Tribune Juive

Pitoyable et irrecevable réaction de l’Élysée à Netanyahou. Par Pierre Saba

Emmanuel Macron et Benjamin Netanyahou, le 24 octobre 2023. POOL – Christophe Ena

Réagissant à un courrier émanant du premier ministre de l’État d’Israël, la présidence de la république française assure notamment que « la république protège et protègera toujours les Juifs ».

Cette nouvelle distorsion de la présidence française est préoccupante sur le plan du respect des institutions et sur celui de la réalité sécuritaire que subissent les concitoyens de confession juive.

A cet effet, il est extravagant d’avoir à rappeler à la présidence française les éléments suivants.

1- La république, comme il est dit, n’a pas à « protéger les Juifs », qui ne sont pas des sujets passifs de Droit mais des citoyens de plein exercice !

2- Le vocabulaire employé à l’endroit des concitoyens de confession juive date d’avant la Révolution française. Il indique les risques et dangers qu’ils subissent chez eux et dans l’espace public. 

3- Ce vocabulaire d’un autre temps livre une piteuse réponse aux inquiétudes que suscitent en France et dans le monde la dégradation pour les citoyens français juifs de leurs droits élémentaires de la personne humaine, la violation de la Constitution sur les dispositions y relatives, des Traités européens et internationaux, de la Déclaration universelle des droits humains, et la liste n’est pas exhaustive.

4- La Constitution de la Vème République assigne aux institutions – au premier rang desquelles la présidence de la république – d’assurer la sécurité des citoyens sans distinction aucune.

5- La loi organique ne permet aucun manquement à l’égalité des droits, dont ceux relevant de la sécurité privée et publique, entre les citoyens, quelles que soient leurs confessions.

6- Les propos du président sur les « tueries d’enfants », « les famines », « peut-être le génocide » qu’il consigne régulièrement à Israël en dépit de la réalité qu’il sait et qu’il feint d’ignorer, les interdictions répétées de présentation de matériel israélien en salons commerciaux, avec contrôles d’identités à l’entrée et sur la base de recommandation fondée sur la patronymie et la confession des participants, etc., autant d’abjections prohibées par la loi civile, la loi pénale, la loi organique et perpétrées en toute impunité sous la responsabilité de celui qui a en charge leurs respects!

7- La sécurité des enfants de confession juive n’est plus assurée dans de nombreux établissements scolaires publics.  Leur nombre y est désormais résiduel. Leurs déplacements en réseaux scolaires payants et confessionnels est une révoltante injustice qui apparemment échappe à la présidence.

8- Il en est de même des migrations intérieures de familles juives contraintes de quitter leurs quartiers ou leurs villes sur les avis de police, laissant la place aux délinquants et criminels par une inversion de la norme de Droit!

9- Les attaques publiques, diffusées, répétées « ad nauseam » par le président Macron contre Israël et ses silences relatifs à la perte progressive pour les Français de confession juive des droits à la sûreté, à l’égalité, aux libertés (circulation, religion, sécurité…) constituent une cause centrale de la banalisation de ces atteintes aux principes républicains.

10- La procédure inhabituelle et non conforme de « rapatriements » des ressortissants français résidant en Israël ( payants ! – à destination de Chypre et non de France – parmi les dernières effectuées par les pays concernés alors que la communauté française d’Israël est l’une des plus importantes – etc.) est l’un des exemples de la stigmatisation décidée par l’Élysée à l’égard de tout ce qui se rapproche de l’État hébreu.

11- La présidence devrait réviser son vocabulaire, respecter les obligations de la charge présidentielle, relire la Constitution, et considérer sa responsabilité dans la banalisation de la formation d’une catégorie de Français ne disposant plus des mêmes droits que leurs concitoyens.

12- Les manquements du président Macron à l’endroit des citoyens juifs s’entendent, se lisent et se subissent. Ils bénéficient d’une clémence politique et juridique inacceptable.

13- Quant aux commémorations et autres, indûment portées en étendard, elles ne sont nullement des preuves de la bienséance exceptionnelle présidentielle mais forment l’exécution artificielle et minimale de ce qu’un président de la République a en charge.

14- Trois remarques finales:

La politique étrangère et la diplomatie de Macron ciblent, stigmatisent, atteignent dans leurs droits et dans leurs dignités les concitoyens juifs et fissurent l’unité de la Nation.

Il devient impossible d’éluder l’identité des programmes anti-israéliens de l’extrême gauche antisémite et des dispositions prises par Macron.

Le rapprochement entre la diplomatie française et les intérêts des dictatures financières très présentes en France (Qatar…) est désormais visible à l’œil nu.

© Pierre Saba

20 août 2025

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