Tribune Juive

La valse des drones. Par Francis Moritz

« Il était une fois des drones inconnus… »

À la suite du survol de « drones non identifiés » au Danemark et dans plusieurs autres pays européens, on va pouvoir ajouter un nouveau conte à ceux du grand conteur danois Hans Christian Andersen : il était une fois des drones inconnus…

Les 27 Européens se sont réunis à Copenhague pour prendre des décisions. Finalement, on a réussi à décider de ne rien décider, à l’unanimité ou presque. Essentiellement, les avoirs financiers russes gelés en Belgique qui auraient êtes transformés en prêt bancaire et dont le montant aurait servi à financer un nouveau prêt à Kiev de 140 millions d’euros. La Belgique n’a pas voulu prendre cette responsabilité. Exit le gel des avoir Russes.

Le leurre du mur anti-drone SIPRI

Un autre sujet débattu depuis un certain temps, annoncé comme « grande priorité », la construction( ?) d’un mur anti-drones. Évalue d’abord à une quinzaine de millions d’euros, la proposition a été rejeté par la commission. Exit le mur.

Repris à cette réunion, le ministre allemand de La Défense,  Boris Pistorius a déclaré : qu’un mur de drones ne pourrait pas être réalisé dans les trois ou quatre prochaines années…. Donc que la planification ne devrait pas se concentrer sur un mur anti-drones, mais sur la « défense anti-drones en général, en ajoutant « qu’il était nécessaire de garantir que les processus de développement et d’approvisionnement soient suffisamment flexibles, pour permettre des ajustements à tout moment compte tenu de l’évolution rapide des technologies ».

Tout est dit, surtout quand on sait que l’Allemagne a décidé de devenir la première armée conventionnelle en Europe.

Ce qui débouche sur un autre sujet encore plus important que le mur, La Défense européenne. La question de qui est capable de produire des drones avec la technologie adéquate, quand, avec quelles capacités est clairement posée. L’Allemagne et le Royaume uni apparaissent déjà comme deux concurrents en la matière. L’Angleterre fait savoir qu’elle a déjà conclu un accord de production avec Kiev, désormais reconnu comme disposant d’un savoir-faire de pointe, résultant de son expérience sur le champ de bataille ( l’Ukraine et Israël n’ont pas besoin de participer à des expositions pour démontrer leurs compétences, l’action en grandeur réelle suffit) sauf qu’on n’a pas encore défini un cahier des charges européen, sauf qu’il y a plusieurs start up allemande sur les rangs, sauf qu’il a aussi des sociétés anglaises déjà sur le sujet, sauf qu’il n’y a rien de prêt à date, sauf qu’il faudrait s’adresser à des experts en la matière : États-Unis dont one veut pas être dépendant, Israël qui a démontré une large expérience depuis plus de deux ans sur les problèmes d’interception de divers engins depuis les drones aux missiles de croisière.

La Défense européenne et le conte que la Commission et les Européens veulent nous raconter

On nous déclare très sérieusement, qu’on ne saurait pas identifier l’origine de ces drones qui nous survolent, au Danemark, en Pologne, en Belgique, en France, pays baltes. Il y a de quoi s’inquiéter pour nous autres simples citoyens. Sommes-nous défendus, comment ?

On relèvera qu’il s’agit d’une déclaration unanime des 27, ce qui est extrêmement rare mais loin de la réalité et doit être souligné.

La réalité dans l’affliction

À propos de l’identification des drones :

Il est techniquement possible d’identifier l’origine des drones. Les systèmes de surveillance existants peuvent repérer tracer et caractériser ces drones ( taille, trajectoire, altitude, origine, etc…)

MAIS, de taille ÉNORME.

Les drones militaires ( dont il est bien entendu question) sont silencieux, ils n’émettent pas de signal. ( pas de transponder, vols furtifs) on les repère ( c’est le cas) on S’INTERDIT de prouver officiellement leur origine, ce qui dévoilerait les .moyens d’identification et leur technologie ? Laquelle est éventuellement existante ou pire, elle n’est pas en place ou pas opérationnelle.

L’angle politique

Une fois détectés « les drones inconnus » les autorités connaissent leur origine, mais s’abstiennent de le déclarer pour éviter l’incident, l’escalade, l’embrasement.

Donc si on s’en tient aux réalités, les Européens savent parfaitement d’où proviennent ces drones, mais font semblant de l’ignorer, car ils ne seraient pas encore prêts, ainsi que l’Otan – dont la plupart sont membres – à en assumer les conséquences. C’est-à-dire formellement accuser le pays émettre de violer nos espaces aériens, abattre ces drones sans accuser qui que ce soit. Il est d’ailleurs étonnant qu’on en soit resté à se poser la question à 27, sans définir une réponse précise. Faiblesse, discordance diplomatique, impréparation, crainte de l’escalade ?

Ce qui signifie également pour le pays à l’origine de ses survols que les 27 ne sont pas prêts à réagir.

Il faut donc mettre cette passivité sur le compte d’une absence de position claire de nos gouvernants, entre le discours et la réalité du terrain. Seul un ministre allemand Florian Hahn ministre d’état des affaires étrangère a été clair : « Il faut abattre ces drones ou les avions ».

Pour résumer, une « puissance étrangère » hostile survole nos pays et nous ne faisons rien.

Pendant ce temps l’Ukraine a délégué une équipe de spécialistes au Danemark « pour aider » ce pays à mettre en place une stratégie de défense et partager leur connaissance. La Pologne a également prévu la mise en place d’une forme d’entraînement à la lutte anti-drones conjointement avec l’Ukraine de plus en plus reconnue comme leader mondial dans le développement de ,à technologie des drones. Le « Times » a déjà rapporté que des instructeurs ukrainiens se sont rendus au Royaume Uni pour former les militaires britanniques.

Il semble qu’on assiste à la mise en place d’une collaboration technologique et industrielle entre européens et l’Ukraine en vue de la production de drones répondant à la situation sur le terrain.

Pendant ce temps les Européens mettent en place et développent une politique de surveillance et de protection, sur le flanc est, des pays baltes, en Baltique( opérations Baltic sentry) , en mer noire où la Russie cherche à élargir son emprise. Si elle réussissait, elle contrôlerait les portes qui exportent 30% de la production mondial de blé au détriment des pays exportateurs via ces ports. Mais Kiev grâce à sa technologie en matière de drones a pu renverser la donne et contenir voire même repousser la Russie dans ce secteur vital et stratégique. Ce qui encourage le président ukrainien à proposer la collaboration technologique et industrielle à la création de La Défense européenne.

Nous n’en sommes pas à de nouveaux rebondissements quant à la Défense européenne qui telle le monstre du Loch Ness émerge, parfois, mais replonge aussi vite.

Ainsi va le monde,

© Francis Moritz


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