« Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire. » — Albert Einstein
Pourquoi tant de haine… contre les Juifs ?
Contre ce peuple minuscule, sans armée pendant deux mille ans, dispersé aux quatre vents, mais porteur d’une lumière qui a façonné la conscience du monde.
Un peuple qui a offert à l’humanité l’idée la plus bouleversante de toutes : celle qu’un seul Dieu unit tous les hommes dans une même fraternité morale.
Et pourtant, depuis que cette idée a germé, elle n’a cessé de provoquer la fureur de ceux qui refusent le miroir qu’elle leur tend.
Le témoin insupportable
Les Juifs ne dominent pas le monde : ils lui rappellent sa conscience. Et c’est sans doute cela, le crime impardonnable.
Ils ne sont pas haïs pour ce qu’ils font, mais pour ce qu’ils représentent : la permanence du devoir moral, l’irréductible appel à la responsabilité.
« Il est arrivé, écrit Primo Levi, que des hommes aient été haïs non pour ce qu’ils faisaient, mais pour ce qu’ils étaient ; c’est le signe même de la barbarie. »
Le Juif dérange parce qu’il incarne la mémoire dans un monde d’amnésie, la fidélité dans un monde de renoncements.
Depuis Babylone et Rome, depuis Tolède, Kiev, Paris ou Varsovie, la même scène se répète : on accuse, on exile, on brûle, on confisque, on efface.
Les ghettos se ferment, les croix s’élèvent, les autodafés flambent.
Puis viennent les temps modernes : l’émancipation, la promesse d’égalité, bientôt suivies du poison de la jalousie sociale, du complotisme économique, de la haine savante des idéologues.
Et enfin, l’abîme d’Auschwitz — cette usine de mort où la raison européenne s’est retournée contre elle-même.
L’ombre de la conscience
« Le mal, disait Hannah Arendt, n’est pas le fruit des monstres, mais de la banalité. » L’antisémitisme ne naît pas seulement dans la violence ; il prospère dans les silences, les regards détournés, les accommodements confortables.
Il s’insinue dans les salons, les universités, les réseaux sociaux, avec des mots polis et des indignations sélectives.
On ne dit plus “Juif”, on dit “sioniste”.
On ne brûle plus les synagogues, on les vandalise à la nuit tombée.
On ne nie plus la Shoah, on la relativise, on la “replace dans le contexte”. La haine change de costume, mais pas d’âme.
Et pourtant, malgré tout, ce peuple se relève toujours.
« Là où ils veulent nous enterrer, disait Elie Wiesel, ils oublient que nous sommes des semences. »
De chaque ruine, il a fait un commencement. De chaque exil, un texte.
De chaque tragédie, une promesse.
C’est peut-être ce qui rend la haine si acharnée : la capacité du Juif à ne pas se laisser réduire à sa souffrance.
À répondre à la mort par la vie, au mépris par la connaissance, au désespoir par l’espérance.
L’énigme du survivant
Comment comprendre que, deux générations après la Shoah, la haine recommence à s’afficher ?
Que dans les rues de Paris, de Londres, de New York ou de Berlin, des foules acclament à nouveau la disparition d’Israël ?
Que dans les universités occidentales, on puisse célébrer ceux qui massacrent des enfants au nom d’une cause ?
Comment comprendre qu’après avoir juré « plus jamais », tant d’hommes se taisent ? Einstein, qui savait ce que valait la civilisation européenne, écrivait déjà :
« Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire. »
La haine des Juifs n’est pas seulement une faute morale ; c’est une faillite spirituelle. Elle révèle la peur la plus primitive : celle de la conscience.
Le Juif est le témoin du sens, celui qui rappelle qu’il existe une Loi au-dessus de la force. Et ce rappel, dans un monde qui se veut sans limites, est insupportable.
La blessure et la promesse
Et pourtant, malgré les pogroms et les camps, malgré l’errance et la solitude, les Juifs n’ont cessé de croire à l’homme.
Ils ont continué à inventer, à enseigner, à soigner, à créer, à aimer.
De Spinoza à Freud, de Kafka à Chagall, de Jonas Salk à Serge Haroche, ils ont irrigué toutes les sphères de la pensée et du génie humain.
Non pas pour se venger, mais pour réparer le monde : Tikkoun haOlam. Réparer, c’est refuser la fatalité. C’est croire que le bien reste possible.
Martin Luther King, ami sincère du peuple juif, l’avait compris :
« Quand les gens arrêtent de haïr les Juifs, ils arrêtent de haïr. »
Car cette haine, la plus ancienne, est aussi la matrice de toutes les autres. Elle est la première fracture du cœur humain.
Et guérir de celle-là, c’est peut-être guérir de toutes.
Un appel à l’âme humaine
Alors, pourquoi tant de haine ?
Peut-être parce que ce peuple, à travers son entêtement à exister, met chacun de nous devant sa propre vérité : celle de la dignité humaine.
Il nous rappelle que la lumière ne s’éteint jamais tout à fait, même quand le monde la refuse.
Ce texte n’est pas un cri contre, mais un cri pour.
Pour la conscience. Pour la mémoire. Pour la fraternité véritable — celle qui ne se proclame pas, mais qui se prouve.
Car la haine des Juifs n’est pas le problème des Juifs : elle est la maladie du monde. Et celui qui ne s’en guérit pas finit toujours par s’y perdre.
Alors que nos larmes deviennent des sources de lumière, Que nos mémoires deviennent des serments,
Et que de cette blessure millénaire naisse, enfin, l’humanité que nous devons être.
