Shana Tova, chers auditeurs, chers lecteurs. L’an prochain à Jérusalem, oui, mais seulement si on veut.

Dirty shitty little Country, Petit pays de merde, c’est ainsi que Daniel Bernard, Ambassadeur de France à Londres, avait qualifié Israël en 2001. Rêvant tout haut : Ah ! Que le monde serait moins compliqué si le Moyen-Orient était débarrassé de cet État juif qui «enquiquine» tout le monde.
Chers auditeurs, chers Lecteurs, comme les media , dans leur immense majorité, ne parlent «que» de ce Dirty shitty little Country, mais en parlent mal, mais en parlent faux, taisant moult réalités lorsqu’ils ne déforment pas les faits, je veux vous entretenir, aujourd’hui, de ce boycott culturel anti-Israël et anti-Juifs qui pleut sur la planète, dans l’indifférence générale, dans le silence de tous, lequel silence, ici, vaut acquiescement.
Je me demande ce qui est pire, me disait un ami : se faire agresser parce qu’on est un juif « visible», portant kippa et barbe, ou ce boycott international qui prend de l’ampleur. À chaque fois, c’est autant de « sale juif » que j’entends. Ou de « Free Palestine », ce qui revient au même. Je n’arrive pas à croire que derrière tout ça, il n’y a qu’un antisémitisme primaire et vulgaire.
La chasse aux juifs est déclarée, stupéfiante suite du premier pogrom du 21ème siècle qui a commencé le 7 octobre 2023. C’est sur Israël et les Juifs que se focalise une haine … inqualifiable : et les voilà tous, dans un aveuglement et une surdité indicibles, oublieux qu’ils sont que le monde occidental et Israël ont le même ennemi implacable. Qui pointent du doigt, diabolisent et jugent un même et seul État selon des critères qui ne s’appliquent qu’à lui. Mettant en exergue, au nom d’un humanisme «supérieur», le « syndrome de dérangement israélien », un mal bien étrange qui a métastasé en Occident,.
Alors que les Juifs de France se demandent si leur avenir sera toujours ici, Alors qu’ils s’en sentent chassés comme ils l’ont été des banlieues des grandes villes, les manifestations d’hostilité ouverte et décomplexée à leur encontre sont pléthore. Pas un jour sans que soit banni, interdit, déclaré persona non grata tel ou tel Israélien -tel ou tel Juif- et ce qui frappe, outre bien sûr que la chose pût ainsi avoir lieu, c’est bien l’absence d’écho des media, comme si l’affaire était … un non-événement, concernant in fine les Juifs. Seulement les Juifs.
Une étoile jaune ? Non. Un carré jaune. Un pin’s demain. Ou une mention sur ses papiers d’identité qui sera exigée pour éviter ledit bannissement: «Je, soussigné, déclare Israël coupable de génocide». Car, désormais, Qu’un Juif ose dire « Chana Tova » sans ajouter « Vive la Palestine »,et il sera taxé d’agent du Mossad, de complice du colonialisme, d’ennemi de la paix, de génocidaire. Le «Si ce n’est toi, c’est donc ton frère», pour reprendre les mots de La Fontaine. Le retour en force du principe d’expulsion des juifs, adopté en 1492, revenu dans les avions, les compétitions sportives, les manifestations culturelles, les échanges commerciaux.
Car on en est là : En tout juif de France, n’y aurait-il pas un génocidaire qui sommeille ?
…
Quand Gal Gadot est interdite de Mostra à Venise, quand un philosophe est désinvité d’un festival littéraire à Besançon, quand un chanteur lyrique est aspergé de peinture rouge pendant un concert en Pologne, quand la flottille pour Gaza est comparée à l’Exodus, quand un Pedro Sanchez, après avoir couvert l’ignominie de Vuelling, applaudit les foules hystérisées qui ont interrompu le tour cycliste d’Espagne en raison de la présence de l’équipe d’Israël, parce qu’elle aurait été financée par un proche de Nétanyahou, Quand le même regrette que son pays ne possède pas une arme nucléaire à lancer sur Israël,
Quand une Fondation traque les réseaux sociaux israéliens pour repérer les soldats de Tsahal à l’étranger, Quand des foules en ligne scrutent LinkedIn et Instagram à la recherche de jeunes Israéliens en année sabbatique, d’étudiants en Europe ou d’hommes d’affaires aux États-Unis, le «jeu» consistant à faire du statut d’Israélien un handicap mondial,
Quand l’Irlande et d’autres pays menacent de boycotter l’Eurovision si Israël s’y produit, quand des stars hollywoodiennes annoncent haut et fort que leur vertu ne leur permettra pas de travailler avec des entreprises israéliennes, Quand un Lahav Shani est interdit de festival à Gand en raison de sa fonction de chef de l’Orchestre philharmonique d’Israël et qu’il lui est reproché d’avoir refusé de clarifier sa position à l’égard du régime génocidaire de Tel-Aviv, – comme le fit son compatriote Ilan Volkov qui exprima, lui, au Royal Albert Hall, sa consternation face à la poursuite des hostilités. Les eût-il prononcés, ces deux petits mots, «régime génocidaire»- et c’était plié : Shani pouvait diriger son orchestre et tout le monde était content.
Quand un documentaire sur le 7 octobre est retiré de la programmation au Festival du Film de Toronto, officiellement pour des questions de droits d’auteur à reverser … au hamas, détenteur officiel des images tirées des caméras GoPro que ces barbares partageaient sur les réseaux sociaux,
Quand 1 500 acteurs, réalisateurs et professionnels du cinéma font Tribune pour bannir toute relation future avec des institutions cinématographiques israéliennes « impliquées dans le génocide à Gaza»,
Quand le Royaume-Uni annonce qu’il fermera à partir de 2026 les portes de sa prestigieuse académie militaire aux ressortissants israéliens «en réponse à l’escalade militaire à Gaza», et que des responsables israéliens se retrouvent exclus du principal salon de défense … britannique,
Quand des films sont refusés par les festivals. Des livres boycottés. Des noms publiquement diffamés. Des budgets réduits. Des théâtres fermés. Des pièces interdites. Des artistes attaqués en ligne et en personne.
Quand au MAHJ cinq chercheurs annulent leur participation à un colloque sur l’Histoire des juifs de France, parce que l’Université hébraïque de Jérusalem «finançait la participation d’une doctorante»,
Quand la présence du jeune Amir sur la scène des Francofolies de Spa suscite la colère de moult artistes, parce qu’il aurait participé, en 2014, à un événement à Hébron, colonie israélienne illégale au regard du droit international.
Quand l’équipe de football d’Espagne menace de boycotter la Coupe du monde 2026 si Israël venait à décrocher son billet pour le tournoi, et que la campagne GameOverIsrael, lancée à Times Square, appelle les fédérations de football européennes à boycotter Israël,
Quand la synagogue de Sète est vandalisée. Que des mains rouges et des étoiles de David sont taguées par dizaines, cet été, sur des immeubles. Des commerces, des synagogues. Quand le Mémorial de la Shoah est aspergé de peinture verte…
Quand se succèdent les désinvitations sur les plateaux télé, lesquels ont pigé qu’il n’y a rien de plus vendeur qu’un Juif qui accuse Israël, un Élie Barnavi, un Ehud Olmert ou un Ehud Barak ressortis de l’oubli et devenus conférenciers anti-israélien,
Quand se retrouve boycottés l’un des 3 plus grands instituts de recherche bio médicale et la seule université de technologie scientifique du Moyen-Orient,
Quand des joueurs d’échecs israéliens inscrits à un tournoi en Espagne se voient notifier par la Fédération Internationale d’échecs qu’ils ne pourront pas concourir sous leur drapeau national, mais sous un drapeau neutre,
Quand, à Paris 1 Panthéon Sorbonne, des étudiants juifs sont exclus des groupes d’étude whatsapp sur la base de leur nom : «On ne veut pas de vous ici, Sionistes», leur a-t-il été dit, et que sur un autre groupe WhatsApp, un sondage surgit: Alors : Les juifs- Pour ou contre ?
Quand le Premier secrétaire du Parti socialiste français veut à son tour imposer aux Juifs de France une opinion uniforme sur la question palestinienne et leur explique quasiment comment fêter Roch Hachana : Pas de pomme, pas de miel, … sauf si vous y ajoutez un drapeau palestinien et un autocollant « Free Gaza » sur la table,
Quand on apprend qu’un Steeve Suissa est boycotté, qu’on lit, relatés par le NYT, les propos de ce producteur juif qui dit : « Je n’ai jamais été quelqu’un de très attentif à mon identité ou à ma religion (…) Mais la semaine dernière, je me suis réveillé et je me suis senti marginalisé. Marginalisé étant un mot faible, les juifs de Hollywood ayant été expulsés du monde qu’ils avaient eux-mêmes créé»,
Quand, de Hollywood à Cannes, des «personnalités du cinéma» dénoncent le génocide à Gaza,
Quand des absences de réponses ou des refus non motivés à des demandes de participation à des colloques se répètent, que le téléphone ne sonne plus, Que des demandes de bourses ou de subventions pour des programmes de recherche sont refusées,
Quand à la Cour pénale internationale, d’improbables « commissions d’enquête » accusent Israël de génocide,
Quand on découvre No Music for genocide, cette campagne internationale qui appelle les artistes à retirer leurs catalogues musicaux des plateformes de streaming en Israël.
Et quand, pour tout parachever, notre président pris d’une passion folle ose venir donner des leçons à Israël avant que de se rendre à New York demain lundi où il reconnaîtra, à 21h 30, le soir de Rosh Hashana– l’État de Palestine appelé de ses vœux, «sans conditions»,
Une poignée d’exemples parmi des centaines d’autres, ciblant tous des Israéliens – ou Israël – et tous les Juifs- et toujours au nom de la Palestine.
Alors, lucides, nous pouvons légitimement interroger la raison -les raisons de la chose-, et déduire que bien évidemment Il ne s’agit pas de solidarité avec Gaza, mais d’antisémitisme. De persécution des Juifs. Et nous demander comment donc Ils ont fait, tous ceux-là, avant le 7 octobre, pour contenir cette haine anti-juive. Mais caramba : toutes les bondes ont sauté. La chasse aux juifs est de nouveau autorisée, la bonne vieille haine du juif, aujourd’hui drapée dans la virginale toge de la lutte pour la « libération de la Palestine ».
Une ligne de conduite, une mécanique, s’est mise en place : à l’heure où la croix gammée ne peut plus être exhibée sans déclencher, selon les pays, des poursuites pénales ou une réprobation unanime, Ils ont trouvé un subterfuge : repeindre la haine aux couleurs d’une cause: voilà le drapeau palestinien devenu le masque d’une hostilité ancienne et récurrente : l’antisémitisme.
«Nous sommes malades. Le Juif bouc émissaire, Israël bouc émissaire, une histoire sans fin, un formidable entortillement dans lequel nos démocraties se voient prises», me disait mon ami Olivier Ypsilantis.
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Mais
Mais voilà l’humour. Celui qui panse nos plaies. L’humour thérapie. L’humour salvateur. L’humour juif. Voilà notre auteur, l’Etoile de David, qui propose la création de la carte de fidélité Shame Miles : À chaque déclaration contre Israël, un penseur accumulera des points dans le grand programme de récompenses du reniement stratégique : 3 000 Shame Miles par exemple pour un portrait élogieux dans Libération titré : “Le courage discret de penser contre sa tribu”. 12 000 Miles pour un dîner privé avec Judith Butler et Roger Waters.15 000 Miles pour la direction d’un comité d’éthique à l’ONU, où il sera expliqué que la vraie Shoah est celle que vivent les Palestiniens à cause des checkpoints israéliens.
Voilà aussi la mobilisation magnifique d’auteurs, de libraires, éditeurs, journalistes, qui annoncent leur désistement si Raphaël Enthoven, ou tout autre écrivain, se retrouve désinvité. Privé de salon, faute à des paroles qui n’ont pas eu l’heur de plaire.
Voilà le chancelier allemand qui déclare devant les fidèles et les responsables de la communauté juive : « En tant que chancelier, en tant qu’Allemand, en tant que personne ayant grandi avec la promesse de ‘plus jamais ça’, j’ai honte ».
Voilà le «soutien» du Théâtre des Champs-Élysées à l’endroit de Lahav Shani, Voilà l’Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise et ses musiciens issus de plus de 20 nations, cultures et religions qui disent NON : Exclure un artiste comme Lahav Shani contredit tout ce que nous défendons.
Voilà le géant hollywoodien Paramount qui condamne clairement l’appel au boycott d’Israël dans l’industrie du cinéma,
Voilà Chochana Boukhobza qui écrit : «J’ai décidé de soutenir les sportifs israéliens, les musiciens israéliens, les écrivains israéliens, les scientifiques israéliens, et pas seulement les sportifs, les musiciens, les écrivains, les scientifiques juifs. Vous nous isolez ? Nous nous renforçons. Vous nous excluez ? Nous nous élevons. Vous voulez nous abattre ? Nous nous dépassons. Nous sommes liés aux faisceaux des vivants – car nos morts, nous, nous les appelons vivants – . Ce sont eux qui nous insufflent le désir de verser sur le monde encore plus de lumière, d’humanité, d’intelligence, de talents, de génie, de virtuosité.
Voilà Philippe Toretton qui dit : Je ne pensais pas que l’on verrait ce chiffre s’afficher sur nos écrans. Je ne pensais pas qu’il serait possible que le monde accepte ça. Car ce chiffre démentiel est la preuve que nous avons, finalement, accepté l’inacceptable. Ce chiffre est une défaillance humaine planétaire. 700 jours de libération, en revanche, de la parole et de la pensée antisémite…
Voilà cette tribune contre le boycott culturel anti-Israël et anti-Juifs que les auteurs ont réussi à faire publier dans Le Monde (mais en accès restreint -faut pas pousser -et avec un titre d’où les mots Israël et Juifs sont absents, quand même…)
Alors, à l’instar de Richard Abitbol, je m’adresserai aux Politiques: Mesdames et Messieurs les Politiques, les Juifs ne se laisseront plus faire. La mémoire et la dignité les poussent désormais à résister.
Shana Tova, chers auditeurs. L’an prochain à Jérusalem, oui, mais seulement si on veut.
© Sarah Cattan