Tribune Juive

Flottille Sumud : le masque humanitaire, la main terroriste

Par Nataneli Lizee

Archives, registres et réseaux dévoilent la toile qui relie ONG, PCPA et Hamas.

On brandit des voiles blanches comme des étendards de vertu. On invoque la charité avec l’accent des grandes causes. Mais à qui sait lire les papiers, non les proclamations, la vérité se révèle. Elle n’est pas dans les discours, mais dans la vérité des registres.

Tout commence à Barcelone.

Le 13 mai 2025, une société surgit, modeste, discrète : Cyber Neptune S.L., inscrite au Registre du Commerce de Barcelone et vouée officiellement à l’immobilier. Trois mois plus tard, le 22 août, l’entité se métamorphose : son objet social devient le transport maritime, et l’espagnol, l’administrateur unique se voit soudainement remplacé désormais par Saif Abu Kashk, militant du PCPA. Deux jours plus tard, les premiers navires de la « Global Sumud Flotilla » quittent le port. Création ad hoc, mutation précipitée, appareillage immédiat : la mécanique est trop parfaite pour relever du hasard.

Ces navires voguent évidemment sous pavillons de complaisance, déclarés à Madère ou au Royaume-Uni, et dissimulent leur véritable propriétaire derrière des écrans juridiques. Dans les bases maritimes publiques, l’identité réelle se perd. Ce n’est pas une négligence : c’est une stratégie. L’invisibilité n’est pas un effet secondaire, elle est la condition même du projet.

Pendant ce temps, l’Indonésie célébrait ses propres fastes. Les ONG Dompet Dhuafa, Rumah Zakat, DT Peduli, Nurul Hayat organisaient des cérémonies solennelles. Le journal Tempo du 21 août 2025 décrivait des foules en liesse, des ministres bénissant les navires baptisés aux noms de héros nationaux — Soekarno, Diponegoro, Malahayati. Ces embarcations, érigées en offrandes à l’histoire, recevaient l’acclamation populaire et l’emphase médiatique. Mais derrière les embrassades officielles se tissaient déjà les fils reliant ces associations aux réseaux palestiniens terroristes. L’émotion recouvrait la méthode, et le spectacle masquait la stratégie.

Aux archives israéliennes, une lettre datée du 9 mars 2021 — soit plus de deux ans avant l’attaque du 7 octobre 2023, signée d’Ismaïl Haniyeh, chef du bureau politique du Hamas, appelait alors explicitement à l’unité stratégique avec le PCPA.

Depuis on peut croiser Zaher Birawi, installé à Londres, figure centrale des flottilles pro-Gaza ; Saif Abu Kashk, à Barcelone, désormais administrateur de Cyber Neptune ; et bien d’autres relais, établis à Istanbul, à Doha, à Madrid, en Belgique. Tout converge : le PCPA comme courroie de transmission du Hamas hors de Gaza, l’Europe comme arrière-base, sous couvert d’associations et de sociétés-écrans.

Et pourtant, à cette accumulation de pièces, les organisateurs n’opposent que le vacarme des cris. « Propagande », disent-ils. « Manipulation », répètent-ils. Mais jamais un seul bilan financier, pas une seule liste claire de donateurs, aucun registre n’est accessible. Ici, l’absence de preuves devient la preuve même.

L’histoire nous l’a enseigné. Les totalitarismes des années trente infiltraient syndicats et associations comme des chevaux de Troie. Plus près de nous, les djihadistes ont drapé leurs logistiques du manteau des ONG, Daech s’est infiltré dans toutes les sphères française, belge, européenne…

Toujours la même ruse : hier les syndicats, aujourd’hui les associations, demain la politique. Toujours la même finalité : Sous le voile de la charité se cache une vile stratégie politique ; et derrière cette stratégie, l’idéologie sectaire des salafistes.

En Europe, beaucoup d’élus de la gauche radicale, pour ne pas dire extrémistes, se prêtent à cette Commedia dell’arte. Ici, une eurodéputée posant en photo aux côtés de figures proches du Hamas. Là, une autre invitant un représentant du mouvement à l’Assemblée nationale. Plus loin, plusieurs députés embarquant, sans l’ombre d’un remords, aux côtés du PCPA. Et tant d’autres, soudain mis en lumière, empressés de cautionner une opération soi-disant humanitaire, financée par le Hamas — bourreau de son propre peuple. L’enquête récente d’Omar Souleymane vient corroborer ce que nombre d’entre nous percevaient et dénonçaient depuis plusieurs années.

Et tandis que ces grands humanitaires voguent vers Gaza, juste à côté, le Yémen demeure dans l’oubli. Selon le rapport de l’UNICEF Acute Malnutrition in Yemen (2023), plus de 500 000 enfants y agonisent entre les bombes des Houthis et la famine, dans l’indifférence du monde. La compassion sélective n’est plus vertu lorsqu’elle se fait partielle : elle devient idéologie.

Que refusons-nous de voir ?

Le faisceau est limpide : l’Europe accueille désormais des cadres du PCPA et du Hamas, installés en « entrepreneurs », en « présidents », en « directeurs » de sociétés-écrans. Saif Abu Kashk à Barcelone, Zaher Birawi à Londres, des relais d’Ismaïl Haniyeh à Istanbul, des coordinateurs financiers à Doha. Des « réfugiés » palestiniens, enfants et familles de cadres du Hamas, sont accueillis en France ; Sciences Po a même vu l’arrivée d’une étudiante de Gaza dont l’inscription fut annulée après la révélation de propos antisémites. Officiellement, on la sanctionna. Mais plutôt que de la renvoyer vers Gaza, ses ruines et ses camps, c’est au Qatar qu’on l’expédia. Doha : le sanctuaire des cadres du Hamas, l’opulence de l’Émirat, la protection offerte à ceux qui glorifient Hitler et appellent à la mort des Juifs. Ainsi, la « punition » prit les traits d’un refuge confortable, au cœur-même de l’écosystème qui nourrit sa cause.

Nous connaissons ce procédé. Nous l’avons vu hier, nous le voyons aujourd’hui. Les complices du mal ne sont pas seulement ceux qui prennent les armes, mais aussi ceux qui prêtent leur nom, leur fonction, leur image à une entreprise dont l’opacité est le ressort.

Il est temps de le dire, de le dire haut, de le dire net : la flottille Sumud n’est pas la danse blanche qu’elle prétend être. Elle est l’exemple contemporain d’une vieille stratégie : substituer le voile de l’humanitaire à la nudité du politique. Là où manquent les preuves, surgit la preuve même.

La démocratie n’a qu’une arme, et ce n’est ni l’anathème ni la rumeur : c’est la lumière. Publier les papiers, ou porter le poids du soupçon.

© Nataneli

Nataneli Lizzee est Journaliste et Correspondante de Presse

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