Tribune Juive

Un tiers des jeunes Français sont aujourd’hui mûrs pour de nouvelles chasses aux Juifs

Par Jean Mizrahi

Un tiers des jeunes Français sont aujourd’hui mûrs pour de nouvelles chasses aux Juifs. C’est un sondage, ce n’est pas une impression vague. En l’espace de quelques années, huit décennies de mémoire douloureuse ont été balayées d’un revers de manche idéologique. Auschwitz, Treblinka, Sobibor, Maïdanek, Drancy, Vel d’Hiv, tout cela a été recyclé en vieilles images sépia, bonnes pour des manuels scolaires que les enseignants n’osent même plus ouvrir à ces pages-là, et sans effet sur le présent.

Merci qui ? Merci à la gauche française, ce camp de la « morale » qui a patiemment déconstruit la mémoire de la Shoah pour la remplacer par son nouveau catéchisme : la Palestine comme centre de gravité moral du monde. Merci à ces professeurs d’université, ces intellectuels sous perfusion publique, ces « chercheurs » dont la recherche consiste à traquer le racisme partout sauf quand il vise les Juifs.

Et merci surtout aux médias, cette fabrique d’opinion qui se croit libre alors qu’elle tourne en rond dans la même bulle idéologique. Pourquoi ? Parce que leurs journalistes sortent tous des mêmes écoles, des écoles où l’on n’apprend plus la rigueur, mais l’indignation automatique et la reprise des dépêches AFP. Des esprits calibrés, tous nourris au même lait : le prêt-à-penser de gauche.

Résultat : dans les têtes de nos vingt ans, le Juif est redevenu ce qu’il était dans les pires heures de l’histoire: l’Autre, l’éternel coupable, l’ennemi commode. On ne dit plus « sale Juif » (et encore…), ce serait un peu trop visible, trop directement nazi. On dit « sioniste », « colon », « génocidaire ». Mais la fonction rhétorique est la même : diaboliser, désigner comme intolérable, indigne d’exister.

Ainsi, le travail de mémoire qui devait protéger l’Europe s’effondre sous nos yeux, non pas sous les coups de l’extrême droite néonazie, mais bien sous ceux de la gauche culturelle et médiatique. Et demain, qui ira expliquer aux survivants et aux enfants des déportés que l’on n’a rien vu venir ? Que les chasses d’hier redeviennent possibles parce que l’on a choisi de cultiver l’oubli, la complaisance et la haine recyclée.

© Jean Mizrahi

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