Tribune Juive

Le palestinisme, cheval de Troie pour l’Occident. Par Charles Rojzman

Il est des mots qui, à force d’être répétés dans la bouche des foules, finissent par n’avoir plus rien à voir avec la réalité, mais par désigner une fièvre, une passion, une espèce de délire collectif. Le mot « Palestine » en est venu là. Non pas qu’il ne recouvre pas une histoire tragique, un peuple malmené, des guerres, des exils : mais, dans l’imaginaire occidental, il s’est détaché de tout cela pour devenir une pure idole, une fiction mobilisatrice, une croyance. Et cette croyance agit comme un poison lent dans les veines de l’Europe.

Le palestinisme n’est pas une solidarité : il est une religion séculière. Son prophète n’a pas de visage, mais son culte se reconnaît à ses martyrs exhibés, à ses processions d’images ensanglantées, à ses mots d’ordre scandés comme des psaumes. Il est né de la fatigue morale de l’Occident, qui n’a plus la force d’aimer ses propres morts, ni de défendre sa civilisation, mais qui se donne l’illusion d’une rédemption en adoptant la cause de l’Autre, surtout si cet Autre se proclame victime d’Israël, ce nom honni qui concentre toutes les haines sédimentées depuis des siècles.

Le palestinisme, cheval de Troie : c’est-à-dire une ruse introduite au cœur même de l’Europe, qui croit accueillir un cri d’opprimé mais qui, en vérité, laisse entrer l’ennemi. Il suffit de voir les cortèges où se mêlent l’étudiant occidental, le vieil anticolonialiste ranci, l’islamiste à barbe soigneusement entretenue, et la militante de gauche qui croit répéter Sartre en insultant la police. Derrière les banderoles, derrière les slogans, une autre volonté s’avance : celle de soumettre l’Europe à une culpabilité sans fin, de la désarmer moralement, de la priver de ses défenses symboliques.

Le cheval de Troie porte en son ventre une armée invisible : celle de l’islamisme qui se nourrit de nos renoncements, celle du ressentiment qui s’érige en droit, celle de la haine d’Israël qui finit par devenir haine de l’Occident lui-même. Car c’est cela, au fond, la fonction du palestinisme : faire oublier à l’Européen qu’il est chez lui, qu’il a une mémoire, qu’il a une langue, qu’il a une culture à défendre. Le Palestinien est devenu l’écran sur lequel l’Occident projette son désir de disparaître.

On dit : « Gaza est notre conscience ». En réalité, Gaza est devenue le miroir où l’Europe contemple sa propre décadence, avec une complaisance morbide. Les enfants morts de Gaza sont l’argument qui dispense de penser, de lire, d’affronter l’histoire. Ils sont l’alibi qui permet à la gauche occidentale de continuer à vivre dans la certitude de sa pureté morale. Mais derrière ces images, ce sont les pierres d’Athènes, les cathédrales de France, les visages des morts de Verdun qui s’effacent.

Ainsi le palestinisme travaille à la destruction lente, insidieuse, du monde européen. Comme autrefois le cheval de Troie fut tiré à l’intérieur des murailles, par naïveté ou par lassitude, l’Europe tire dans ses rues, dans ses universités, dans ses églises désertées, la bannière palestinienne. Elle croit défendre les opprimés ; elle ne fait qu’ouvrir la porte à ses fossoyeurs.

Le jour viendra — il est déjà venu, par éclairs sanglants, sur les trottoirs de Paris, de Londres, de Bruxelles — où l’armée contenue dans ce cheval de bois se répandra. Alors il sera trop tard pour s’étonner. Car le palestinisme n’a jamais eu d’autre fonction que d’habiller de vertu une passion mortifère: la haine d’Israël, prélude à la haine de l’Europe.

© Charles Rojzman

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