Tribune Juive

Ode à Roy Shalev. Par Erick Lebahr

Écrit le 11 octobre, au lendemain du suicide de Roy

Une ode à Roy Shalev. 

Ce matin, des sentiments mêlés m’etreignent. 

La joie devant l’imminente perspective de libération des ultimes otages vivants, après deux ans d’une infernale captivité dans les tunnels du hamas. 

Une joie teintée d’une tristesse infinie. 

Une liesse, donc, à laquelle ne se joindra pas le vénérable Roy Shalev, 30ans, qui avait été blessé au Festival Nova. 

Sa fiancée, Mefal Adam, assassinée sous ses yeux, lors de cette furie barbare du 7 octobre 2023…

Une orgie pogromiste indicible que certains affectent encore d’occulter, ou de minorer… voire de contextualiser en l’inscrivant dans une suite causale dépourvue de sens. 

Il s’est suicidé hier. La douleur était trop forte, impossible à contenir. 

Il a laissé une lettre, pour ses parents, pour ses proches, pour ses amis. Pour leur demander pardon! 

Pardon de n’avoir pas réussi à réprimer ce feu qui l’embrasait de l’intérieur. 

Il avait pourtant miraculeusement survécu…  Vivant, certes, mais brisé par cette mer gelée en lui, que plus aucun soleil ne pouvait réchauffer. 

Son histoire nous raconte à quel point il faudra du temps pour transcender les traumatismes nés du 7 octobre. 

Et recouvrer toute l’energie et toute la vigueur des forces vives qui animent ce pays.  

Et, espérons-le, surmonter les fractures, divisions internes qui traversent la société israélienne. 

Je voudrais qu’un hommage particulier soit rendu à  Roy, demain, lorsque les visages s’éclaireront d’une lueur nouvelle, à l’apparition emplie d’émotion des premiers otages. 

J’aurais tant aimé être l’ami de ce garçon au regard lumineux, aux temps heureux. 

Je l’aime profondément, sans l’avoir jamais connu. 

Saura-t-on jamais pourquoi le destin s’acharne sur de si nobles âmes? 

Nous, misérables humains, ne pouvons comprendre, entrer dans la psychologie de Dieu. 

Mais nous pouvons, en revanche, nous souvenir de toi comme de quelqu’un de bien. 

C’était ton souhait, tes ultimes mots inscrits dans ta poignante lettre. 

Cher Roy, à présent que tes tourments sont effacés, repose en paix au Gan Eden, aux côtés de ton amoureuse!

© Erick Lebahr

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