
Alors que les dirigeants arabes et internationaux se réunissent ce lundi à Charm el-Cheikh pour discuter de l’avenir de Gaza et de la paix régionale, un fait s’impose : le président Mahmoud Abbas n’a été invité qu’à la dernière minute. Sa participation n’a été obtenue qu’après les pressions de quelques alliés régionaux qui feignent encore de croire qu’il représente le peuple palestinien. Cette hésitation dit tout : le monde ne considère plus Abbas comme un acteur pertinent de la cause palestinienne. Sa présence au sommet n’est pas une question de leadership, mais de symbole. Elle renvoie au passé, non à l’avenir.
Si le monde veut réellement un Gaza sans le Hamas, il doit d’abord avoir une Cisjordanie sans Abbas. Remplacer le régime palestinien actuel est indispensable pour ouvrir la voie à la reconstruction et au renouveau. Un véritable progrès nécessitera également un changement au sein de la coalition israélienne actuelle — mais sans un nouveau leadership palestinien, aucun processus de paix crédible ne pourra commencer.
Depuis deux décennies, le règne d’Abbas est marqué par la tyrannie, la corruption et la paralysie. Sa mainmise prolongée sur le pouvoir a détruit les institutions palestiniennes, étouffé la vie politique et bloqué toute chance de renouveau démocratique. Le progrès, tant dans la vie des Palestiniens que dans les relations avec Israël, ne viendra jamais de la peur, de la censure ou de la dictature. Nous avons besoin d’urgence d’une direction palestinienne modérée, transparente et responsable, fondée sur les normes démocratiques et l’unité nationale.
La transparence doit remplacer la dissimulation et l’évasion qui caractérisent le régime d’Abbas. Un nouveau système démocratique doit libérer les libertés palestiniennes, non les réprimer. Au lieu de la politique actuelle d’exclusion, d’arrestation, de torture et d’intimidation, les Palestiniens doivent connaître l’espoir, la justice et l’inclusion. Le système politique doit reposer sur des institutions et non sur des individus ; sur la justice et non sur la peur ; sur la responsabilité et non sur la loyauté.
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Un nouveau contexte pour la paix
Ces derniers mois, le président Donald Trump est réapparu avec une nouvelle initiative de paix qui cherche à s’appuyer sur ses efforts antérieurs pour normaliser les relations entre Israël et plusieurs États arabes. Le message venu de Washington, Riyad et Abou Dabi est clair : un nouveau cadre de paix régionale est possible — mais seulement si les Palestiniens sont représentés par une direction légitime et soutenue par le peuple.
Les envoyés de Trump ont été explicites : tout plan de reconstruction de Gaza et de création d’un État palestinien doit inclure un partenaire palestinien crédible, et non un président discrédité accroché au pouvoir. La vision américaine se dessine autour de garanties régionales pour la sécurité d’Israël, accompagnées d’investissements internationaux dans la gouvernance palestinienne et la relance économique. Mais aucun plan, qu’il soit américain ou arabe, ne peut réussir sans élections palestiniennes produisant un gouvernement choisi par le peuple.
Les Palestiniens attendent depuis près de vingt ans de pouvoir voter. Les élections ne sont pas un luxe : elles sont la condition préalable à la légitimité. La communauté internationale doit faire de cette exigence un élément central de tout cadre de paix. Sans nouveau leadership, la reconstruction restera paralysée, les réformes impossibles et la paix insoutenable.
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La voie à suivre
La prochaine direction palestinienne doit émerger des urnes — une direction capable de rétablir la confiance avec les Israéliens par le dialogue, la réforme éducative et la coopération sécuritaire. Elle devra superviser une période de transition incluant une force de stabilisation dirigée par les Arabes à Gaza, chargée d’assurer la sécurité, d’empêcher la résurgence des extrémistes et de permettre la poursuite des efforts humanitaires et de reconstruction.
Pour que cela réussisse, le monde arabe, la communauté internationale et Israël doivent permettre aux Palestiniens d’organiser des élections nationales libres et équitables dans les prochains mois, et s’engager à en respecter le résultat. Les Palestiniens méritent des dirigeants qui leur rendent des comptes — non à des élites vieillissantes ou à des parrains étrangers.
Le moment est venu. L’Arabie saoudite, l’Égypte, la Jordanie et les Émirats arabes unis manifestent leur volonté de construire une nouvelle architecture régionale conciliant la sécurité d’Israël et l’État palestinien. Le plan Trump peut jouer un rôle constructif — mais seulement s’il repose sur la légitimité et le renouveau palestiniens, et non sur une structure politique brisée.
Il est temps pour les Palestiniens d’avoir une direction qui les représente vraiment — jeune, responsable et démocratique — et pour les Israéliens de gagner la paix, la sécurité et une pleine intégration au Moyen-Orient. La fin de l’ère Abbas n’est pas seulement attendue : elle est essentielle à la survie du mouvement national palestinien et à la possibilité même de la paix.
© Samer Sinijlawi
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