Diabolisons, diabolisons…

Le 26 août 2025, le New York Times a rendu un hommage-vidéo à Mariam Dagga, une « journaliste » de Gaza, tuée lundi 25 août, par une frappe israélienne visant l’hôpital Nasser de Gaza. Voilée, 33 ans, Mariam était «basée à l’hôpital », rapporte la vidéo. De là, elle a documenté « le retrait » des troupes israéliennes en avril 2024 (images de dévastation) ; l’enterrement des « victimes » de l’armée israélienne (images d’hommes creusant des tombes (on voit les tombes mais pas les corps). « En tant que mère », ajoute la vidéo, Mariam Dagga s’intéressait aux histoires d’enfants (images d’un homme portant un nourrisson – une poupée ? Un enfant mort ? Vivant ? – apparemment sorti des décombres… sauf que les linges qui enveloppent le bébé sont immaculés). Mariam a aussi « documenté » les dernières heures d’un prématuré dont la mère a été tuée dans une frappe israélienne. À ses funérailles, la famille de Mariam affirme qu’elle était une « personne gentille et attentionnée ».
La vidéo ne rappelle pas, comme le fait le journaliste Andrew Fox, qu’« en février 2024, l’armée israélienne a arrêté plus de 100 miliciens à l’intérieur de l’hôpital Nasser »… « Sharon Aloni Cunio, otage israélienne libérée, avait déclaré à CNN que jusqu’à 35 otages israéliens avaient été retenus à l’hôpital Nasser. (…) En janvier 2025, des militants ont été filmés défilant en formation devant l’hôpital pendant un cessez-le-feu. En avril, le directeur des soins infirmiers de l’hôpital, le Dr Mohammed Saqer, a révélé dans un message sur les réseaux sociaux, depuis supprimé, que le Jihad islamique l’avait menacé pour avoir rouvert les services aux patients plutôt que de dédier les installations aux personnes déplacées ».
Que faisait Mariam Dagga en compagnie de six autres « journalistes », à l’hôpital Nasser ce jour-là ? Elle guettait. Selon des sources israéliennes(celle-ci, et celle-là), des caméras installées sur un mur extérieur de l’hôpital informaient le Hamas sur la circulation des troupes israéliennes, facilitant ainsi une embuscade ou des tirs de sniper.
Un obus de tank a mis fin à la menace ainsi qu’à la vie de Mariam Dagga, pseudo-journaliste et milicienne du Hamas.
Cet hommage-vidéo du NYT à Mariam Dagga est le reflet de la connivence qui lie les médias occidentaux au Hamas, une organisation terroriste islamiste.
Quel est le but de cette connivence ? Diaboliser Israël, l’exclure du concert des nations.
Les autres caractéristiques de cette connivence sont:
1. Les chiffres du Hamas repris sans vérification
La revue Le Grand Continent explique « que toutes les analyses indépendantes récentes sur le nombre de morts dans la bande de Gaza concluent qu’un chiffrage précis et défini est irréaliste compte tenu de la destruction d’une partie du système hospitalier de l’enclave ainsi que des victimes dont le corps se situe toujours dans des décombres ».
Cela n’a pas empêché les médias de reprendre les bilans du « ministère de la santé » de Gaza (contrôlé par le Hamas). Ainsi, Courrier International affirmeque la proportion de civils parmi les victimes est « sans précédent dans les guerres modernes » ; Mediapart estime le pourcentage de civils parmi les morts à « 83% » ; l’UNICEF joue la partition des « enfants pris au piège », The Lancet, revue médicale qui a mis depuis longtemps sa réputation au service de la « cause palestinienne », affirme « que le nombre de morts est sous-estimé de 40% »… etc.
2. La rhétorique de la famine
Israël ne cible pas seulement les civils à coups de bombes, il les affame aussi.
Le Monde et France 24 parlent d’« impunité » (israélienne). La BBC accuse les « politiques d’Israël » ; Libération nous jure sur l’honneur que l’ONU n’a pas trafiqué ses critères de mesure de la famine ; Emmanuel Macron déclare que « la famine à Gaza est un crime qui doit cesser » ; le Vatican estime que la famine « viole la convention sur la prévention et la punition du génocide » et l’Arab Center de Washington juge qu’il existe un « consensus croissant » sur la réalité du génocide à Gaza…
3. Le vocabulaire du génocide
Bombes et famine mènent tout droit au « génocide ».
France Info a trouvé trois experts pour certifier qu’un « génocide » est commis à Gaza ; Le Monde fait appel à deux ONG israéliennes pour « appeler le génocide par son nom» ; Ouest-France a trouvé un « Conseil des Sages » pour dénoncer le « génocide » ; Al Jazeera rend compte des manifestations en Australie contre le « génocide » ; pour Amnesty, « Israël use de la famine pour commettre un génocide » ; Human Rights Watch s’effraie du « dernier plan israélien qui se rapproche de l’extermination ».
4. Le lexique du nettoyage ethnique
Al Jazeera s’interroge sur les milices tribales qui aident Israël à pratiquer le nettoyage ethnique à Gaza ; Le World Socialist Web Site affirme que Netanyahou « appelle au nettoyage ethnique » ; The Guardian prétendqu’Israël est « accusé de nettoyage ethnique » après le décès de 140 personnes ; sans oublier Radio France, Médecins sans Frontières, l’Humanité, Vatican News, l’Orient-le Jour…
5. Surmédiatiser la « souffrance » palestinienne
La Croix s’indigne que les Israéliens « voient très peu la souffrance palestinienne » ; TV5Monde juge « intolérable » le niveau de souffrance des Gazaouis ; Le Parisien évoque cette « faim et la souffrance qui indignent le monde » ; CNN constate la « souffrance » due à la famine ; le média américain PBS souligne le caractère « horrifiant » des souffrances palestiniennes ; NBC estime que les Palestiniens craignent un surcroît de souffrances après l’annonce de l’offensive à Gaza.
Des médias comme Acrimed, un site de réflexion sur les médias (« Nous refusons le silence »), comme Arrêts sur Image (« Invisibilisation »), comme Radio France accusent les médias de masquer « la souffrance » des Palestiniens. L’abondance des images n’empêcherait pas l’invisibilisation » de la souffrance. Il faudrait y noyer le public.
BILAN
Il ne s’agit pas ici de nier que la guerre Israël-Hamas génère de la souffrance, de la peur, des traumatismes au sein de la population dite civile. Mais que cette souffrance devienne le sujet principal de l’information, indique :
- une désagrégation des standards journalistiques
- un primat de l’émotion sur la vérification
- un brouillage de la frontière entre témoignage et propagande
· et surtout une volonté de diaboliser les juifs et Israël.
Cette désagrégation de la qualité de l’information n’est pas générale. Hors Israël/Gaza, l’information fonctionne très bien. Mais dès qu’il s’agit d’Israël, d’autres critères se mettent en place.
Dans un texte précédent intitulé « Génocide, génocide… », ce blog, Décryptages, a montré qu’une équation nouvelle : « Juif = nazi / Palestinien = juif persécuté par les juifs » s’était, quarante ans durant, progressivement mise en place. Patiemment, guerre après guerre, une stratégie islamiste a retourné contre les juifs la culpabilité des Européens concernant la Shoah. Cette culpabilité est aujourd’hui transformée en agressivité contre les juifs et Israël.
Le résultat est une couverture médiatique déséquilibrée où l’opinion publique occidentale est submergée par la souffrance de la victime palestinienne au détriment d’une compréhension réelle du conflit et de ses enjeux.
« Les vacances sont terminées »
Ce « naufrage journalistique » n’est pas un épisode malheureux qui se refermera aussi facilement qu’il s’est ouvert. Il marque peut-être la fin des vacances. Laurent Cudkowicz, auteur de SAMMO (Savoir analyser les maux du Moyen Orient), pense que le 7 octobre 2023, a clos la parenthèse de tolérance envers les juifs qui a été ouverte après la Shoah. « Les vacances de l’Histoire sont terminées… Nous sommes revenus au régime qui nous a été imposé au cours des 2000 dernières années, à l’exception notoire des 80 ans qui viennent de s’écouler. »
© Yves Mamou
Source: MAMOUmamou.substack.com
https://mamou.substack.com/p/gaza-la-connivence-medias-hamas