Tribune Juive

Reconnaître un État palestinien aujourd’hui doperait l’islamisme et l’antisémitisme en France. Par David Duquesne

Depuis plusieurs années, un rapport sur l’influence des Frères musulmans circule dans les hautes sphères de l’État. Remis à Bruno Retailleau, il a trouvé place sur le bureau du Président de la République. Parmi ses recommandations figure la reconnaissance immédiate d’un État palestinien, présentée comme un geste destiné à « calmer la rue arabe ». L’idée peut séduire certains diplomates en quête de symboles, mais elle repose sur une lecture naïve et dangereuse de la réalité, et ses conséquences pour la France seraient explosives.

Un État islamiste, pas une démocratie

Un État palestinien aujourd’hui ne serait pas un État démocratique et laïque, mais bel et bien un État islamiste. Les faits sont connus : le Hamas, organisation islamiste armée, est dominateur dans les territoires palestiniens ; et selon l’institut de recherches Pew Search, 89 % des Palestiniens se déclarent favorables à la charia et 81 % approuvent la lapidation des femmes adultères. On ne parle donc pas d’une démocratie à l’occidentale, mais d’un régime hybride, mélange du nationalisme autoritaire du FLN algérien et de l’obscurantisme taliban, un État voué à devenir une base idéologique et militaire contre Israël et, par ricochet, contre l’Occident.

Chaque victoire appelle la suivante

L’histoire récente montre la mécanique implacable de la contagion islamiste : chaque victoire, même symbolique, agit comme un carburant. Les attentats du 11 septembre 2001 ont déclenché une vague mondiale d’attaques inspirées par Al-Qaïda. Les crimes de Mohamed Merah ont suscité d’autres vocations terroristes en France. La proclamation du califat de Daesh a entraîné des milliers de départs pour le djihad et un regain d’attentats meurtriers. Imaginer que la reconnaissance d’un État palestinien islamiste produirait autre chose qu’un renforcement de ce processus relève de l’illusion diplomatique.

Macron en accélérateur de particules antisémites, Mélenchon en catalyseur

En France, les conséquences seraient immédiates. Loin de calmer la rue arabe, une telle décision doperait l’islamisme sur notre territoire, légitimerait ses discours et ses revendications, accélérerait la prolifération du voile, non seulement dans l’espace public mais aussi dans les établissements scolaires et jusque dans les administrations, encouragerait un islamisme décomplexé dans nos cités et multiplierait les actes antisémites. À chaque flambée de violence au Proche-Orient, la haine antijuive explose déjà dans nos rues ; cette fois, elle serait entretenue et légitimée par l’État français lui-même. Emmanuel Macron est déjà l’accélérateur de particules antisémites : il s’est publiquement inquiété lorsque Israël a réussi à éliminer tous les chefs du Hamas et du Hezbollah, comme si la disparition de ceux qui veulent rayer Israël de la carte était un problème. En France, il ne réagit fermement que face aux attaques venues de l’extrême droite, mais se tait ou s’exprime de façon lunaire lorsqu’elles viennent de musulmans radicalisés, parlant d’un antisémitisme sans cause précise, comme si l’origine de cette haine était mystérieuse. Pire encore, il a refusé de marcher contre l’antisémitisme, sur les conseils de Yassine Belattar, au nom d’un refus de « fracturer » la société française. Ce choix, en réalité, fracture : il revient à prendre parti pour les antisémites en abandonnant les Français juifs à leur solitude et à leur peur. Jean-Luc Mélenchon, lui, joue le rôle de catalyseur. En transformant l’antisionisme militant en fonds de commerce électoral, il flatte les instincts les plus bas et construit un bloc politique sur la complaisance à l’égard de l’antisémitisme importé. Les deux hommes, chacun à leur manière, entretiennent ce climat délétère.

Un signal catastrophique

Reconnaître un État palestinien islamiste dans ce contexte, ce serait envoyer un signal catastrophique à nos adversaires. En géopolitique, un symbole compte autant qu’un acte militaire. Celui-ci serait limpide pour les islamistes : la rue gagne, la menace paie, l’Occident cède. Ce signal nourrirait la surenchère, à l’extérieur comme à l’intérieur de nos frontières.

Un Quai d’Orsay aligné sur le 9.3 et le Belgikistan

Ce serait un Quai d’Orsay aligné non pas sur les intérêts de la France, mais sur ceux du 9.3, des quartiers nord de Marseille et du « Belgikistan ». La paix israélo-palestinienne est un objectif noble, mais elle ne peut pas se construire en renforçant les forces les plus radicales et en affaiblissant notre cohésion nationale. Reconnaître un État palestinien aujourd’hui, c’est renforcer l’influence des Frères musulmans, légitimer un projet politique hostile à nos valeurs, mettre en danger nos concitoyens juifs mais aussi les chrétiens, les athées, les femmes libres, les homosexuels et surtout les apostats de l’islam — ces ex-musulmans qui vivent déjà cachés en France, contraints au silence par peur de représailles familiales et communautaires, et qui seraient encore plus menacés demain dans un climat où l’islamisme serait décomplexé et triomphant. Ce n’est pas calmer la rue arabe, c’est l’inviter à dicter la loi. Et l’histoire nous enseigne que, face aux idéologies conquérantes, chaque victoire en appelle une autre.

© David Duquesne

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