
Chaque jeudi, quand j’ouvre « Le Point », je savoure un vieux rituel : je commence par le bloc-note de FOG, je poursuis par celui de Sophia Aram, et je referme le magazine avec la sensation que, malgré tout, l’intelligence a encore ses gardiens.
Lui cisèle la langue comme un sabre, elle s’en sert comme d’une lampe. Deux tons, deux tempéraments : la morsure et la lumière.
Sophia Aram, c’est le sourire du courage et la caresse de la vérité.
Elle rit, mais pas pour fuir ; pour dévoiler. Son humour n’est pas un paravent, c’est un scalpel. Là où tant d’autres crient, elle murmure ; et son murmure fait plus de bruit qu’un meeting.
Elle démonte les fanatismes avec cette douceur qui désarme les brutes.
Féministe sans prêche, morale sans moralisme, elle n’a pas besoin de tribune pour exister : sa sincérité lui suffit. Elle n’appartient à aucun camp, seulement à sa conscience — et c’est cela, sa noblesse.
Depuis le début du drame de Gaza, elle parle clair, sans posture ni prudence. Ses mots sont justes, donc dangereux. Elle refuse la haine des uns, la lâcheté des autres, et elle encaisse les torrents d’insultes avec cette dignité tranquille des gens droits.
Chez elle, le rire est un acte de résistance.
Un rire qui pense, un rire qui soigne.
Elle prouve qu’on peut être drôle sans être vulgaire, ferme sans être dure, libre sans être hargneuse.
Sophia Aram est rare, non parce qu’elle veut l’être, mais parce qu’elle ne ment jamais.
Elle dit ce qu’elle voit, elle voit ce qu’elle dit, et c’est déjà beaucoup.
Dans un monde où les certitudes hurlent, elle rappelle que la vérité n’a pas besoin de décibels : il lui suffit d’une voix claire.
© Paul Germon