En cette rentrée scolaire 2025, le climat est inhabituellement tendu à Strasbourg comme ailleurs dans le monde.
L’actualité est stressante. Il ne se passe plus de jours sans qu’il y ait des agressions antisémites plus ou moins graves contre les personnes, généralement des juifs « visibles » ou identifiés , contre des biens ou contre des symboles du judaïsme.
Ces agressions, lorsque l’on retrouve les auteurs, sont généralement le fait d’une minorité mais cette minorité est agissante, hyper active et elle se heurte parfois à de molles résistances qui ne font qu’empirer la situation.
En France, la rentrée des classes a été pesante dans bien des écoles juives.
Des élèves sont parfois suivis, houspillés et inquiétés. Certains parents reçoivent des crachats.
Des banderoles haineuses font leur apparition jusque dans l’environnement proche de la synagogue et les loups se transforment en agneaux qui seraient victimes de tags, ou de réactions hostiles.
Bien des juifs de tous âges sont contraints de modifier leurs habitudes, on sort moins, on ne va plus à la bibliothèque où les intimidations sont fréquentes.
On privilégie la voiture ou la marche à pied.
Tout ceci crée un climat lourd et pessimiste, de nombreuses familles reconsidérant leur avenir en France.
Depuis le 07 octobre j’accompagne bénévolement tous les juifs victimes d’agressions, outrages ou intimidation au dépôt de plainte, mettant mon savoir faire technique au service du droit des victimes.
Depuis le 07 octobre la situation se dégrade.
Les plaintes qui étaient souvent contre X parce que les agresseurs n’assumaient pas ce qu’ils faisaient sont à présent contre des personnes dénommées parce que les agresseurs se sentent à présent dans leur bon droit.
Ainsi récemment j’ai pu déposer plainte aux côtés du président d’un lieu de culte sur la boite aux lettres duquel une « bonne âme » avait apposé une affiche où était écrit entre autres « qu’il fallait faire dégager la juiverie sioniste ».
En France et singulièrement à Strasbourg, les autorités, que ce soit la Police ou la Justice, ne banalisent absolument pas ce phénomène et tentent de punir les coupables.
C’est un marqueur essentiel qui montre que tout n’est pas perdu.
Une recommandation prévaut donc dans la situation actuelle :
NE RIEN LAISSER PASSER
Il faut soigneusement conserver toutes les preuves de l’acte, des paroles de l’agression antisémite et déposer plainte avec un avocat que vous choisissez, le moment du dépôt de plainte étant celui essentiel du début de la procédure.
Pour dissuader les antisémites d’agir, pour éviter qu’il y ait d’autres victimes, pour se libérer même de la culpabilité d’être victime, il importe de déposer plainte, ce qui constitue le début de la reconstruction.
On souhaiterait pouvoir parler d’autre chose en septembre 2025 mais après tout, au moment des Selihot et juste avant les Yamim Moraïm, c’est toujours de la protection du peuple juif qu’il est question.
© Raphaël Nisand
Chroniqueur sur Radio Judaïca