Tribune Juive

De la théologie de la substitution chrétienne à celle de l’islamo-palestinisme : Les Juifs face aux imposteurs de l’histoire sainte

Par Frédéric Sroussi

La théologie de la substitution fut une doctrine chrétienne qui affirmait que le christianisme s’était substitué au judaïsme : le prétendu « ancien Israël » représenté par les Juifs aurait été remplacé par le « nouvel Israël » représenté par les chrétiens (les Juifs étant « bannis » pour avoir toujours refusé de reconnaître Jésus comme le Messie ou le Sauveur et d’en être prétendument les « meurtriers »). 

Aux alentours de l’année 150, le christianisme franchit un pas supplémentaire en se revendiquant le « véritable Israël » (Verus Israel) qui aurait remplacé l' »ancien Israël » (Vetus Israel) dorénavant déchu. Les Pères de l’Église prétendaient donc que le rôle des Juifs était terminé et que les chrétiens les avaient remplacés. 

Ce dogme négationniste et cette forgerie inventés par les Pères de l’Église perdura des siècles, et fut même repris par un philosophe comme Hegel pour qui le rôle du judaïsme s’était « achevé depuis longtemps » prétendant que « le train de l’histoire (l’avait) abandonné » comme l’écrivit Yirmiyahu Yovel.

Même Vatican II garda le dogme du Verus Israel. Il faudra attendre 1980 et ce grand Pape de l’amitié judéo-chrétienne que fut Jean-Paul II pour que la théologie de la substitution soit d’une façon verbale « abrogée » lorsque le souverain pontife parla des Juifs comme le « peuple de Dieu de l’Ancienne alliance, qui n’a jamais été révoquée par Dieu ». 

Nous assistons – depuis des décennies maintenant – à une nouvelle « théologie de la substitution » qui ne dit pas son nom, mais qui est cette fois-ci revendiquée par l’islamo-Palestinisme.  La Terre d’Israël donnée par Dieu à la Nation d’Israël ( « Et vous saurez que Je suis l’Éternel, quand Je vous aurai menés au pays d’Israël, sur la terre que J’ai juré de donner à vos pères ». Ézéchiel 20:42) est revendiquée par un autre peuple, le peuple arabe.  La présence des Arabes sur la Terre d’Israël ne date pourtant que du VIIème siècle de l’ère chrétienne suite aux conquêtes militaires et coloniales du calife Omar qui venait évidemment comme tous les Arabes de la Péninsule arabique. 

Nous voyons que ceux qui se font appeler aujourd’hui les « Palestiniens » – terme qui n’a pourtant aucune relation étymologique et historique avec les Arabes et l’islam – ont substitué dans leur narration et iconographie une prétendue 

« Palestine » arabe à la terre historique d’Israël sur laquelle se trouvaient, aux alentours de 1000 avant l’ère chrétienne, le Royaume unifié d’Israël (l’islam et les conquêtes arabes ne datant que du VIIème siècle de l’ère chrétienne). Bien que le mot « Palestine » ne soit pas une seule fois présent dans le Coran, l’islam a reconstruit son histoire à partir de cette mystification antijuive qui consiste à faire croire qu’un pays qui n’a jamais existé (la « Palestine ») – et que même les Arabes considéraient jusqu’à la moitié du XXe siècle comme le pays des Juifs – serait devenu comme par enchantement une terre d’Islam qu’il faudrait (re)conquérir alors que pas une seule fois, je le répète,  dans le Coran, le terme « Palestine » n’apparaît !

Nous voyons que la carte d’une prétendue « Palestine » se substitue à celle de l’État juif dans les emblèmes des groupes terroristes antisémites tels que le FPLP, le Djihad Islamique Palestinien, le Fatah, le FDLP, etc. La mode est même aujourd’hui aux pendentifs portés par des ennemis de l’État juif, pendentifs qui reprennent eux aussi les contours exacts de l’État hébreu. Ces colliers sont pourtant évidemment portés depuis des décennies par des Juifs sionistes. 

Même le terme « antisémitisme » fait l’objet d’un tour de passe-passe, d’une substitution éhontée puisque les Arabes revendiquent maintenant ce vocable pour parler des personnes qui auraient des sentiments contre eux : les Arabes sont devenus les Sémites du mot « antisémite », alors que ce terme n’a toujours eu qu’un seul sens depuis 1860, celui qui définit la haine des Juifs.

Faire croire que les Juifs viendraient d’Europe et qu’ils seraient des « colons » relève de la propagande la plus abjecte et d’une ignorance crasse quant à la connaissance basique de l’histoire des migrations du peuple juif qui vécut en exil pendant deux-mille ans avant de rebâtir son État sur la terre ancestrale de ses ancêtres.

Nous le voyons, comme bien souvent en matière d’antisémitisme, l’islam s’est calqué sur les antisémitismes précédents (chrétien, soviétique, nazi, économique) pour construire un antisémitisme synthétisant tous les poncifs de la haine des Juifs.

Il est vrai que jusqu’au siècle dernier, quand la patrie était révérée, on reprochait aux Juifs de ne pas en avoir une, maintenant qu’ils en ont une on leur reproche leur patriotisme. Étrangement, l’ultra-nationalisme religieux « palestiniste »  est vu quant à lui d’un oeil énamouré par les islamo-wokistes ! Quelle hypocrisie ! 

Alors que l’Église a heureusement abrogé son corpus antisémite après la Shoah en laissant tomber en désuétude la théologie de la substitution, c’est le monde arabo-musulman et l’extrême gauche haineuse qui s’en sont emparés pour tenter de nouveau de remplacer l’original par une imposture religieuse et historique. Comme cela a échoué dans le passé, cela échouera dans le futur !

© Frédéric Sroussi 

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