Tribune Juive

Pour survivre Israël doit devenir un État voyou 

Par Frédéric Sroussi

Les accusations insensées de « génocide » portées à l’encontre d’Israël ne sont pas récentes. Elles existent au moins depuis l’après Guerre des six jours (1967), lorsqu’après avoir humilié les armées arabes coalisées contre lui (et les Soviétiques qui les soutenaient), Les pays arabes et l’URSS décidèrent de lancer une guerre médiatique, diplomatique et politique contre l’État juif afin de se venger et tenter de reprendre le dessus. 

Ironiquement, plus la population arabe de Gaza et de la Judée-Samarie augmentait (après 1967), plus Israël était diffamé en accolant au peuple qui vécut le pire crime de l’histoire, le terme ô combien infamant et parfaitement injustifié de « génocidaire ». Cela se reproduisit lors de la Guerre du Liban en 1982, puis se poursuivit au cours de l’histoire avec des poussées de violences antisémites plus ou moins aigues jusqu’à cette acmé post-7 octobre.  

 « Rien de nouveau sous le soleil » écrivait le Roi Salomon. À un point près car depuis la tragédie du 7 octobre, le monde entier s’est mis à accuser Israël des pires crimes. L’Amérique, loin d’être épargnée, fut – grâce au travail de sape des Frères musulmans et de la gauche américaine – le détonateur de ces poussées de fièvre antisémite.

De plus, ajoutons que les diffamations à l’encontre de l’État juif devenu « le Juif des nations » (Léon Poliakov) ont été émises – et cela est nouveau – par des chefs d’État ou de gouvernements des pays occidentaux, à l’instar d’un Macron, d’un Pedro Sánchez ou d’une Georgia Meloni (cette dernière accusant Israël – à la tribune de l’ONU – de commettre des « massacres » à Gaza).

Des embargos sur les armes à destination d’Israël – y compris d’armes défensives – furent explicitement ou tacitement mis en place (même par les Américains du temps de Biden), mais pas uniquement. Les agriculteurs israéliens se retrouvent avec des milliers de tonnes de fruits et de légumes pourrissant sur pied faute d’acheteurs à l’étranger, des contrats sont annulés, des artistes juifs boycottés. Israël – en tant que peuple et pays – est pourchassé, calomnié, boycotté et donc mis gravement en danger. 

Cette montée des menaces – sans précédent à cette échelle – fit dire au Premier ministre B. Netanyahou (ce que je prône modestement depuis des années) qu’il fallait qu’Israël envisage de vivre en « autarcie » pour ne plus dépendre d’un monde très majoritairement hostile. Il faut donc changer fondamentalement de stratégie ! Les pressions émanant depuis des décennies du concert peu harmonieux des nations obligèrent Israël à faire le dos rond, à accepter l’inacceptable (les Accords d’Oslo notamment et leurs lots d’attentats incessants) pour ne pas froisser – en premier lieu- les pays occidentaux. 

Or, il est intéressant de noter que tous ces pays (à l’exception des États-Unis) sont « forts » avec la démocratie israélienne – qui ne fait que se défendre contre un océan de haine meurtrière -, mais faibles avec les pouvoirs autoritaires qui n’hésitent pourtant pas à commettre des actions illégales jusque sur leur sol, et même à prendre leurs ressortissants en otages. En somme, Israël subit le même sort que les États voyous, voire pire bien souvent, sans avoir la latitude d’agir comme un État voyou…

Alors ? Que devrait donc faire Israël face à une hostilité qui pourrait s’accroître encore plus avec l’antisémitisme croissant au sein de la droite américaine qui pourrait rendre la première puissance économique et militaire mondiale carrément hostile à Israël de façon bipartisane (ce qui serait un cauchemar stratégique !) ? 

Des actions devraient être entreprises dès maintenant sur plusieurs points :

Premier point : Cesser de mettre tous ses œufs dans le même panier en ne comptant que sur les États-Unis. Israël devrait donc se rapprocher d’autres grandes puissances qui seraient intéressées par une alliance avec la troisième puissance mondiale que représente Israël dans le domaine de la création de start-ups (source : StartupBlink; septembre 2025), et ce malgré la guerre ! 

Le but est donc de faire jouer la concurrence entre grandes puissances car n’oublions pas qu’en plus de sa force technologique, Israël possède une position géographique stratégique et une expérience inégalée dans le domaine du combat moderne. L’objectif n’est pas de se mettre à dos l’Amérique, il faut juste que cette dernière comprenne que la technologie israélienne et même américaine pourrait tomber dans les mains d’adversaires des États-Unis en cas de d’attaques (économiques, militaires) contre l’État juif…

Autre point fondamental, Israël doit sortir de son ambigüité stratégique concernant sa force nucléaire…Pour montrer le sérieux des intentions israéliennes, l’État hébreu doit exposer ses capacités tout en les voilant (à la manière – si j’ose cette comparaison – du principe de l’Alétheia heideggérienne où voilement et dévoilement restent liés l’un à l’autre). Comment faire ? Il faudra qu’Israël soit crédible afin de prouver sa capacité à frapper l’ennemi par l’essai revendiqué d’une bombe nucléaire tactique dont l’effet reste circonscrit, donc plus aisé moralement à utiliser en cas de danger d’anéantissement – à Dieu ne plaise – de l’État juif. Le but étant de frapper de stupeur l’ennemi, mais en gardant une certaine maîtrise stratégique de la bombe. Israël montrera alors qu’il est prêt, sans réduire tout un pays en cendres, à se défendre de manière indiscutable. Il est évident que l’utilisation de l’arme atomique stratégique devra être vue comme la continuité logique d’une frappe tactique en cas de non-renonciation des velléités annihilatrices de l’ennemi. 

Rappelons qu’Israël représente moins de la superficie de la Bretagne ou moins de la moitié de la surface du Lac Michigan. L’État juif est donc un « confetti » bordé à ses frontières, et au-delà, de centaines de millions d’ennemis potentiels. Un rapport des services israéliens de renseignement publié à la fin du mois de septembre mettait en garde contre une grave menace émanant des Houthis du Yémen qui entrainent plusieurs groupes terroristes pour une incursion à grande échelle à partir de territoires limitrophes d’Israël dans le but de perpétrer un nouveau 7 octobre. Cette menace existe aussi selon moi à partir de l’Égypte, d’autant que les Égyptiens (près de 110 millions d’habitants !) inquiètent à l’heure actuelle les services israéliens en amassant des troupes dans le Sinaï en violation des accords de paix signés entre les deux pays. Imaginons une entrée en force de dizaines de milliers d’Egyptien sur le sol israélien à la manière du 7 octobre ! 

Il faudra donc qu’Israël installe des mines terrestres conventionnelles, mais aussi nucléaires sur chaque frontière du pays. Selon des rapports officiels américains, les États-Unis avaient installé des mines terrestres nucléaires en Italie et en Allemagne de l’Ouest pendant la Guerre froide (in ; US Security Issues in Europe, 1973). 

Rappelons que les menaces pour Israël sont en train de se transformer en s’élargissant. Le récent accord de défense mutuel stratégique signé le 17 septembre dernier entre l’Arabie saoudite et le Pakistan doit rediriger l’espionnage israélien vers Islamabad. En effet, le seul pays musulman à détenir l’arme atomique vient de faire son entrée stratégique sur l’échiquier moyen-oriental en signant un accord qui stipule que « toute agression contre l’un ou l’autre pays sera considérée comme une agression contre les deux » (l’Amérique vient de faire de même avec le Qatar !). Le parapluie nucléaire pakistanais serait donc maintenant étendu à l’Arabie Saoudite, ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour l’État juif. Les relations stratégiques qui existent déjà entre l’Inde (principale rivale du Pakistan) et Israël devront donc être renforcées. 

Israël doit aussi combattre les groupes terroristes qui agissent en toute impunité depuis l’Occident. Comment se fait-il que des mouvements terroristes considérés comme tels par les États-Unis et l’UE peuvent agir en toute liberté sur les sols américains et européens ? Nous savons que le Hamas ou encore le FPLP ont pignon sur rue en France, en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis (dans les universités notamment, parmi les étudiants, mais aussi les professeurs), en Allemagne, etc. Ce sont eux qui attisent la haine de l’État d’Israël et des Juifs avec la complicité tacite des ces États qui n’agissent pas pour les combattre. C’est donc à Israël de le faire ! Aucun territoire sur lequel se trouve les ennemis du Peuple juif ne doit être considéré comme zone interdite pour les services israéliens ! La frilosité totale de ces derniers vis-à-vis des ennemis de Jérusalem implantés en Occident doit cesser ! Il faut revenir à l’époque où le Mossad n’avait pas peur de frapper en France, en Italie ou en Grèce contre les chefs terroristes de « Septembre noir » (c’est-à-dire le Fatah de Yasser Arafat) et de leurs alliés, en représailles à l’assassinat des athlètes israéliens aux J.O de Munich en 1972 ! Il ne doit exister aucun sanctuaire pour les ennemis d’Israël ! 

L’idée est donc de dire que tant qu’à être traité comme un État voyou, autant le devenir pour de bon…

Comme je l’ai déjà écrit, Israël devrait s’inspirer de l’adage que le tragédien romain Lucius Accius mit dans la bouche d’Atrée, roi de Mycènes : « Qu’ils me haïssent, pourvu qu’ils me craignent. »

© Frédéric Sroussi 

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