Tribune Juive

L’inconfort de l’inconnu. Par Thierry Ferrari

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Dimanche, je tire mon premier match. C’est vrai un match amical. Une simple mise en situation, paraît-il. Mais dans ma tête, c’est déjà un défi.

Depuis janvier, je m’entraîne, seul, au calme.

Pas de coach.

Pas de repère.

Pas de rival à observer, pas de regard à croiser. Juste moi, ma cible, et cette obsession du geste juste.

Sauf que demain, tout change.

Nouvelle salle.

Nouveaux tireurs, des compétiteurs. Chrono. Bruits. Regards. Le cœur qui bat trop vite. Et cette pensée qui s’invite : “Est-ce que je suis prêt ?”

La vérité, c’est que personne n’est jamais prêt à l’inconnu. On le devient… en y allant.

Je pourrais dire que c’est inconfortable. Mais c’est justement pour ça que j’y vais.

Parce que l’inconfort, c’est le seul endroit où tu grandis. L’endroit où le mental se réveille. L’endroit où tu découvres de quoi tu es vraiment fait.

Le cerveau, lui, veut te protéger. Il déteste ce qu’il ne connaît pas. Mais sans inconnu, pas d’évolution. Sans déséquilibre, pas de mouvement.

C’est comme dans l’entreprise. Combien de managers débarquent dans une nouvelle structure, un nouveau poste, une nouvelle équipe… et se retrouvent tétanisés ?

Pas parce qu’ils sont incompétents, mais parce qu’ils découvrent un environnement où ils perdent leurs repères.

Le stress monte, la lucidité baisse. Ils cherchent le bon rythme, mais l’inconfort les paralyse.

Et pourtant, la clé est là, rester focus, rester serein, même quand tout bouge autour. C’est le socle de la progression.

Moi, demain, je n’affronte pas des adversaires. J’affronte un contexte. Des conditions nouvelles. Je vais tester ma capacité à rester centré quand l’environnement se dérègle.

Et c’est exactement ce que je demande à mes clients : ne pas confondre inconfort et danger. L’inconfort, c’est juste ton cerveau qui apprend quelque chose de nouveau.

C’est un passage. Un palier. Une preuve que tu avances.

Bien sûr demain, je vais trembler un peu. Mais je préfère trembler de vie que m’éteindre de routine. Parce qu’au fond, ce n’est pas la zone de confort qu’il faut agrandir. C’est la zone d’audace qu’il faut nourrir.

Ton cerveau veut te garder en vie. Moi, je veux que tu vives vraiment.

© Thierry Ferrari

Préparateur mental & déclencheur de mouvement, Thierry Ferrari est l’auteur de « Un mental à toute épreuve » (Gereso, 2025)

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