
La rumeur du monde se fait écrasante autour des quelques millions de juifs, une poussière à l’aune de l’humanité qui s’apprêtent à fêter Roch Hachana.
Le concert des nations se réunira, discutera, jugera ce jour là à New York.
Pourtant Roch Hachana est uniquement une fête d’introspection et de prières mais quel hasard de calendrier !
Roch Hachana inaugure un cycle de jours importants de 10 jours redoutables en hébreu les yamim moraïm qui va jusqu’à Yom Kippour.
Dans ce cycle, la fête de Roch hachana est parfois symbolisée par une page blanche où il nous incombe de projeter nos choix futurs tout en espérant être inscrits dans le Livre de la Vie.
Les Juifs de France ont du mal à se projeter.
D’après certains sondages et plusieurs ouvrages récents, dans 4/5 ème des familles juives le thème du départ est évoqué même s’il n’est pas souhaité et semble dans la plupart des cas une simple perspective lointaine.
Les juifs français aiment la France.
Ils ont le sentiment d’avoir participé à la construction du pays depuis des siècles et se sentent aussi légitimes que n’importe quel autre français à continuer à porter l’idéal républicain en France.
Mais cette prétention légitime semble à présent battue en brèche. Pour les Juifs la notion très souvent utilisée de « pas d’amalgame » ne fonctionne pas.
Les sondages sont extrêmement inquiétants.
Pour 31% des jeunes français âgés de 18 à 24 ans , il est normal de tenir les Juifs français responsables de ce qui se passe à Gaza et pourquoi pas de s’en prendre à eux.
Même des Juifs membres de la France insoumise (si, si, il y en a ) témoignent de cette douloureuse assignation à résidence juive qui leur est faite par « leurs camarades ».
Par ailleurs, nombreux sont les Juifs français qui rapportent leur profond malaise au passage des manifestations anti-sionistes devant des immeubles bariolés avec des drapeaux free Palestine revendiquant la disparition de l’État d’Israël.
Et voici que les mairies socialistes sont à présent sommées par le premier secrétaire du PS Olivier Faure de pavoiser avec le drapeau palestinien.
Les interventions du gouvernement et même des tribunaux administratifs rappelant à la neutralité nécessaire de la maison commune qu’est la Mairie sont ouvertement bafouées.
Et, fait unique, certains maires clament haut et fort qu’ils ne respecteront aucune décision de justice. Ils montrent ainsi le côté irrationnel et explosif de leur prise de position.
À Strasbourg, un rabbin qui rentrait de sa synagogue le Chabbat 20 septembre a été inquiété et menacé sur la place Kléber au centre de la ville en marge d’une manifestation « chaussures » organisée par des associations anti-sionistes.
Tout le monde le sait et le dit, nous vivons aujourd’hui en Europe et au-delà un tsunami d’antisémitisme et nul ne sait où ça s’arrêtera.
C’est la caractéristique du tsunami, il dévaste tout sur son passage, il est totalement incontrôlable.
Pourtant, une mesure serait efficace : fermer tout établissement refusant ouvertement les Juifs ou encore interdire de manifestation les associations qui laissent se développer des comportements antisémites dans leurs rassemblements.
Les gouvernements successifs réitèrent régulièrement leur désir de protéger les Juifs de tout antisémitisme et de leur côté les Juifs de France sont massivement attachés à leur pays.
C’est le moment ou jamais de faire en sorte que ces deux volontés deviennent réalité dans l’année qui s’ouvre.
Dans le cas contraire, la France risque de perdre une grande partie de ses Juifs.
CHANA TOVA et qu’on soit tous inscrits dans le Livre de la vie.
© Raphaël Nisand
Chroniqueur sur Radio Judaïca