
Donc, bientôt le 22 ! C’est le moment de faire vos jeux : au final, quand la roue de l’Histoire aura fini de tourner, on aura quoi ? Un seul État, juif – Israël plus la Judée-Samarie ; ou un seul État, arabe – « de la rivière à la mer » ? Ou deux États, un juif et un arabe ? Ou trois États, un juif et deux arabes, Trans plus Cisjordanie d’un côté, Égypte de l’autre ? Ou zéro État, mais un Califat ?
Allez, ne soyez pas timide, jetez vos jetons sur le tapis rouge-sang de la géopolitique ! Regardez Emmanuel Macron : il a misé, lui, il a même fait « tapis » en mettant tous ses jetons, c’est-à-dire la France, sur la case « deux États ». Le deuxième État, c’est même lui qui va le proclamer – pas le créer, il ne faut rien exagérer – du haut de la tribune de l’Assemblée générale des Nations, unies contre Israël.
Remarquez, il a hésité avant de jouer. Il s’est d’abord vu en leader d’une coalition, la coalition des braves qu’il aurait menée à l’assaut du Hamas pour aller délivrer les otages. Mais quand il s’est retourné, il a vu qu’il n’y avait personne derrière lui. Alors il s’est institué leader d’une autre coalition, la coalition des lâcheurs. Et même la coalition des lâches. Et là, il y avait du monde. C’est au vu de tout ce monde qu’il a fait « banco » pour le deuxième État. Mais il n’est pas sûr que le gain, à l’échelle de l’Histoire, soit à la hauteur de ses espérances. Car, à l’échelle de l’Histoire, il ne s’agit pas du tout de créer un État, mais d’en supprimer un : celui des Barbares.
Et puisque le monde carbure à l’image (ce qui certes n’est pas nouveau) comme celles des enfants de Gaza faméliques (parce que malades) ou tendant des gamelles vides (à des photographes), en voici une, d’image, symbolisant à la perfection cet État des Barbares. C’est une image de ses miliciens (on n’ose écrire « combattants » comme d’autres le font) :
Monsieur le Président, cette image est pour vous. Elle a été prise un certain 7 octobre 2023 (vous vous souvenez de cette date ?) par un prétendu journaliste. Elle a même obtenu un prix prestigieux dans un festival de photojournalisme non moins prestigieux. Les lecteurs de Tribune juive l’ont déjà vue car Thomas Stern l’y a analysée avec précision, démontrant angle par angle qu’elle n’a pas pu être prise par un « photojournaliste » neutre « embedded » avec « l’armée » du Hamas, mais bien par un complice des barbares. Celui-ci a d’ailleurs un « collègue » à bord de la camionnette qui prend, lui aussi, des photos.
Mais aujourd’hui, peu importe qui, journaliste ou complice, a pris cette photo. Elle existe et c’est tant mieux. Et elle, elle est « vraie ». Elle est pour vous, Monsieur le Président, car c’est celle des « soldats » du futur État que vous appelez désormais de vos vœux. Regardez l’image de plus près. Distinguez-vous maintenant le corps dénudé de la femme qu’ils ont jetée à l’arrière de la camionnette ? On le voit mal car il est à moitié dissimulé sous les croquenots de ces barbares hurlants, mais il est bien là.
Barbares, barbares, barbares : il faut répéter ce mot pour bien s’en pénétrer. Il ne s’agit plus d’un combat « à la régulière », même si dans cette arène moyen-orientale on pouvait considérer, jusqu’au 7 octobre, que le combat était inégal entre un Israël surarmé et des Palestiniens moins bien fournis, et par conséquent accorder notre sympathie de lointains spectateurs, engagés ou non, à ces derniers. Ce n’est plus possible : la barbarie a fondu sur la Palestine. Cette barbarie a un nom : l’islamisme. Et nous n’ajouterons pas : « radical », histoire de, lâchement, nous dédouaner… puisqu’il est question ici de lâcheté.
Oui, la barbarie islamiste a fondu sur la Palestine : voilà le fait nouveau, le fait majeur que le 7 octobre a mis en pleine lumière, et qu’Emmanuel Macron feint de ne pas voir en se prenant d’une subite et urgente passion pour un « deuxième » État de Palestine. Ce deuxième État du reste tant de fois refusé par la partie arabo-palestinienne, en 1947, en 2000, en 2001, etc., et parfois par la partie israélienne, c’est vrai. Mais toutes ces discussions – certes infructueuses – étaient encore possibles tant que le barbaro-islamisme ne régnait pas en maître sur trop d’esprits palestiniens. Aujourd’hui, c’est trop tard. La barbarie est trop avancée, et pas seulement en Palestine, d’ailleurs.
S’il s’agit de combattre la barbarie, et il s’agit bien de cela, alors il faut s’en donner les moyens. Pour vaincre la barbarie nazie, ceux qui n’avaient pas été envahis et soumis n’ont pas lésiné sur les moyens, eux ; aujourd’hui, pour vaincre la barbarie islamiste, lésiner sur les moyens, c’est faire preuve de lâcheté.
Quoi qu’il en coûte : il faut vaincre cette barbarie islamiste conquérante quoi qu’il en coûte. Une expression qu’aime bien le président de la République française, et qui s’applique, ou plutôt dans sa bouche s’appliquerait, beaucoup mieux à la situation présente qu’à l’abstraite et impersonnelle lutte contre le Covid.
En offrant, même symboliquement, un État aux barbares, il a préféré la soumission à la résistance, quoi qu’il en coûte. Dommage.
© Julien Brünn
Dernier ouvrage paru :
L’origine démocratique des génocides. Peuples génocidaires, élites suicidaires. L’harmattan. 2024