Tribune Juive

Un plan audacieux — et nécessaire : pourquoi ce que Trump et Netanyahu ont annoncé peut changer la donne

🖊️Abraham Chicheportiche 

Parfois, l’histoire se présente sous la forme d’un moment brutal et clair : décisions nettes, conditions sans détour, et une promesse — audacieuse — de transformer un cycle de violence en une chance de paix. C’est exactement le registre du plan que Donald Trump et Benjamin Netanyahou ont présenté à Washington : un texte dur, sans demi-teinte, construit autour d’objectifs précis et — ce qui est plus rare encore — d’un calendrier contraignant. Voici pourquoi, malgré les doutes légitimes, il mérite d’être pris au sérieux. 

D’abord, la ligne rouge humanitaire : la totalité des otages doit être libérée « d’un coup » et au plus tard dans les 72 heures suivant l’acceptation publique de l’accord. C’est une exigence moralement incontestable — et politiquement salvatrice — qui transforme le retour des otages en condition sine qua non d’un cessez-le-feu durable. En imposant un délai ferme, le plan met fin à l’aléa des négociations fragmentées et empêche que la libération soit diluée en promesses vagues. 

Ensuite, la préservation de l’essentiel : pas d’État palestinien dans la configuration proposée, pas de reconduction d’une Autorité palestinienne amnistiée par des promesses sans vérification. Le message est clair : la sécurité d’Israël est la condition première de toute réorganisation politique. L’idée n’est pas de nier un peuple ou ses aspirations, mais de fixer une réalité politique : tant que des acteurs terroristes détiennent des armes et du pouvoir, il n’y aura ni souveraineté effective ni normalisation stable. 

Troisièmement, la sécurité reste non négociable : Israël conservera la maitrise du désarmement et la responsabilité de la sécurité, et un « no man’s land » autour de la bande de Gaza serait maintenu. La démilitarisation, la déradicalisation et l’éradication de la capacité militaire du Hamas sont présentées non comme des buts secondaires, mais comme les préalables indispensables à toute reconstruction et gouvernance future. C’est une approche réaliste — former la sécurité avant d’installer la politique — et elle correspond à l’expérience : sans monopole de la force par l’État, il n’y a pas d’État viable. 

Quatrièmement, la proposition de gouvernance transitoire est inattendue et symbolique : un « Board of Peace » international — impliquant les États-Unis, le Qatar, Israël et, selon l’annonce, une présidence initiale confiée à Donald Trump puis à Tony Blair — pour piloter la période de transition et superviser la reconstruction et le désarmement. Si l’architecture suscite des réserves (à juste titre), elle a toutefois l’immense mérite d’offrir un tiers garant et des mécanismes de contrôle internationaux, plutôt que de laisser le vide post-conflit aux mains d’acteurs non vérifiables. 

Cinquièmement, la dimension régionale : Trump a insisté sur l’adhésion des pays arabes et musulmans, et sur leur rôle dans le désarmement du Hamas. Si ces engagements sont suivis d’actes — pression diplomatique, sanctions ciblées, et coopération sécuritaire — ils peuvent briser le cercle vicieux d’impunité qui permet aux groupes armés de perdurer. C’est là que la diplomatie régionale devient l’accélérateur indispensable d’une solution durable. 

Reste la grande question : et si le Hamas refuse ? Trump et Netanyahou ont répondu franchement : le plan n’est pas un ultimatum purement rhétorique. Si la direction du Hamas rejette l’accord, Israël disposera du soutien américain pour poursuivre une option militaire visant à neutraliser l’organisation. Ce n’est pas une posture agressive gratuite ; c’est la logique d’un plan qui met la sécurité en tête de ses priorités — et donc la coercition comme dernier recours légitime face à une intransigeance mettant en péril des vies humaines. 

Enfin, un mot sur les critiques : l’idée d’une éventuelle réintégration future de l’Autorité palestinienne donne raison à ceux qui exigent des garanties tangibles. Netanyahou lui-même a posé ce principe : l’Autorité ne pourra jouer un rôle qu’à la condition d’une transformation profonde, vérifiable, et irréversible — cessation des financements aux terroristes, refonte des manuels scolaires et reconnaissance de l’existence d’Israël. Ces critères, stricts, forment le garde-fou indispensable pour éviter un retour aux impasses du passé. 

Conclusion — prendre des décisions, pas des vœux pieux.

Le plan présenté est abrupt, exigeant, parfois impopulaire dans sa franchise. Mais il a le mérite de ne pas céder aux compromissions cosmétiques : il replace la sécurité au centre, fixe des délais, propose des garanties internationales et engage des acteurs régionaux. Si l’on veut vraiment une paix durable — pas un cessez-le-feu fragile ou une trêve de papier — il faudra des conditions claires et des garants robustes. L’heure n’est plus aux beaux discours : elle est aux choix difficiles, exécutés avec détermination et contrôlés par des mécanismes réels. C’est ce type d’approche — ferme, pragmatique, exigeante — dont le Moyen‑Orient a désespérément besoin aujourd’hui.

Macron sous Lexomil et livré par le Qatar

Il paraît qu’Emmanuel Macron traverse ses journées à mi-chemin entre l’Élysée et sa boîte à pilules. Oui, le Lexomil, ce fidèle compagnon des nuits sans sommeil et des matins de crise diplomatique. Pendant que le monde brûle, que les tensions explosent au Moyen-Orient et que la France se transforme doucement en kasbah bureaucratique, lui, président, digère ses dossiers… en comprimés.

On se demande si ce n’est pas pour calmer ses nerfs face à une opposition qui ne lui laisse aucun répit, face à des manifestations qui s’éternisent, ou face à une population qui commence à douter que son État protège encore ses citoyens juifs. Toujours est-il qu’avec Lexomil ou pas, le spectacle est là : un président en apnée, des décisions sous tension maximale, et des Français qui regardent, inquiets, leur pays glisser doucement dans l’incertitude.

Mais rassurons-nous : tant qu’il y a Lexomil, il y a espoir… ou au moins un minimum de calme dans le bureau ovale. La vraie question : combien de comprimés faudra-t-il pour que la France se réveille enfin ?

© Abraham Chicheportiche

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