
Alors que l’attention du monde est souvent détournée par les crises géopolitiques immédiates, un danger silencieux mais tangible prend forme en Iran. Tous les signaux sont au rouge : la République islamique semble se préparer à une nouvelle vague d’exécutions massives.
Le 10 août 2025, le chef du pouvoir judiciaire du régime a nié, sans sourciller, l’existence de prisonniers politiques en Iran. Pourtant, des organisations indépendantes estiment que plus de 3 700 personnes sont actuellement emprisonnées pour leurs opinions ou engagements politiques, et beaucoup sont soumises à la torture.
Plus inquiétant encore : les autorités ont annoncé vouloir transformer en parking la section 41 du cimetière de Behesht Zahra, lieu de sépulture de centaines de victimes des purges des années 1980. Il s’agit d’une tentative délibérée d’effacer les traces des crimes passés — un effacement physique de la mémoire collective.
Mais ce n’est pas tout. Le 27 juillet, deux prisonniers politiques — Mehdi Hassani et Behrouz Ehsani — ont été pendus, simplement pour leur appartenance à l’Organisation des Moudjahidines du peuple d’Iran. Quatorze autres attendent dans le couloir de la mort.
Face à ces actes, la logique du régime repose sur deux piliers : une peur panique d’un soulèvement intérieur, et une impunité totale garantie par l’inaction internationale.
Le rapport du professeur Javaid Rehman, ancien rapporteur spécial de l’ONU, est sans équivoque : les exécutions de 1981 et 1988 sont des crimes contre l’humanité, voire des actes de génocide. Pourtant, aucun dirigeant iranien n’a été inquiété à ce jour.
En parallèle, une forme inédite de résistance émerge depuis les prisons elles-mêmes. Le mouvement « Mardis contre les exécutions », lancé à la prison de Ghezel Hesar, s’est étendu à plus de 50 établissements pénitentiaires, avec des grèves de la faim hebdomadaires contre les pendaisons.
Le 6 septembre à Bruxelles, des milliers d’Iraniens et de défenseurs des droits humains se réuniront pour dire non à cette spirale meurtrière. Ce ne sera pas seulement une manifestation : ce sera un cri de mémoire, un refus de l’oubli, une ligne rouge face à l’effacement.
En 1789, la France adoptait la Déclaration des droits de l’homme. Aujourd’hui, ce sont des Iraniens qui luttent pour que cet idéal ne devienne pas un souvenir lointain. La vraie question est désormais : le reste du monde aura-t-il le courage d’écouter — ou laissera-t-il, une fois encore, l’Histoire se répéter ?
© Hamid Enayat
Politologue, spécialiste de l’Iran, Hamid Enayat collabore avec l’opposition démocratique iranienne (CNRI)