Tribune Juive

Quand l’histoire bégaie : de la SFIO à LFI, la dérive antisémite de la gauche française

Par Richard Abitbol

Reconnaissance d’un État palestinien : Olivier Faure appelle à faire flotter le drapeau du pays sur les mairies le 22 septembre

A propos du 22 septembre 2025, Olivier Faure a franchi un cap. Répondant à un internaute qui lui rappelait que cette date coïncidait cette année avec Rosh Hashana, le Nouvel an juif, le Premier secrétaire du Parti socialiste n’a rien trouvé de mieux que d’écrire :

« Tant que vous penserez que vous ne pouvez fêter le nouvel an juif et l’an 1 d’un État palestinien, vous ne sèmerez que la haine, le désespoir et la mort. »

Ce n’est plus seulement de l’aveuglement, c’est un glissement pur et simple dans l’antisémitisme de posture. Comme si la légitimité d’une tradition plurimillénaire du peuple juif devait s’effacer devant le mythe d’un « État palestinien » — concept brandi comme une arme idéologique plus que comme une réalité politique. Autrement dit : la joie de célébrer le renouveau juif devient conditionnelle à la négation d’Israël. Vieille mécanique de l’Europe antisémite : transformer l’existence même du Juif en provocation.

Mais Olivier Faure n’est pas seul. François Hollande, ancien président de la République, s’est lui aussi précipité dans le précipice moral en tendant la main à LFI, ce parti dont l’antisémitisme n’est même plus un accident mais un ADN revendiqué. Et, dans le même souffle, il condamne le RN — qui, ironie de l’histoire, est aujourd’hui l’un des rares partis français à ne pas s’être vautré dans l’antisionisme délirant. Hollande, qui aurait pu demeurer une figure pondérée de la République, a préféré la compromission. En un seul geste, il a sali son passé et ruiné son avenir.

Le spectre de Vichy : Déat, Laval… et Faure ?

Faut-il rappeler que la SFIO, ancêtre du PS, ne sortit pas indemne de Vichy ? Faut-il rappeler que Marcel Déat, ministre du Travail du régime de collaboration, venait de la gauche socialiste ? Que Pierre Laval, lui aussi issu du radicalisme de gauche, fut l’un des plus zélés artisans de la persécution des Juifs ?

À chaque époque, une partie de la gauche française a choisi la compromission avec la haine. Hier, sous prétexte de « réalisme » face à l’Allemagne nazie. Aujourd’hui, sous couvert de « solidarité » avec un prétendu peuple palestinien transformé en icône sacrificielle. Toujours la même justification : la lâcheté maquillée en vertu.

Olivier Faure et François Hollande s’inscrivent dans cette lignée. Par ignorance ? Par cynisme ? Peu importe: l’effet est le même. Ils rejouent, à leur manière, la partition honteuse de Déat et Laval.

Macron, chef d’orchestre d’un requiem républicain

Mais ne nous y trompons pas : cette symphonie macabre a un chef d’orchestre. Emmanuel Macron. Depuis 2017, il a méthodiquement vidé la République de son sens, transformant les valeurs universelles en slogans creux, et substituant aux idéaux moraux une politique de cynisme absolu.

Son rapport à Israël et aux Juifs est révélateur : une logorrhée de circonstance, jamais suivie d’actes, toujours accompagnée de clins d’œil aux pires complaisances. Macron n’est pas un spectateur : il est l’architecte. L’homme qui, par sa duplicité, offre un vernis de respectabilité aux dérives les plus dangereuses.

Sous sa baguette, la gauche s’abandonne, la droite se tait, et le centre se glorifie de n’être rien. C’est un requiem qu’il dirige : celui des valeurs républicaines, celui de la morale en politique.

Le naufrage et les survivants

Dans ce naufrage, seuls deux blocs paraissent tenir debout : le RN et l’UDR. Non pas par miracle, mais parce qu’ils refusent — pour l’instant — de céder à la tentation de l’antisionisme antisémite. LR, lui, se mure dans le silence. Un silence qui, dans l’histoire française, a toujours été le prélude à la complicité.

Alors oui, il y a bien « quelque chose de pourri au royaume de France ». Ce quelque chose, c’est l’abdication morale de ses élites. Leur folie antisémite, recyclée en antisionisme « respectable ». Leur incapacité à tirer les leçons du passé. Leur volonté de rejouer, encore et toujours, le même drame : faire des Juifs les boucs émissaires commodes d’un désordre qu’ils refusent d’affronter.

Et comme toujours, l’histoire jugera. Mais cette fois, le tribunal de l’Histoire pourrait être sans appel.

Car l’histoire le montre inlassablement : quand la haine des Juifs prospère, ce n’est jamais seulement le malheur des Juifs, mais toujours le prélude à la ruine des nations qui l’abritent.

Les Juifs ne sont pas le problème, ils sont l’alerte. Un peuple millénaire, mémoire vivante des civilisations, baromètre infaillible de la santé morale des nations. Lorsqu’on les accuse, lorsqu’on les isole, lorsqu’on les charge de tous les maux, c’est en réalité la société tout entière qui s’empoisonne et prépare son propre effondrement.

Voilà le danger qui menace la France aujourd’hui : croire qu’en sacrifiant les Juifs sur l’autel d’un antisionisme à la mode, elle se rachètera auprès des foules ou des despotes étrangers. Elle se trompe : elle ne fait que signer son propre arrêt de mort moral et, bientôt, politique.

C’est cela que Faure, Hollande, et Macron refusent de comprendre. Et c’est cela qu’il faut leur rappeler sans relâche :

l’antisémitisme n’a jamais détruit les Juifs, il a toujours détruit les nations qui l’ont porté.‌‌

© Richard Abitbol

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