Tribune Juive

LUI Ier le Hutin. Par Paul Germon

Il voulait régner par l’intelligence, il n’aura régné que par l’arrogance. Lui , c’est Louis le Hutin sans sceptre mais avec prompteur : un roi querelleur, persuadé que son verbe vaut politique, que sa posture vaut grandeur, et que sa solitude vaut légitimité.

Comme Louis X, il a hérité d’un royaume inquiet, divisé, épuisé par la démagogie de son prédécesseur. Et, comme lui, il a cru pouvoir le redresser en le méprisant. Car le Hutin moderne ne gouverne pas un peuple — il l’exaspère. Il ne dialogue pas — il explique. Il ne s’interroge pas — il dénonce ceux qui doutent.

Chez lui , tout est théâtral : le costume ajusté comme une cuirasse, les mots ciselés comme des armes, les silences dramatiques d’un acteur qui croit encore qu’il joue Racine alors qu’il n’est plus que dans la saison 7 de sa propre série. Il croit séduire, il fatigue. Il croit convaincre, il braque. Il croit équilibrer, il déraille.

Le Hutin du XXIᵉ siècle n’a plus de trône mais un plateau télé. Il convoque des sommets de la paix sans Israël ni les États-Unis, comme on organise un dîner sans le plat principal. Il sermonne le monde depuis Paris, oubliant que la France ne pèse plus qu’un discours sur deux pieds et une illusion sur deux jambes.

Louis le Hutin avait ouvert la voie à une guerre de Cent Ans. Lui, il ouvre celle d’une méfiance centenaire envers la parole publique. Le premier avait la cour, le second n’a plus que les communicants. L’un mourut jeune et seul, l’autre vieillira dans les selfies de sa propre importance.

La monarchie capétienne s’effondra sous le poids de sa prétention.
La République d’aujourd’hui s’y emploie avec application.

© Paul Germon

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