Tribune Juive

Pour pouvoir mourir, encore faut-il être vivant. Les Hexagonaux n’ont donc absolument rien à craindre de possibles futurs terroristes. Par Sébastien de Crèvecoeur

Jacques Ellul en 1986
© Jérôme Ellul

Sur les commémorations du dixième anniversaire du 13 Novembre 2015, je serai bref. Je n’ai évidemment pas regardé celles-là, mais les extraits vus ici et là ont démontré, sans aucune surprise pour moi, d’une part le nihilisme échevelé de Macron ( « Un nihilisme en marche », comme je le titrais dans « Causeur » le lendemain de son élection en 2017) s’accompagnant de l’indécence nauséeuse de la société du spectacle, mais d’autre part celui de la population, entre celle qui chante « Free Palestine » dans l’enceinte du Bataclan, ou encore celle qui chante et danse sur les cadavres lors desdites commémorations.

L’extrait extralucide ci-joint du grand Jacques Ellul dans 𝐶𝑒 𝑞𝑢𝑒 𝑗𝑒 𝑐𝑟𝑜𝑖𝑠 (1987 !), qu’un contact sur Facebook m’a rappelé, pourrait s’accompagner tout autant par les mises en garde dans le même ordre d’idées énoncées par Lévi-Strauss, mais également par les 𝑁𝑜𝑡𝑒𝑠 𝑠𝑢𝑟 𝑙𝑎 “𝑞𝑢𝑒𝑠𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑒𝑠 𝑖𝑚𝑚𝑖𝑔𝑟𝑒́𝑠” de Debord datant de 1985.

Fidèle à mon idée que le cinéma (l’art en général) peut nous donner à voir parfois l’essence des choses, je noterai à mon tour que la population hexagonale est synthétisée en deux films, tout comme on n’a pas besoin de lire les inepties de Chapoutot pour comprendre le nazisme, il suffit de regarder 𝐿𝑒𝑠 𝐷𝑎𝑚𝑛𝑒́𝑠 (titre original : 𝐿𝑎 𝑐𝑎𝑑𝑢𝑡𝑎 𝑑𝑒𝑔𝑙𝑖 𝑑𝑒𝑖 (« 𝐿𝑎 𝐶ℎ𝑢𝑡𝑒 𝑑𝑒𝑠 𝑑𝑖𝑒𝑢𝑥 »)) de Visconti en 1969, toute l’essence des nazis s’y trouve.

Les Hexagonaux, donc, c’est ce que j’appelle le syndrome 𝐿𝑎𝑐𝑜𝑚𝑏𝑒 𝐿𝑢𝑐𝑖𝑒𝑛 (1974) de Louis Malle, film absolu sur le nihilisme l’air de rien, sur une certaine banalité du mal, ici collaborationniste (Michael Haneke travaille aussi beaucoup sur cette banalité de l’ignominie quand tous les repères moraux collectifs sont perdus). Ce film résume totalement l’Hexagonal (mais c’était donc déjà présent chez le Français).

Les Hexagonaux me font surtout penser au personnage de Nicole Kidman et de ses enfants dans 𝐿𝑒𝑠 𝐴𝑢𝑡𝑟𝑒𝑠 (2001) d’Alejandro Amenábar. Ceux qui ont la référence comprendront, les autres devront regarder le film.

Pour pouvoir mourir, encore faut-il être vivant. Les Hexagonaux n’ont donc absolument rien à craindre de possibles futurs terroristes.

© Sébastien de Crèvecoeur

Sébastien de Crèvecoeur est ancien professeur de philosophie, aujourd’hui engagé dans le débat public

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