Le Soudan, je connais depuis les années 1990, à l’ époque j’ ai voulu comprendre la dérive islamiste intégriste du Général Omar al-Bashir et de nombre de pays africains. J’ ai pu interviewer dans les geôles soudanaises le prédicateur Hassan El Tourabi, l’ homme qui avait porté le même Général au pouvoir, et j’ ai compris que la déferlante islamiste allait envahir l’ Afrique Subsaharienne.
Après plusieurs voyages, je me suis profondément attaché a ce pays, j’ ai rédigé en 1996 mon mémoire du CHEAM ( Centre des Hautes Études Pour L’ Afrique et le Moyen- Orient) intitulé « Stratégie d’Expansion et d ‘Hégémonie de l ‘Islam intégriste en Afrique subsaharienne » dans lequel le Soudan occupait une place à part, principalement en raison de la présence des mollahs de Téhéran et de sa volonté de diffuser dans toute la région et la sous région son proselitysme islamique !
Le Soudan cela fait 29 ans que je suis « plongé » dedans. J’y ai travaillé dans des ONG, avec ma Fondation qui a maintenant disparu, je m’ occupais de la réinsertion des enfants-soldats, entre combats, famines et extermination !
Il ne faut jamais oublier qu’à l’époque, le massacre et le génocide des populations noires animistes étaient déjà d’actualité, quand les rebelles de John Garang combattaient pour l’indépendance du Sud- Soudan, les milices et brigands Janjaweed dont le seul objectif était l’éradication des populations noires non musulmanes sévissaient déjà.
J’ai à un moment, à la demande de John Garang, combattu avec ses hommes les milices arabes obéissant à Khartoum, je connais la douleur et la souffrance de ces populations faces aux milices musulmanes.
Depuis deux ans, j’écris et je crie pour que soit reconnu le génocide Soudanais, car il s’agit bien d’ un des pires génocides de ce siècle, comme le Génocide congolais.
J’ai écrit le 18 mai 2024, dans le magazine Onésha Afrika, un article intitulé « Soudan, Cartographie d ‘un désastre humanitaire », soulignant l’épuration ethnique menée par les milices arabes, les FSR de Hemeti contre les Massalit, ethnie noire non- musulmane, plus de 19 000 personnes massacrés en 4 jours. Déjà, je tirais la sonnette d’ alarme pour Al- Fasher, annonçant le massacre si la ville tombait. Les milices arabes de Hemeti ayant annoncé la couleur ! Appelant à l’ éradication de l’ethnie Zaghawa, noire animiste, majoritaire dans la ville.
Malgré les appels au secours et les conditions inhumaines après 18 mois de siège, pas de manifestation, pas de flottille, aucune indignation des politiques, ni de pétitions de pseudos intellectuels, ni de mobilisation sur les réseaux sociaux en Europe ou aux États-Unis !
Tout simplement le vieil adage est bien là : » No jews, No news! « .
Dans les sociétés occidentales , la vie d’un enfant soudanais vaut moins que la vie d’ un enfant palestinien. Point barre !
Al- Fasher est tombé et le génocide déjà commencé dans d’autres provinces sous contrôle des milices musulmanes de Hemeti se poursuit, entre 3000 et 5000 morts déjà, les corps des femmes et des enfants s’empilent et ce n’est pas terminé, 460 personnes massacrés à la maternité de l’hôpital principal.
Dans cette situation extrême et dramatique du Soudan, où un peuple est génocidé par des milices armées musulmanes et où l’on compte réellement plus de 265 000 morts, 30 millions de personnes en urgence absolue, 14 millions de déplacés dont 5 millions d’ enfants, 7 provinces en famine complète et 700 000 personnes en famine absolue, on voit tout d’un coup apparaître les nouveaux « Charognards « .
Hommes ou femmes politiques, Thomas Portes ou la Rima Hassan, et les » experts » Facebook, pseudos analystes sur BFM qui pendant 2 ans n’ont parlé que de Gaza, c’était » trendy et surtout ils pouvaient laisser libre cours à leur antisémitisme, qui tout d’ un coup « découvrent » le Soudan ou le Congo tout en véhiculant de fausses informations. L’ hypocrisie à son comble !
Le Soudan est en train de mourir sous nos yeux, un génocide est en cours depuis deux ans, mais il est clair que comme pour les Congolais, il est dommage que les Soudanais ne soient pas des Palestiniens, le monde aurait volé à leur rescousse !
© Max Cahen