Par Paul Germon

Le coupable idéal
Je suis un boomer.
Je suis un juif.
Je suis un immigré naturalisé.
Heureusement, la peine de mort a été abolie.
Sinon, je sais bien qui on mettrait sur l’échafaud.
Je suis arrivé en France avec cinquante francs en poche et l’envie de réussir.
L’envie de réussir sans vivre aux crochets de l’État.
Pas le choix : pas de subventions, pas d’aides sociales.
Rien d’autre que la gratuité de l’université et le formidable accueil de cette admirable République.
J’ai assumé mes parents, j’ai assumé mes enfants.
J’ai travaillé soixante heures par semaine, sans vacances dorées.
En impôts, en charges sociales, en cotisations de retraite, j’ai financé la retraite de nos aînés.
J’ai payé des millions.
Et pourtant, me voilà devenu le coupable idéal.
Car il ne faut surtout pas toucher au vrai problème : l’excès de dépenses publiques.
Alors on noie le poisson.
On invente des coupables de substitution :
• Les bars-tabacs chinois, forcément responsables de la dépendance nationale à la clope.
• Les toiletteurs pour caniches, qui ruinent la Sécu à coups de brushing.
• Les cafés kabyles, accusés d’avoir fait sombrer la République dans le pastis.
• Les supérettes djerbiennes, coupables d’ouvrir le dimanche et de vendre trop de tomates.
• Les réparateurs d’ordinateurs chinois du métro Montgallet, coupables de ressusciter nos PC fatigués.
• Les paysagistes « français de souche », suspects avec leurs tondeuses bruyantes et forcément complotistes.
• Les paysans, coupables d’avoir eu l’audace de continuer à nourrir le pays avec du fromage qui pue.
• Les caissières de supermarché, esclaves des cadences infernales et pourtant accusées d’être trop lentes.
• Les cabinets d’avocats aux horaires surhumains, coupables de survivre sans dormir.
• Les experts-comptables et leurs équipes, submergés et persécutés par des administrations tatillonnes.
• Les artisans aux horaires impossibles, accusés de vouloir simplement gagner leur vie.
Et eux ?
Bayrou, lettré, ferait un bon lecteur de Girard. Macron, acteur-né, jouerait plutôt Tartuffe.
Mais à deux, ils pratiquent la vieille recette des couards : sacrifier les uns pour flatter les autres.
Sacrifier les boomers aujourd’hui, comme Macron sacrifie les Juifs de France à l’aune de sa propre gloire.
La méthode est vieille comme le monde.
La République des couards a trouvé son secret : un bouc émissaire par quinquennat.
Et si nous remplacions Président et Ministres par de l’IA , nous règlerions peut être le problème du déficit, de la dette, avec du courage politique ?
© Paul Germon

Ah Ah ah!!! Et Toc!!La pauvre plouc que je suis à tout compris . Mais lla haut … ils sont si haut calfeutrés dans des privilèges désormais injustifiés , mais protégés par eux mêmes… trop haut pour lire cette belle et réaliste profession de foi
Bien vu ! Signé un boomer avec 47 annuités d’activité au compteur. 👍🇫🇷🇮🇱