
Il y a quelque chose de troublant dans la mise en scène de la flottille pour Gaza, cuvée septembre 2025. À voir les images et les vidéos qui tournent sur le net, on comprend vite que ce n’est pas tant la cause affichée qui compte que l’énergie qu’elle dégage. Les participants ne ressemblent pas à des militants rationnels. Ils apparaissent plutôt comme les adeptes d’une expérience quasi-sectaire.
La plupart ne connait ni Gaza, ni l’histoire du conflit, encore moins les réalités du terrain. Ce qu’ils semblent venir chercher est ailleurs : une appartenance et un sens. L’idéologie agit ici comme une drogue. Elle procure un shoot d’adrénaline et efface le sentiment de vide. Soudain, chacun se sent héroïque ou membre d’une confrérie sacrée.
La dynamique est évidemment toujours la même: On se congratule, on se filme, on se raconte une aventure extraordinaire. Tandis que le réel n’a plus droit de cité, les contradictions disparaissent et les faits sont balayés. Comme dans toutes les sectes, la logique est binaire : nous, les purs ; eux, les coupables. Bien sûr toute nuance est perçue comme une trahison et toute critique vue comme une menace.
Ce n’est donc pas la défense des Palestiniens qui mobilise ces foules hétéroclites, mais bien l’ivresse collective : celle d’être ensemble, de s’opposer, de se rêver en héros d’une épopée imaginaire. Il ne s’agit pas là d’une mobilisation pour la justice ni d’un engagement réfléchi. C’est juste une dépendance à l’illusion, une mise en scène où l’ennemi Israël sert de décor commode à ceux qui cherchent une identité et une cause à habiter.
