
Un appel à l’action de la communauté internationale face à une crise des droits humains sans précédent
Depuis juillet, la République islamique d’Iran a exécuté au moins 450 personnes. Sur une période de 14 mois, ce chiffre grimpe à 1 850 exécutions, dont 59 femmes. Amnesty International alerte sur une accélération dramatique du recours à la peine de mort : en 2023, l’Iran était responsable de 74 % de toutes les exécutions enregistrées dans le monde. Ce chiffre ne cesse d’augmenter, en lien direct avec la fragilité croissante du régime.
Une stratégie de survie du régime
Les exécutions en Iran ne relèvent plus de la justice pénale. Selon de nombreux observateurs, elles sont devenues un outil politique de survie pour un régime affaibli par des crises internes et des revers régionaux. Une étude récente portant sur 1 000 exécutions en 2024 montre une corrélation directe entre les pics d’exécutions et les moments de tension pour le pouvoir :
- 11 % au premier trimestre 2024
- 17 % au deuxième
- 25 % au troisième
- Et 47 % rien qu’au dernier trimestre, marqué par la chute du régime syrien allié et la perte d’influence du Hezbollah au Liban.
Répression renforcée après la guerre de Gaza
Cette année, 1 250 personnes dont 200 en seul septembre ont été exécutées en Iran depuis début janvier. Après la guerre de 12 jours avec Israël, les failles sécuritaires du régime ont été mises à nu. Et selon Amnesty International, 20 000 arrestations ont eu lieu, souvent suivies d’accusations infondées d’ « espionnage pour Israël ». Ces procédures serviront, selon des analystes, à mobiliser les forces loyales du régime en perte de moral.
Le spectre du génocide de 1988
La mémoire des massacres de 1988, où environ 30 000 prisonniers politiques avaient été exécutés, ressurgit. Javaid Rehman, rapporteur spécial de l’ONU, qualifie ces événements de génocide. Et certains craignent un retour à ces pratiques.
Derniers exemples en date : Behrouz Ehsani et Mehdi Hassani, deux militants politiques, ont été exécutés en juillet simplement pour leur appartenance à l’organisation des Modjahedines du peule (l’OMPI), l’ennemi jurée du régime iranien. Mohammad-Javad Vafa’i Thani, entraîneur de boxe âgé de 30 ans, a été condamné à mort trois fois depuis son arrestation en 2020. Son seul tort : avoir soutenu l’OMPI.
Selon les lois religieuses imposées par le régime, l’adhésion à des groupes comme l’OMPI (Moudjahidine du Peuple) est assimilée à une rébellion armée – un crime passible de mort.
Une mobilisation citoyenne : « Les mardis contre la peine de mort »
Face à cette escalade, la campagne « Les Mardis contre la peine de mort » mobilise chaque semaine les détenus de 52 prisons iraniennes, leurs familles ainsi que des militants. Leur message est clair :
« La machine d’exécution peut être stoppée par l’unité et la solidarité. »
Un appel à l’action internationale
Les condamnations symboliques ne suffisent plus. Tant que la communauté internationale restera passive, la répression se poursuivra. Il est temps d’utiliser la compétence universelle pour engager des poursuites contre les responsables de ces crimes contre l’humanité.
© Hamid Enayat