Tribune Juive

Vous avez dit Réassurance, « Coalition des volontaires » ? L’Aventure dans l’inconnu

Ukraine, la coalition des Volontaires

Par Francis Moritz

26 pays de la coalition des volontaires, alliés de Kiev, se déclarent prêts à participer à cette nouvelle forme de cordon sécuritaire version 2025. La seule frontière terrestre qui sépare les deux belligérants est de plus de 1500 kms. Il faut donc ajouter les mesures prévues dans les airs et en mer.

Faute d’avoir reçu communication du contenu de cette formule, on ne peut que conjecturer   – S’agit-il d’une version type Finul au Moyen-Orient qui a démontré toute son inefficacité au Liban, ou d’une version africaine telle la Monusco en République démocratique du Congo présente depuis 2010 où le nombre des victimes, de millions de déplacés, continue de grimper.  Ce qui démontre l’impuissance de l’ONU à affronter le conflit qui oppose la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité, à son voisin. Ce qui explique que les États-Unis et l’Europe interviennent, hors mandat de l’ONU.

Ce qu’on croit avoir compris

Les États-Unis doivent encore donner des assurances, en cas de cesser le feu ou d’accord de paix, qui semblent encore très éloignés. Surtout après que Moscou vient de déclarer que « la présence de troupes étrangères en Ukraine serait assimilée à des cibles hostiles et donc légitimes, et traitées comme telles ».

La coalition ne peut qu’être partie complémentaire et utile à Washington, uniquement si le président Trump parvient à faire fléchir la Russie, son voisin au Conseil de sécurité. Il a clairement indiqué que la coalition porterait tout le poids de cette initiative.  Ce qui corrèlerait la position de la coalition qui considère son initiative comme vitale pour l’Europe. Ce qui implique automatiquement un engagement financier considérable pour une Europe dont certains pays n’ont clairement pas les moyens de leurs ambitions sécuritaires.

QUI PAIE ET COMMENT

Le 27 mai, le Conseil de l’Union européenne (qui n’a pas de fonction militaire au sein de l’UE) a décidé la création d’un fonds de défense de 150 milliards d’euros. Cet instrument, appelé SAFE (Security Action for Europe), doit permettra à l’UE de lever des capitaux sur les marchés financiers pour accorder des prêts aux États membres et financer des équipements stratégiques.

Il s’inscrit dans le cadre du plan ReArm Europe de 800 milliards d’euros en vue de doter l’Europe d’une véritable base industrielle de défense. Depuis 2024 les dépenses des budgets militaires ont littéralement explosé. L’Europe est en tête de cette progression avec 639 milliards de dollars, en phase avec l’exigence américaine de voir ces budgets atteindre 3% du PIB alors que l ‘OTAN, dont la France fait partie, a fixé son ambition à 5%. Ce n’est qu’en faisant appel à des emprunts massifs avec des intérêts croissants que les états pourront financer ces objectifs qui sont en totale opposition avec les problèmes économiques et sociaux auxquels les Européens sont confrontés.

A QUOI LES EUROPEENS S’ENGAGERAIENT

Le concept de réassurance en matière de frontières dans un contexte politique/diplomatique, ou plutôt dans un sens plus concret (sécurisation physique des frontières, contrôle, militaire) 

L’étape diplomatique est déjà franchie. 

La suite

La coalition se propose d’être présente en complément des assurances américaines,  inconnues à date :

1. Définition générale

La réassurance en matière de frontières vise à :

C’est à la fois une fonction défensive et un signal politique.

2. Moyens de réassurance sécuritaire x 3, sur terre, dans les airs et en mer

a) Présence militaire et forces de sécurité

c) Coopération bilatérale et multilatérale

d) Mesures politiques et psychologiques existantes


3. Objectifs stratégiques

  1. Stabilité interne : prévenir les tensions locales et rassurer les populations frontalières.
  2. Dissuasion externe : envoyer un signal clair aux acteurs étatiques ou non étatiques tentés de tester la vulnérabilité de la frontière.
  3. Prévention des crises : éviter que des incidents frontaliers ne dégénèrent en conflits armés.
  4. Renforcement de la souveraineté : montrer que l’État exerce un contrôle effectif et continu sur son territoire.

5. Limites et défis

6. Exemples concrets

OTAN (Europe de l’Est) : déploiement symbolique de troupes et de matériels en Pologne et dans les pays baltes pour les rassurer face à la menace russe.

7. Recommandations d’action

Court terme (immédiat, 0–6 mois)

Moyen terme (6 mois – 2 ans)

Long terme (2–5 ans)

FINANCEMENT PAR L’ENDETTEMENT : Qui paie ? Qui décide et combien ça va coûter ? Les peuples n’ont pas été consultés et n’ont rien décidé.

Voici les chiffres actualisés (début 2025) sur le ratio dette publique / PIB pour les plus grands pays européens, incluant la Grèce et le Royaume-Uni, source Commission européenne :


Endettement public (% du PIB) avant la Coalition des volontaires

PaysRatio dette publique / PIB
Grèce~152,5 % fin T1 
Italie~137,9 % fin T1 2025 
France~114,1 % fin T1 2025 
Espagne~103,5 % fin T1 2025 
Royaume-Uni~95,5 % fin avril 2025 ons.gov.uk
Allemagne~62,3 % début 2025 
Zone euro (moyenne)       ~87–88 % tous pays confondus

Les principaux acheteurs des dettes européennes (obligations d’État type OAT françaises, Bunds allemands, BTP italiens, etc.) se répartissent en plusieurs grandes catégories :


Acheteurs de dette publique – Europe (profil comparatif)

PaysActeur dominant 🇪🇺Institutionnels locauxInvestisseurs étrangersParticularités
Allemagne (Bunds)BCE + fonds de pension allemands & néerlandaisAssureurs (Allianz, Munich Re)Fonds US (BlackRock, Vanguard), banques centrales asiatiquesActif refuge, taux très bas, forte demande mondiale
France (OAT)BCE + assureurs français (AXA, CNP)Banques, caisses de retraiteFonds US, fonds souverains    du Golfe & AsieBonne liquidité, rôlepivot en zone euro
Italie (BTP)Banques italiennes + BCEAssureurs locaux, petits porteurs (BTP Italia)Fonds US, Japon, fonds souverainsForte détention domestique → réduit dépendance extérieure
Espagne (Bonos)BCE + banques espagnolesCaisses d’épargne, assurancesGestionnaires US, fonds souverainsMoins liquide que France/Allemagne mais rendements attractifs

La réassurance, dans une optique sécuritaire, est autant un instrument militaire qu’un message politique. Pour autant, elle n’a de sens et d’efficacité qu’en fonction directe de l’assurance non encore formulée des États-Unis et des moyens réels mis en œuvre. De plus elle ne se veut pas en premier rideau mais en retrait. Au vu des multiples conditions à remplir et des nouvelles contraintes qu’elle provoquera dans l’ensemble des pays impliqués, c’est un cercle vicieux qui ne peut se traduire que par de nouveaux défis et autant d’incertitudes sur la capacité européenne à obtenir et à maintenir une paix dont nul ne connaît encore ni la forme, ni le vrai prix.

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