J’ai vécu pendant 6 mois avec des arabes palestiniens de Hebron.
C’était bien avant le 7 octobre.
6 mois à se voir tous les jours, prendre le café le matin ensemble, se réveiller dans la nuit, les repas etc.
C’était à l’hôtel-capsule à Tel Aviv où j’étais, qui était géré par eux.
Ils venaient d’un village près d’Hebron.
On discutait de tout et de rien. De bouffe. Des relations homme/femme. De nos histoires de famille. J’appris ainsi que le nom de famille entier de l’un d’eux était Al-Kurdi: « Nous sommes des kurdes, c’est pour ça que j’ai les yeux bleus ».
Plus rarement de politique.
Il y eut une fois juste en face l’hôtel un attentat à la voiture bélier qui laissa pour mort un touriste italien. Juste en face de nous.
L’un d’eux me dit :
« Ils mentent, c’est pas un attentat »
« Tu vois bien que si! La voiture a traversé la route, le parking et l’espace piéton! La police l’a confirmé! »
« La police dit toujours que c’est un attentat »
« Faux. Il y a quelques jours à Jérusalem, un arabe a bel et bien perdu le contrôle de sa voiture qui est rentré dans des gens. Et c’était effectivement un accident. La police l’a confirmé… Quand c’est un attentat la police le dit, quand c’est un accident elle le dit ».
Il ne dit rien.
Plus tard, je ne sais plus comment le sujet est venu, il me dit calmement :
« Un jour tout ça sera la Palestine. Je te rassure, on t’autorisera à y vivre ».
« Tu vois, c’est ça le sionisme: C’est ne plus laisser les autres nous dire « on t’autorisera à y vivre », Tu m’autorises ou m’interdis rien, tu n’as juste pas ton mot à dire ».
A-t-il compris ou pas?
J’en sais rien et je m’en fous.
© Israel Tavor
Israel Tavor est Chef de projet éditorial à Tel Aviv