Par Raphaël Nisand

Le verdict qui vient d’être prononcé par le tribunal correctionnel de Paris dans l’affaire dite du financement libyen de la campagne électorale de Nicolas SARKOZY agite le monde politique et judiciaire.
Le monde entier regarde avec curiosité et incompréhension ce qui est en train de se passer en France.
La France apparait comme un pays étrange où l’on peut mettre en prison un ancien Président de la République quelques jours après l’avoir jugé et sans attendre l’appel.
Dans l’opinion publique française les choses sont assez simples , ceux qui détestent Nicolas SARKOZY sont tout simplement ravis de le voir derrière des barreaux, ceux qui ont voté pour lui ou qui l’apprécient sont véritablement en rage.
Il y a un signe qui ne trompe pas, bien que ce soit un mauvais signe , ce sont les menaces de mort ou de représailles adressées en nombre à la Présidente du tribunal.
Les plus hautes autorités judiciaires du pays ainsi que le Président de la République et le ministre de la justice sont montés au créneau pour défendre l’indépendance des juges.
Le problème c’est que peu de gens croient encore à l’indépendance des juges.
La Présidente du tribunal avait dans un lointain passé participé à des manifestations pour protester contre l’action politique de N.SARKOZY.
Dans ces cas-là, les cas où le magistrat peut avoir une inimitié ou une connivence avec la personne à juger , il est de coutume et c’est prévu par les textes qu’un magistrat se déporte.
Il n’a pas de raison à donner, il refuse tout simplement de faire partie du tribunal qui va connaitre de l’affaire.
La Présidente du tribunal n’a pas cru devoir se déporter.
Nicolas SARKOZY aurait pu faire une requête en suspicion légitime pour contester l’objectivité de la magistrate.
Il n’a pas cru devoir le faire. Il faut dire que Nicolas SARKOZY s’est mis à dos un grand nombre de magistrats en les ayant comparé à des « petits pois » qui se ressemblent tous ou encore en inscrivant à son programme et en réalisant des peines planchers pour réduire la capacité de décision des magistrats.
Il apparaissait ainsi au siège national d’un syndicat de magistrats sur un mur de personnes honnis par ce syndicat et qui était appelé mur des cons.
Notre beau pays est dans un piteux état. Le Président a dissous l’assemblée et se retrouve avec une assemblée hostile et lui-même est au plus bas dans les sondages.
Le pays n’a pas de gouvernement , le pouvoir exécutif bat de l’aile, il n’y a pas de majorité à l’Assemblée nationale, le pouvoir législatif est bloqué.
Avec le verdict SARKOZY c’est le pouvoir judiciaire , le seul qui peut afficher une sorte de stabilité qui se trouve mis à mal.
Le peuple de droite s’agace de constater que François FILLON a été très vite évincé par un pouvoir judiciaire très pressé.
Il s’agace de l’exécution provisoire prononcée pour Marine le PEN alors qu’elle se trouvait à 36% dans les sondages et aujourd’hui il s’inquiète des images dévastatrices que produira l’incarcération de l’ancien Président SARKOZY.
Certains diront que la droite est immorale et mérite ce traitement judiciaire mais on n’empêchera pas une partie des Français de penser que les magistrats qui tiennent stand à la fête de l’Humanité ont une propension à taper plus fort à droite.
Le sentiment d’injustice est là et c’est un nouveau chantier d’importance qui s’ouvre pour les démocrates : refonder une justice impartiale qui garantisse le droit de chacun à être jugé en toute équité.
Le verdict rendu à l’égard de Nicolas SARKOZY servira de tournant.
La page d’une justice apaisée est blanche. Il va vite falloir la remplir sans quoi la démocratie française risque de connaitre des déboires.
© Raphaël NISAND