Un antisémitisme d’opportunité. Par Marc Reisinger

UN ANTISÉMITISME D’OPPORTUNITÉ surgit brutalement chez des gens qui, pour le reste, ne publiaient que des petites fleurs et des petits chats, ne s’intéressent pas le moins du monde à la politique et n’y comprennent rien. Ils baignent dans l’amour universel, mais comme dit Freud : « Une religion universelle d’amour et de tolérance ne peut exister que si l’on s’accorde à haïr un tiers » – soit un bouc émissaire.

Leur haine suspecte d’Israël jaillit, comme le vieil archétype médiéval des Juifs responsables de la peste. « On a vu souvent rejaillir le feu de l’ancien volcan qu’on croyait trop vieux », chantait Brel. Ce volcan surgit aussi de manière inattendue, mais nettement moins romantique.

Des petits bourgeois propres sur eux, des mémés à chat, des bien-pensants de gauche de droite et du milieu, des socialistes et des francs-maçons, se découvrent des vocations de polémiste à la Drumont, l’auteur de « La France Juive », dont les idées ont été amplifiées par l’affaire Dreyfus à la fin du 19e siècle.

Ils tombent dans l’antijudaïsme comme des fruits mûrs, échauffés par les médias qui distillent quotidiennement la propagande du Hamas et la désinformation sur Israël. Ils ne se rendent pas compte qu’ils ne font que régurgiter le trop-plein de ce qu’on leur fait avaler depuis deux ans. La propagande antijuive post 7 octobre devra être un jour analysée dans l’encyclopédie de l’antisémitisme.

La seule thérapie que j’entrevois pour eux consiste à les mettre à la place du bouc-émissaire. Dans la meute, ils se sentent « couverts ». Ciblés individuellement, ils sont nettement moins à l’aise et détalent comme des lapins. Ils font mine d’avoir quelque chose à dire, mais dès qu’on les écoute ils prennent la poudre d’escampette, tel cet artiste dont les caricatures antijuives ont fait scandale, avant qu’il les retire piteusement en avouant : « Je suis un lâche, je pense à ma survie et à mes fesses » – comme si les méchants Juifs menaçaient sa vie…

© Marc Reisenger

Marc Reisinger est psychiatre et anthropologue. Il est notamment l’auteur de « Lacan l’Insondable » ou « Opération Merah »

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3 Comments

  1. Brillante analyse que j’ai pu vérifier dans mon petit monde. Des personnes que je croyais insoupçonnables m’ont sorti des propos immondes ! Résultat : mon carnet d’adresses a considérablement minci, les ami(e)s qui me sont restés sont presque exclusivement…juifs. J’assume être du côté d’Israël et du peuple juif. Inconditionnellement.

  2. Cet article sur le fond est très juste mais il omet l’essentiel, c’est de citer le coeur du tsunami antisémite qui n’est pas le vieux français de souche mais l’immigration atabo musulmane relayée par ses collabeurs d’extrême gauche, LFI en tête. Sans cibler le cœur du mal, il sera impossible de le combattre.

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