Par Richard Abitbol

La jouissance mauvaise
Lorsqu’un candidat à la présidentielle est empêché par deux fois — une fois réellement, une autre potentiellement —, lorsqu’un ancien Président de la République est incarcéré, non parce qu’on a établi sa culpabilité mais parce qu’il n’a pas réussi à prouver son innocence, un malaise profond s’installe. Plus grave encore : ce malaise ne choque plus. Il suscite même, dans certains cercles, une jouissance mauvaise, une satisfaction malsaine. Voilà le signe qu’il y a quelque chose de pourri dans le royaume de France.
Car la démocratie ne se réduit pas au simple rituel électoral. Elle repose sur des droits fondamentaux — la présomption d’innocence, le droit à une double juridiction, l’habeas corpus. Lorsqu’ils sont bafoués, ce n’est pas seulement l’individu accusé qui est atteint, c’est l’essence même de l’État de droit qui vacille.
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Quand la justice devient un habillage civilisé du lynchage
Il est des juges pour qui le jugement n’est plus la recherche d’équité, mais l’occasion d’un spectacle. L’accusé n’est plus un citoyen protégé par la loi, mais un bouc émissaire livré à la foule.
L’exécution provisoire et la détention provisoire devraient être réservées aux crimes violents, aux menaces directes contre les personnes ou contre soi-même. Or elles se banalisent. Elles deviennent des instruments commodes pour punir avant de juger. Peu importe que la décision soit réformée en appel ou cassation : l’effet destructeur aura déjà eu lieu. Réputation ruinée, carrière brisée, honneur sali.
La justice se transforme alors en lynchage civilisé, recouvert du vernis procédural. L’essence de la démocratie — protéger l’individu tant que sa culpabilité n’est pas établie — se voit piétinée par la jubilation d’humilier. Et lorsque le juge goûte plus à la satisfaction militante qu’à celle d’avoir été juste, la justice cesse d’être justice.
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Deux traditions, deux civilisations
Ce déséquilibre plonge ses racines dans l’histoire. Le droit français porte encore la marque du Tribunal de salut public, où l’exception devenait règle et où la présomption d’innocence était balayée par la raison d’État.
À l’inverse, le droit anglo-saxon a bâti sa tradition sur la Magna Carta (1215) et l’Habeas Corpus Act (1679). Ces textes proclament qu’aucun homme ne peut être privé de liberté sans jugement rapide et équitable. Ici, la justice est conçue comme une protection contre l’État ; là, comme un bras armé de l’État.
La différence n’est pas seulement juridique, elle est civilisationnelle. Dans le monde anglo-saxon, la liberté prime et l’État doit se justifier. En France, c’est l’accusé qui doit se justifier, parfois au prix de son honneur, de sa liberté, de sa vie.
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Antisémitisme et justice vengeresse : deux symptômes d’un même mal
On dit que l’antisémitisme est le premier signe de l’agonie démocratique. L’histoire le confirme : affaire Dreyfus, Allemagne nazie, France de Vichy. À chaque fois, la haine antisémite a marché main dans la main avec une justice dévoyée.
Mais il faut aller plus loin : l’antisémitisme et la justice vengeresse procèdent du même mal.
• L’un désigne un bouc émissaire.
• L’autre transforme tout accusé en victime expiatoire.
• L’un nie l’égalité des citoyens.
• L’autre nie la présomption d’innocence.
Dans les deux cas, c’est la passion contre la raison, la haine contre le droit, le lynchage contre l’équité. Et l’histoire nous l’enseigne : là où l’antisémitisme prospère, la justice équitable disparaît. Là où la justice devient vindicte, les minorités sont les premières victimes. Ainsi, le premier symptôme prépare toujours le second : l’exclusion des uns devient le laboratoire de l’arbitraire qui s’abattra sur tous.
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Conclusion : le tocsin de la démocratie
Il est temps de se réveiller. Car lorsque la justice devient un habillage civilisé du lynchage, lorsque l’État de droit se transforme en machine de punition anticipée, alors la démocratie n’est plus qu’une apparence.
Le tocsin doit sonner : pour la présomption d’innocence, pour l’habeas corpus, pour une justice qui protège au lieu d’humilier. Car une nation qui renonce à ces principes ne fait pas que condamner des individus : elle prépare son propre effondrement.
Antisémitisme et justice vengeresse ne sont pas des accidents. Ils sont les symptômes conjoints d’une démocratie mourante. Il ne tient qu’à nous d’en faire des signaux d’alarme plutôt que les premières notes d’un requiem.
© Richard Abitbol

Excellente analyse de la deliquescence française qu un triste et pitoyable acteur de 3 eme zone comme macron precipite vers l infini , heureusement les français restent attachés aux RTT , aux vacances a rallonge , aux 35heures et a la CGT …….. meme les pires ignares finiront par ouvrir un oeil , et le spectacle ne sera pas ragoutant .😩
Totalement d’accord ! Et il faudrait ajouter la confiscation des contre-pouvoirs institutionnels par les pouvoirs de gauche et la confiscation des medias audio-visuels de service public par l’extrême-gauche LFIste et woke.
Parfaite analyse qui montre la corrélation entre le jugement contre le Président Sarkozy et l’antisémitisme prégnant en France . Les soutiens sont exactement les mêmes
Vivement un Trump ou un Netanyahu en France 🙏🇨🇵🙏
Mais la France n’existe plus
Elle entre dans un régime totalitaire où les droits de l’homme sont bafoués
Les juges sont les maîtres étonnés ne peut plus faire quoique ce soit lorsque l’on est de droite
tellement jubilatoire pour un juge qui n’est qu’un haut fonctionnaire comme un autre de pouvoir envoyer en taule celui qui incarne toutes les frustrations qu’il pense avoir subies dans sa carrière.
n’oublions jamais qu’en France, contrairement aux Etats-Unis, les juges ne sont pas élus, ils sont nommés comme tous les fonctionnaires et à la sortie de leur école: l’école de la magistrature, ils essayent de faire une grande et belle carrière, malheureusement la plupart n’y arrivent pas et commencent à ressasser des rancoeurs bien humaines.
c’est un juge comme cela, un tout petit personnage qui se croit grand car il avait à juger un ancien président de la République, qui vient de l’envoyer en taule pour plusieurs années sans même que l’appel ne soit suspensif.
il y a quelque chose de pourri au royaume de France!
Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir ?… Et nous, nous qui ne sommes pas dans un conte de Perrault mais assurément dans un cauchemar sans fin, n’avons-nous rien vu venir…???