Tribune Juive

Réponse à des amis Turinois. Par Michel Jefroykin

Elda, Rossano,

Si vous vous étiez ouvert à moi en me disant votre profonde tristesse des bombardements de l’armée israélienne sur la population gazaouie, sa désespérance, sa souffrance, que votre cœur en ce moment était à ses côtés,  je vous aurais compris. Mais vous avez commis l’irréparable : de la désinformation doublée de conspiration. Quelle honte d’avoir pu sous entendre qu’Israël a fomenté le pogrom afin de réaliser son rêve, le génocide des Gazaouis. Un génocide prémédité, en somme.

Préméditer la mort de plus de 1200 personnes, voir plus si cela avait été possible, est une volonté génocidaire. Nous nous en sommes tenu au mot de Pogrom, mot russe qui signifie « dévaster, démolir violemment ».  Nous connaissons la valeur de chaque mot et ne faisons pas de courses victimaires. Ce jour-là, le Hamas n’a pas tué des Israéliens mais des Juifs, le peuple juif. L’antisémistime  qui a été multiplié par mille depuis dans le monde entier en est la triste meilleure preuve.

Dès ce 11 octobre le Hamas enrôle 7000 nouveaux membres pour éliminer les « traîtres » et leurs opposants, investissent des maisons le long de la ligne de cessez-le-feu en totale contrevenance des accords. Comment est-ce possible que deux millions d’habitants pour leur liberté, leur patrie, ne se révoltent pas contre ces 7000 ?  

Avant tout, je vous présente ce qu’est le Hamas. Wikipedia et sources officielles.

Le Hamas  est l’acronyme partiel de harakat al-muqâwama al-‘islâmiya , littéralement « Mouvement de résistance islamique ». Le terme Hamas en lui-même signifie littéralement « zèle », « enthousiasme »,  « ferveur », voire « exaltation ».(wikipedia)

La Charte de 1988 identifie le Hamas comme étant une branche des Frères musulmans en Palestine et déclare que ses membres sont des musulmans qui « craignent Allah et élèvent la bannière du djihad face aux oppresseurs »[]. Elle traduit les positionnements politique et idéologique du Hamas ; à savoir la création d’un État islamique sur les territoires de l’ancienne Palestine mandataire, la mise en place d’activités sociales visant à prêcher la foi, la lutte contre les « impérialismes sioniste et occidental », l’annihilation d’Israël, le refus de toute négociation et un antisémitisme affiché[].

En ce matin, le 13  octobre 2025, de la libération des 20  otages encore  en vie, je me permets une dernière fois de vous donner mon ressenti, mon analyse du combat,(et de celui de l’Occident) car il s’agit de deux visions différentes de la place de l’être humain dans la société, et non d’une guerre que le hamas ne pouvait pas gagner. 

Un chiffre, pour Israël la libération de 1950 terroristes : 250 condamnés à perpétuité et 1700 dont beaucoup ayant participé au pogrom du 7/10, sont libérés en échange de 20 israéliens civils, pas des soldats. Soit un ratio de 1 pour 98. Nous n’avons pas la même valeur de la vie humaine.

Le Hamas, je vous le rappelle, a attaqué des kibboutz qui sont des villages communautaires, pas des bases de l’armée israélienne.

Ce jour, un petit ami d’une otage non revenue de la fête musicale Nova, vient de se donner la mort. 

Cela devrait vous interpeller, s’il s’était agi de votre fille. 

Certains objectifs du Hamas ont été atteints, mais à quel prix pour sa propre population.

Yahya Sinwar, pour avoir passé de nombreuses années en prison en Israël, connaissait très bien la psyché israélienne. En commettant l’ignoble pogrom du 7 octobre, préparé avec l’Iran depuis x années, il savait qu’Israël ne se contenterait pas d’une réponse militaire réduite à 7-14 jours. A l’époque le Hamas détient 251 otages.

Tous les samedis depuis le 21 octobre 2023, des Israéliens  descendent dans la rue pour protester, entre 100 et 500 mille dans tout le pays, contre la poursuite de la guerre et la libération des otages. Dans bien des pays européens, en temps de guerre, aurait été institué le couvre-feu. Israël est une démocratie. 

Le mot « otage », pour nous, a une dimension métaphysique. Retenir un civil est la plus grande lâcheté, l’innommable du combat humain. Un otage nous renvoie au pogrom de Kishinev, à l’exécution  de ceux de l’Affiche Rouge en France , à celui d’Oradour-sur-Glanes. En Italie Marzabotto et des Fosses Ardéatines.

À aucun moment vous n’avez prononcé ce mot. Comme si ces derniers, pour vous, n’étaient au mieux qu’un dommage collatéral. Tant le Premier Ministre anglais Kramer, le Président Macron et la Meloni(*) ont salué  l’accord du cessez-le-feu en commençant par se féliciter de la libération des otages. 

Que l’on aime ou pas Netanyahou, il a dit durant toute cette guerre une chose vraie, car l’ensemble du peuple israélien l’y poussait : « Si demain matin les otages sont libérés, la guerre s’arrête ». 

Le Hamas a choisi de rester en guerre pendant 22 mois de trop.

C’est bien là le combat entre deux visions de ce qu’est ‘ »vivre, la vie en soi « .  

Durant ces deux ans, Israël et le peuple juif ont pu traverser ce moment contraire à leur volonté morale grâce à une résilience exemplaire. Cette même résilience que n’a pas eu le Hamas vis à vis de sa population, sinon il aurait libéré les otages.  

Si 1150 soldats israéliens sont morts à Gaza, ce n’est pas pour tuer des Gazaouis, mais pour libérer les otages. 

« Génocide », le grand mot est lâché ! Le Génocide des Gazaouis a commencé le jour où le Hamas a gagné les élections en juin 2007. Sous le même modèle que celui de l’Union Soviétique, les dirigeants ont mis une chape de plomb politique, éducative, sociale sur leur propre peuple. L’UNRWA et le Qatar  par le versement à flots de millions de dollars le leur permettaient, mais surtout ce que l’Occident ne voulait pas voir et donc vous deux, est que fort de ces dollars, le Hamas a construit une ville d’armement souterraine, de base de lancement de missiles, de 800 kms de tunnels, soit le parcours routier entre Paris et Barcelone. Au-dessus de cette ville, deux millions cent mille habitants pris entre le marteau (hamas) et l’enclume (ville souterraine) et le blocus israélien qui politiquement satisfait le Hamas, il lui sert d’arguments politiques. Leurs chefs sont millionnaires et vivent dans des palaces à Doha, à Istanbul etc.

Blocus pour nous défendre d’infiltrations. Nous défendre des centaines de missiles reçus chaque mois. Quel pays aurait eu la retenue d’Israël depuis 18 ans sous cette pluie de missiles ? La population israélienne n’ayant que cinq, dix, quinze secondes pour aller se réfugier dans les abris dès le moment de l’alerte. Certains sont morts de n’avoir pu y accéder à temps.

Quand un pays démocratique avec ses valeurs juives ( qui sont aussi un peu les vôtres) a en face de lui, la charte que vous avez sous les yeux et 800 kms de tunnels, que doit-il faire ?  

Que ferait la Meloni si San Marino, Andorre étaient Gaza  ?

Comment peut-on parler de « génocide » quand l’armée prévient la population par des flyers et des sms qu’elle doit quitter tel ou tel endroit, que tous les jours des camions de nourriture entrent et dont une grande partie est détournée par le Hamas afin d’en revendre les denrées au marché noir. Même l’Organisation Mondiale de la Santé, organisation de l’ONU, l’atteste. Que des camps entiers de tentes sont érigés.

Hier 200 000 Gazaouis sont retournés chez eux du nord au sud. Génocide ?

Tsahal n’est peut-être pas l’armée la plus morale du monde, (laquelle alors ?) mais la seule à avoir pris ces dispositions. Que ce fût lors des opérations conjointes de l’Otan au Koweït, en Irak où les Américains et les alliés ont détruit la ville de Mossoul ( les bombes larguées des avions ne faisaient pas de distinction entre les civils et les terroristes de Daesh, pas une manifestation de rue en Europe), en Yougoslavie entre autres, que dire ? 

Je vous le répète, certains crimes de guerre, peut-être . Dans quelle guerre, n’y en a-t-il pas?  De son propre parti à tous les autres, on réclame sa démission afin qu’il puisse être jugé. Il refuse une enquête d’État sur sa responsabilité vis-à-vis des événements du 7 octobre. Israël est une démocratie.

À ce jour l’institut médico-légal Palestinien n’annonce pas qu’il y a moins de Gazaouis le 7 octobre 2025 qu’en 2023. Toujours 2,1 millions. Génocide avez-vous dit ?

Je ne me fais aucune illusion. Vous deux et le reste du monde, vous  ne nous laisserez pas panser nos plaies. Elles sont nombreuses. Dès demain matin vous trouverez de nouvelles raisons de nous détester. Les réseaux sociaux qui sont devenus votre seule source d’information vont s’en donner à coeur joie. Voici trois ans que je me suis retiré de toutes ces applications. Je me suis abonné au journal Libanais, « L’Orient le Jour », bien plus modéré que bien de journaux européens dit mesurés. 

Ce 7 octobre 2023, des civils gazaouis sont allés massacrer ceux qui, la veille, leur tendaient la main du salam-shalom.

Aude et moi garderons toujours, dans notre cœur brisé, ce moment exceptionnel que nous avons passé ensemble un certain jour de l’an. 

Shalom

Michel Jefroykin, un israélien de gauche. 

Kibboutz Hanita 

Le 13 octobre, 9h.


Notes

(*) Giorgia Meloni. Première ministre italienne


Cette lettre leur a été adressée en italien.


Quitter la version mobile