Tribune Juive

Olivier Faure ne peut se réfugier derrière les mots. Par Paul Germon

Le premier secrétaire du Parti socialiste aime rappeler qu’il s’est affranchi des influences idéologiques de son enfance. Pourtant, chacun sait que son père, issu d’une famille maurrassienne, a longtemps oscillé entre extrême droite nationaliste, CFDT, Parti socialiste, avant de revenir à droite. Cet héritage, Olivier Faure le connaît, et il s’en défend.

Mais on ne se défait pas de l’ombre d’une idéologie seulement en protestant. Encore faut-il que les actes et les paroles ne viennent pas en raviver la mémoire.

Lorsque M. Faure choisit de juxtaposer Rosh Hashanah, fête millénaire du peuple juif, et la question palestinienne, il ne commet pas seulement une maladresse : il réactive une vieille logique française, celle qui veut toujours lier l’identité juive à une guerre qui se déroule ailleurs.

Le conflit israélo-palestinien est bien sûr notre conflit à tous, car il touche nos consciences et nos sociétés. Mais ce que M. Faure a fait, c’est imposer aux Juifs de France une opinion uniforme, alors que leurs positions sont diverses, comme celles de tout citoyen. En réduisant leur fête religieuse à une prise de position politique, il commet une stigmatisation.

Loin de moi l’idée de faire de M. Faure un maurrassien. Mais n’y a-t-il pas un reste de capillarité idéologique lorsqu’il prononce de tels propos ignominieux ?

Les Juifs de France ont droit, eux aussi, à célébrer leur Nouvel an sans être sommés de parler d’une seule voix sur un conflit international. Et c’est à ce prix que l’on juge un responsable politique : non à ses dénégations, mais à ses paroles publiques.

© Paul Germon

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