Tribune Juive

Cachez-moi cet arbre. Par Nidra Poller

Paris  17/09 – 4/11  2025

Il y a l’arbre, les racines, le tronc, les branches, les bourgeons, les feuilles, les fleurs, les fruits. Il y a tout un arbre, mais le discours géopolitique est ressassé en fleurs coupées, en feuilles mortes, en brindilles, dans le brouillard, dans le vide …

C’est un arbre millénaire, dressé depuis le VIIe siècle, inchangé. Qui résiste contre vents et marées, qui s’en va à la guerre sans bouger. Et on scrute les fleurs en vase, on se mobilise contre les feuilles mortes, on étudie une à une des brindilles.

L’arbre, c’est l’islam dans tous ses états. L’arbre, pleinement épanoui, c’est l’islam de conquête. Le tronc, c’est le jihad. Les racines sont la haine génocidaire de l’infidèle, du mécréant, du Juif[1]. Du Juif, du chrétien, de l’Occident, mais plus que tous, du Juif.

Si on lève les yeux des feuilles mortes, on voit la haine génocidaire du Juif dans toute sa splendeur. On arrête de s’égarer dans les vases de fleurs coupées, on arrête de dire que l’antisionisme a évolué de nos jours en antisémitisme. Que c’est injuste de tenir tous les Juifs pour responsables des massacres à Gaza, d’accuser les bons Juifs de nos beaux pays d’être des suppôts de Netanyahou, que les images effarantes de pauvres Gazaouis affamés nourrissent la haine du Juif où qu’il se trouve, qu’il faudrait lutter contre la politique génocidaire du gouvernement israélien tout en combattant courageusement l’antisémitisme.  

L’origine du « conflit », de la guerre déclarée le 7 octobre 2023, des manifestations violentes pro-Hamas, de l’expulsion des Juifs des facultés, des stades, des salons high tech, des colloques intellectuels, des rues et des places, des théâtres et des moyens de transport partout dans le monde autrefois libre, l’origine, la cause, l’élan, l’organisation, la prolifération de cette haine est enfouie dans les racines de l’arbre.

Les causes et les effets surgissent ensemble de ces racines profondes. Le but de la razzia de simchat torah, des mutilations, des désécrasions, des meurtres atroces et de la destruction sauvage du 7 octobre était, certes, de massacrer, mais, chemin allant, de déclencher la guerre de défense qui ferait autant que possible de morts civils, réels ou inventés, à Gaza, en enclenchant simultanément la mobilisation contre l’armée, le gouvernement, la population, l’existence même de l’État juif. L’intention de l’assaut barbare, des actes inqualifiables, d’une cruauté sans limites pleinement assumée, affichée et diffusée était de provoquer dans l’esprit public une haine sauvage, cruelle, atroce, génocidaire du Juif.

Mission accomplie.

Rien de spontané. Nulle part. C’est une stratégie planifiée de longue date par des maîtres-penseurs en haut-lieu  et pratiquée depuis un siècle, depuis des siècles, depuis que l’arbre existe. On donne l’illusion de drames, du déroulement d’une actualité propre à l’analyse médiatique, mais non, c’est planté là comme l’arbre. C’est une forêt d’arbres identiques qui prolifèrent, dans une poussée récente, depuis l’an 2000, mais bien avant, à intervalles réguliers. La répétition du même scénario, des mêmes réactions, des mêmes résultats.

 Et pourtant, le mot d’ordre demeure « cachez-moi cet arbre ».  Pour ne parler que du XXIe siècle, combien de fois avons-nous assisté au même jeu ? Les moudjahidin attaquent, se cassent le nez, subissent la riposte, crient au secours on tue nos enfants, mobilisent le monde entier contre Israël et les Juifs, obtiennent le cessez-le-feu, les dons et les investissements, la sympathie, les images qui gagnent les cœurs et la guerre. On se repose. C’est la houdna. Les jihadis se réarment. Et reprennent de plus belle l’obligation sacrée.

Et le discours arrange les fleurs coupées, ramasse les brindilles, allume le feu, s’installe, suit le programme comme s’il ne l’avait jamais vu.

Comment comprendre que le lexique résiste à la remise en cause, reste implacable, refuse les modifications impératives pour la défense de notre liberté ?

Militants, activistes, kamikazes, bombes humaines, attentats-suicides, terrorisme, radicalisation, séparatisme, narcotrafiquants, racaille, immigrés… palestiniens, civils innocents, réfugiés, apartheid, colonisation, manifestants propalestiniens, l’importation du conflit …

La liste est longue d’éléments réunis au sein du projet de conquête islamique, le jihad, ou bien entraînés dans son sillon et, mal nommés, traités en vrac par les médias, les commentateurs, les spécialistes, les responsables politiques. Quand on se renseigne auprès des sources fiables et bien informées, on saisit la cohérence entre toutes ces forces hostiles. On apprend à identifier un projet global. On comprend comment la haine du Juif sert aussi à affaiblir l’Occident.

Les sources sont là, devant vos yeux. Amples, fiables, disponibles, vérifiables. Il faudrait peut-être lire nos ouvrages. Nous, qui avons posé les bonnes questions en septembre 2000, les collègues qui nous ont enseigné la réalité du jihad, depuis la conquête et jusqu’à aujourd’hui. Nous, qui cherchons, dans un paysage animé par la distraction, la cohérence d’une pensée construite.  

Les détails tombent en place

Pris par petites bouchées, le fléau étiqueté antisémitisme / antisionisme résiste aux efforts, plus ou moins sincères, plus ou moins intelligents, de traitement. Une brindille de l’arbre de l’islam de conquête est découpée et nommée le « conflit israélo-palestinien ». On y accroche des aspirations palestiniennes « légitimes » : liberté, souveraineté, biens de consommation, un horizon politique. Quoi de mieux que la solution à deux États ?

Que valent nos arguments rationnels face à cette rengaine ? On a beau étudier la question sous toutes ses facettes, exposer des réalités historiques et géographiques, faire preuve de bonne foi et rester ouverts aux espoirs de paix et de vivre ensemble. Certains baissent les bras et avalisent la solution-à-2-États parce qu’il n’y en a pas d’autre.

En réalité, il n’y a pas de solution à deux États parce que l’État « palestinien » de cette équation est le fer de lance du jihad. Point final. La « lutte de libération » palestinienne est le projet d’extermination de l’État juif. Que tel ou tel pourcentage d’êtres humains vivant sur les terres disputées s’abstienne du projet génocidaire ne change rien. Ils sont inaudibles et impuissants. L’assaut jihadiste de l’infâme 7 octobre a démoli la dernière prétention à une solution à deux États. Plus c’est évident, plus on la claironne, cette « solution » imbécile. Un mot yiddish m’est venu à l’esprit : narishkeit.

On n’avance pas. On tourne en rond. Le lexique est figé. Israël est accusé du matin au soir de priver les Palestiniens de leur État. Sans qu’on ose répondre par une fin de non-recevoir—le jihad. Le jihad, chers compatriotes, qui nous relie face au projet funeste visant Israël jusqu’aux confins de l’Occident. Des coups de couteau, de fusil, de voiture bélier, ça ne vous dit rien ? Pourquoi là-bas et maintenant ici ? Ils sont qui, ces déséquilibrés qui tuent « aveuglement » ? Ces jeunes qui font la guerre aux policiers ?

Jean-Noël Barrot face à Margo Haddad (LCI) à la veille de la reconnaissance française de l’Etat palestinien fantôme :  C’est le petit chaperon rouge au chevet du grand méchant loup. Il raconte des balivernes sur La Solution. D’abord, par magie et sans les horreurs de guerre infligées par Israël à la conscience internationale, le Hamas sera mis hors d’état de nuire. On mettra en place une bonne gouvernance, des forces de sécurité genre casques bleus, de l’aide humanitaire à flots, de la reconstruction etc., pour arriver rapidement à deux États vivant côte à côte en paix.

Peut-il donner un exemple de terroristes qui ont accepté de se désarmer et s’en aller ? demande quand même la journaliste. Il répond qu’il y a des exemples. Elle le presse sans pression. Il répète vaguement avant de le trouver, son exemple : l’Irlande.

Si on les appelle moudjahidin au lieu de terroristes, si on parle de jihad au lieu de terrorisme, il n’y a pas de sortie par une pirouette.

Le mot juste—jihad– éclaircit également la folie du Moyen-Orient ripoliné par Trump et ses complices. Les MAGAsionistes n’ont pas de mots assez durs pour Macron et son Barrot — de minables antisémites. Trump c’est le meilleur ami d’Israël. Comme dit la casquette, il ne se trompe jamais.

Seulement, le plan de paix en 20 points comporte la même erreur fatale : la falsification de l’origine, de la nature et des acteurs de la campagne génocidaire contre l’État juif, maquillée en « conflit » et caricaturée par Trump lui-même en grosse bagarre de cour de récréation.

A quelques différences près : le président américain et ses  émissaires, ayant dansé autour du pot pendant un an, ont finalement profité de la frappe israélienne contre le Hamas à Doha, pour obtenir la libération des derniers otages vivants. Pour les morts, on attend toujours. La reconnaissance aveugle d’un Macron est honteuse, elle rajoute une louche au chaudron bouillant de haine du Juif, mais ne change rien sur le terrain. Le président américain, par contre, s’impose, dispose et compose un Moyen-Orient sur des bases erronées.

La libération des otages est une joie totale.  La gratitude est indivise.

Mais on peut, sans chipoter, reconnaître que les conditions de cette libération tardive sont désastreuses. La libération des centaines de tueurs palestiniens sauvages n’est que le plus évident des pièges maquillés en plan de paix, glorifié comme le deal de trente siècles. Quelle est la force des grandes puissances qui se font tourner en bourrique par le Hamas ? Que valent des chefs d’État qui se laissent balader (et financer) par le Qatar, ouvrent la porte à la Turquie, colportent la taqqiya au plus haut niveau ? Ils nourrissent d’une paix mensongère à Gaza leurs honnêtes citoyens, confrontés tous les jours au jihad domestique.

L’arbre c’est l’islam. Ce n’est pas les musulmans. Les musulmans sont des êtres humains dotés du libre arbitre. Dans les pays gouvernés par la sharia, tout comme dans les pays d’immigration, des musulmans se libèrent. Des esprits élevé par des efforts héroïques, qui nous offrent des enseignements précieux et des leçons de courage.

Dans une version française d’un entretien avec Giulio Meotti du Foglio, publiée dans Tribune juive, Waleed al Husseini explique  que le Hamas montre la dimension religieuse du 7 octobre  en l’appelant « Déluge d’al-Aqsa », activant ainsi la charge du sacré du djihad, un devoir individuel que le militant doit accomplir pour « libérer » Jérusalem.  

Palestinien réfugié en France, al Husseini voit dans l’islam radical « l’obstacle majeur pour les Palestiniens qui aspirent à vivre avec dignité ». Et il se prononce clairement contre la solution à deux États.

 « Je souhaite que Netanyahu annexe la Cisjordanie avec une administration civile — sans déplacement forcé des habitants — et que l’Autorité palestinienne et toutes ses institutions soient dissoutes ».

« La mère de toutes les déceptions ». Khaled Abu Toameh perce, avec des données claires et nettes, toute prétention à la formation d’un « gouvernement des technocrates palestiniens » :

Le 24 octobre, plusieurs factions palestiniennes, dont le Hamas, le Jihad islamique, le Front démocratique de libération de la Palestine et le Front populaire de libération de la Palestine ont annoncé la formation d’un « comité indépendant de technocrates » chargé de gérer « les services de base ainsi que les ‘affaires de la vie ‘ en collaboration avec les frères arabes et des institutions internationales ».

Avi Abelow (Israel Video Network) partage l’analyse de Michelle Bachmann, ancienne membre de la Chambre de représentants, « seule parmi les soi-disant amis d’Israël dans le camp présidentiel » à reconnaître que le plan pour Gaza parrainé par Jared Kushner et Steve Witkoff mène Israël à céder, comme d’habitude, à la pression internationale et à se retirer avant d’achever sa lutte contre la barbarie. Les promoteurs immobiliers, Kushner and Witkoff, ont beau savoir négocier des mètres carrés haut de gamme new yorkais, ici, nous sommes entrainés dans une guerre religieuse entre une culture qui aime la vie et l’autre qui sanctifie la mort.

Laissons le dernier mot à des savants musulmans. Plusieurs centaines d’entre eux, réunis à Istanbul le 27 juin 2025, ont rédigé une Charte sanctifiant les actions du Hamas et validant religieusement l’Opération Déluge d’Al Aqsa (l’assaut du 7 octobre). La Charte déclare que le conflit avec Israël est de nature religieuse entre musulmans et infidèles, la résistance du Hamas contre Israël est « le jihad au nom d’Allah » et la Palestine de Ras Naqoura à Umm Al-Rashrash [du nord au sud] est terre d’Islam ; en céder la moindre partie est traitrise, les Juifs n’y ont aucun droit, le jihad contre leur occupation est un devoir sacré.  

[Y. Yehoshua and N. Mozes (MEMRI July 10, 2025) : Hamas’s October 7 Attack on Israel: It Was Jihad Against the Infidels

Que valent les incantations sur un Moyen-Orient de paix et prospérité, une bande de Gaza libérée du Hamas et rénovée (par de faux diplomates / vrais promoteurs immobiliers). Comment dépasser le point 2 du plan de paix trumpien ? Qui va désarmer le Hamas ? Et comment ? Le roi de Jordanie a fait comprendre qu’il ne faut pas compter sur la force internationale pour cela. Qui d’autre ? Les Israéliens !

Cachez-moi cet arbre ! Mettez à la place une feuille de papier sur laquelle flottent 20 points. Derrière la feuille de papier, dépouillez Tsahal de tous ses avantages, chassez les braves soldats de leurs positions, imposez un cessez-le-feu à Israël, acceptez la houdna des moudjahidin, bombez le torse et chantez « tcheep tcheep j’ai fait la paix ».

Le Hamas sera désarmé et tout suivra en cascade. Au moins nous avons fait la paix.

Le Hamas sera désarmé sur le papier. Car, comme l’a déclaré Giorgia Meloni à l’AG de l’ONU : bien que légitime, la réaction contre une agression doit respecter le principe de proportionnalité.  Avec sa guerre à grande échelle qui touche la population civile palestinienne, Israël a franchi une ligne.

Le Hamas sera désarmé et chassé du pouvoir. Sur le papier. Et sans déranger « le monde », car, le puissant président des Etats-Unis l’a dit au premier ministre israélien : « Vous avez le monde entier contre vous. On a beau résister. C’est le monde qui gagne à la fin ».

A l’ombre de l’arbre qu’on voudrait cacher, poussent de mauvaises herbes : de petites ambitions, des courants populistes désespérés, des crimes et délits, des milliards empochés, des mesquineries, du racisme, de l’antisémitisme vintage … et … de la haine du Juif taille MAGA. Tucker Carlson & Cie. La béatification de Charlie Kirk, le Verus Israel

à suivre …

© Nidra Poller


ABOUT THE AUTHOR

Nidra Poller is an American-born writer who has lived in Paris since 1972. She is author of works of fiction in English and in French, and has published in many venues, including the Wall Street Journal Europe, Family Security Matters, New English Review, Times of Israel (French), Commentary, Midah, Tribune Juive. She is the author of literary-political books testifying to the Troubled Dawn of the 21st Century and novels: madonna madonna (français) and So Courage & Gypsy Motion.


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