenir ces objectifs communs et éviter toute escalade supplémentaire. »
Il n’a pas désigné explicitement le Hamas comme responsable des violences ou du conflit.
Aucune mention directe du Hamas ou d’autres groupes armés n’est faite dans cette déclaration. La posture reste centrée sur la recherche de la paix et la reconnaissance d’un État palestinien, sans désignation explicite de responsabilités.
— 31 août 2024 — Sergei Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères
« Israël ne peut pas éliminer ni le Hamas ni le Hezbollah… Le Hamas fait partie du peuple palestinien, tout comme le Hezbollah fait partie du peuple libanais. Ces groupes ont des racines profondes dans leurs sociétés et toute solution aux conflits doit prendre en compte leur existence et leur importance politique. » (Résumé de ses propos par L’Orient‑Le Jour)
— Octobre 2021 — Poutine s’exprimant au club de discussion de Valdaï à Sochi
Telle que rapportée par Al Bawaba : « Le Hezbollah est une force politique importante au Liban et joue un rôle clé dans le paysage politique et sécuritaire du pays. La Russie reconnaît cette réalité et maintient des canaux de communication avec tous les acteurs concernés afin d’assurer la stabilité dans la région ».
— 18 septembre 2023 — Mikhail Bogdanovlors , Vice‑ministre russe des Affaires étrangères lors d’une conférence de presse à Moscou
« Nous entretenons des contacts et des relations avec eux car nous ne les considérons pas comme une organisation terroriste. Ces groupes sont des acteurs politiques importants dans leurs régions, et dialoguer avec eux est nécessaire aux efforts diplomatiques visant à stabiliser les conflits au
Moyen-Orient. »
— 2008 — Communiqué officiel du ministère russe des Affaires étrangères publié peu après l’assassinat d’Imad Moughnieh du Hezbollah en février 2008.
’« Nous condamnons fermement l’assassinat d’Imad Moughnieh, une personnalité libanaise éminente. Cet assassinat politique perpétré par Israël constitue une grave violation du droit international et compromet les efforts visant à parvenir à la paix et à la stabilité au Moyen-Orient. De telles actions portent l’entière responsabilité de l’escalade des tensions et de la violence dans la région. »
Imad Moughnieh, accusé de nombreuses attaques dont l’attentat-suicide contre l’ambassade des États-Unis à Beyrouth[, l’attentat contre un centre communautaire juif à Buenos Aires, le détournement du Boeing TWA 847, l’attentat à la bombe contre l’ambassade d’Israël en Argentine, l’attaque contre l’ambassade de France au Koweït, et l’assassinat du sociologue français Michel Seurat.
Critiques :
The Times of Israel
Dans plusieurs articles d’octobre 2023, ce média a dénoncé le manque de condamnation claire de la Russie vis-à-vis de l’attaque du Hamas et son appel « symétrique » au cessez-le-feu.
« Le refus de la Russie de condamner explicitement les attaques du Hamas compromet sa crédibilité en tant que médiateur et signale un soutien tacite aux groupes terroristes. »
« La Russie va convoquer l’envoyé israélien suite aux critiques concernant ses liens avec le Hamas dans le contexte de la guerre Israël-Hamas. Plus de 1 200 Israéliens ont été tués lors de l’attaque surprise du Hamas, et la Russie a reçu des dirigeants du Hamas à Moscou — un développement largement perçu comme une extension de ses liens de plus en plus amicaux avec l’Iran. »
« Israël a exprimé son mécontentement envers la Russie en raison de ses déclarations fréquentes contre l’État juif, accusant Moscou d’un discours partial. Un diplomate israélien a été convoqué pour exprimer le ‘déplaisir de Jérusalem quant au rôle que joue la Russie’ dans la guerre contre le Hamas, exhortant la Russie à adopter une position plus équilibrée. »
Jerusalem Post
Plusieurs éditoriaux ont dénoncé la position russe comme un « double discours » qui affaiblit Israël tout en essayant de maintenir des relations avec les Palestiniens.
L’article “Russia’s Putin sides with Hamas over Israel to spite the West – opinion” (The Jerusalem Post, 3 nov. 2023) écrit que « La légitimation du Hamas par Poutine le lendemain du massacre est une insulte à tous les Juifs.»
L’article “Russia‐US rivalry stymies UNSC Hamas condemnation” (The Jerusalem Post, 26 oct. 2023) expose que la Russie, en raison de sa rivalité avec les États‑Unis, a entravé une condamnation du Hamas au Conseil de sécurité de l’ONU — ce qui peut être vu comme une forme de position ambivalente.
L’éditorial “All eyes are on Russia as a mediator between Hamas and Fatah – editorial” (The Jerusalem Post, 29 févr. 2024) : « Moscou semble tirer profit de ses victoires perçues en Ukraine pour étendre son influence au Moyen-Orient. En se positionnant à la fois comme un acteur partisan et un médiateur entre le Hamas et le Fatah, la Russie risque de compromettre sa crédibilité et de jouer un double rôle qui sape les efforts authentiques de résolution du conflit. »
Washington Institute for Near East Policy
Un rapport d’octobre 2023 souligne que l’absence de condamnation claire de la Russie vise à préserver ses alliances régionales, mais affaiblit la crédibilité de Moscou.
« Le langage ambigu de Moscou est un choix stratégique visant à équilibrer ses intérêts au Moyen- Orient, mais il risque de s’aliéner ses partenaires occidentaux. »
Lors de briefings en octobre 2023, des responsables américains ont critiqué les déclarations russes trop vagues et les appels symétriques à la retenue. Ils ont insisté sur la nécessité d’une condamnation claire du Hamas et dénoncé les tentatives russes de minimiser l’agression initiale.
« Nous appelons toutes les parties à la retenue, mais le Hamas doit être clairement désigné comme responsable de cette escalade. La Russie, par son langage ambigu, sape cet effort. »
Gouvernement israélien :
À plusieurs reprises en 2023, la diplomatie israélienne a critiqué publiquement la Russie pour son
« double langage » et son refus de désigner clairement le Hamas comme terroriste dans ses communications.
« La position russe, qui évite de nommer le Hamas comme responsable, sert à délégitimer les efforts israéliens pour se défendre contre le terrorisme. »
Département d’État américain
Lors de briefings en octobre-novembre 2023, des responsables ont fait part de leur « inquiétude » quant aux positions russes jugées ambivalentes, insistant sur la nécessité d’une condamnation claire des groupes terroristes.
« Nous appelons toutes les parties à la retenue, mais le Hamas doit être clairement désigné comme responsable de cette escalade. La Russie, par son langage ambigu, sape cet effort. »
BBC News
Analyse des positions russes dans le contexte du conflit : « Les appels à la retenue de la Russie, tout en s’abstenant de condamner ouvertement les attaques du Hamas, révèlent son exercice d’équilibriste complexe au Moyen-Orient. »
Washington Post
« La Russie a qualifié les groupes d’opposition au Moyen-Orient de différentes manières au fil des années, mais après que les militants du Hamas ont mené une attaque surprise brutale contre Israël, Moscou s’est abstenue de condamner directement le groupe militant palestinien. À la place, les responsables russes ont exprimé leur inquiétude face à l’escalade et appelé à la retenue de toutes les parties, reflétant une approche diplomatique prudente visant à préserver ses liens avec divers acteurs régionaux. »
Axios (via la Maison Blanche)
« Le fait que la Russie refuse de condamner l’attaque abominable du Hamas contre Israël, ainsi que par leur tentative malhonnête de présenter les deux côtés de cette tragédie sur un pied d’égalité, en assimilant les actions du Hamas au droit d’Israël à se défendre est choquant. »
Cette absence de condamnation claire est considérée comme une « équivalence morale » entre l’agresseur et la victime, ce qui suscite la critique.
Deutsche Welle
« La position officielle de la Russie est une neutralité prudente, mais il est clair que la Russie bénéficie du conflit Israël-Hamas et souhaite qu’il se prolonge, car cela permet à Moscou de renforcer son influence au Moyen-Orient, de contester la domination occidentale, et de détourner l’attention de ses propres difficultés, comme la guerre en Ukraine. »
« La Russie accuse les États-Unis d’être responsables de la récente reprise des violences au Moyen-Orient et affirme que les États-Unis sont à blâmer pour l’attaque terroriste perpétrée par l’organisation islamiste militante Hamas, accusant Washington d’avoir exacerbé les tensions dans la région par ses politiques et son soutien à Israël. »
« La Russie et la Chine observent avec satisfaction le déroulement de la situation au Moyen-Orient, utilisant le conflit pour attaquer les positions occidentales et détourner l’attention de leurs propres défis, notamment la guerre de la Russie en Ukraine. »
Le journal juge que la Russie utilise le conflit pour attaquer la position occidentale et détourner l’attention (notamment vis‑à‑vis de l’Ukraine)
El País :
« Malgré la prétendue impartialité de la Russie, la résolution soumise par Moscou au Conseil de sécurité de l’ONU ne mentionnait pas Hamas, le groupe responsable des attaques meurtrières contre Israël, ce qui a conduit à des critiques accusant Moscou de minimiser le rôle du groupe militant et de tenter de présenter le conflit comme un différend symétrique. »
Note :
*En octobre 2023, dans le contexte de l’escalade du conflit Israël-Hamas, la Russie a soumis une résolution au Conseil de sécurité des Nations Unies appelant à la cessation des hostilités à Gaza. Cette résolution condamnait « la violence » mais ne mentionnait pas explicitement le Hamas, groupe qualifié de terroriste responsable de l’attaque initiale contre Israël.
AP news : « Le Conseil de sécurité de l’ONU a rejeté la résolution russe sur Gaza car elle ne mentionnait pas le Hamas, responsable d’une attaque meurtrière contre Israël. Les pays occidentaux ont critiqué le projet de résolution pour son omission de condamner explicitement le groupe militant palestinien, arguant que cette omission affaiblit la capacité de la communauté internationale à demander des comptes aux responsables de ces violences. »
Cette absence a été vue comme une tentative de Moscou de ne pas aliéner ses alliés au Moyen- Orient, notamment l’Iran et certains groupes palestiniens. Les diplomates occidentaux ont estimé que la résolution perdait toute efficacité en ne désignant pas clairement le groupe à l’origine de la violence. La proposition russe n’a pas été adoptée, car la majorité des membres du Conseil a jugé indispensable une condamnation explicite du Hamas.
Extrait d’une déclaration occidentale (source Reuters, 7 octobre 2023)
« L’absence de mention explicite du Hamas dans le projet de résolution russe compromet les efforts visant à apporter une réponse équilibrée et efficace, et envoie un message dangereux selon lequel les attaques contre les civils ne sont pas condamnées comme il se doit. »
© Nicolas Carras
Nicolas Carras – Créateur (vidéo – son – photo), artiste, poète