
Chaque jour, l’opinion publique s’indigne et communie dans la CPP, la Compassion Passionnelle Palestinolâtre. Ça fait du monde : les Tiktokeurs analphabètes, les Instagrammeurs pour qui un mot est plus difficile à comprendre que mille images, les facebookistes prenant pour vérité d’Évangile tous les posts de leurs « amis » inconnus, les politiques en recherche de voix, qui élisent la quantité et méprisent la qualité, les politiciens qui ruinent leur pays, jaloux de la seule démocratie du Moyen-Orient dont, malgré la guerre sur sept fronts, la croissance dépasse la leur, les politicards qui émargent au Qatar, les antisionistes d’opportunisme et les antisémites sincères… (liste non exhaustive).
Le réflexe a remplacé la réflexion et le reflet a remplacé les faits
À quoi bon prendre les armes contre un ennemi plus fort, quand on peut le faire abattre par ses « amis » à lui ?
Nourris aux pubs vidéo concoctées par Pallywood et aux images de « photojournalistes » qui cadrent collé-serré, les consommateurs de droite, de gauche et des autres galaxies s’amalgament autour d’un seul consensus planétaire : il faut sauver le soldat Palestine et détruire l’Hydre israélienne, qui mange des petits enfants au petit déjeuner et manipule aussi bien les dirigeants du monde entier que les jurés du comité Nobel.
Le dernier succès en date de la Direction de la communication Hamastique est une photo représentant des Gazaouis agitant leurs casseroles vides devant un présumé centre de présumée distribution de présumée nourriture de la présumée ONU :
Oscar de la fausseculterie : le New York Times titrant « les Gazaouis meurent de faim ».
Oscar du vrai journalisme : un photographe du Bild (allemand), qui a assisté au défilé des photographes, chacun à son tour, devant des figurants prenant et reprenant la pose. Il a photographié les photographes… L’image est titrée : « Ce photographe de Gaza met en scène la propagande du Hamas »
Heureusement il y a l’ONU[1] !
Comment se fait-ce que les sages protocoleurs de Sion n’aient pas encore mis l’ONU dans leur poche ? Car même avec une mauvaise foi de calibre mélenchonique, on ne peut nier que l’organisation des 96 dictatures et 71 démocraties s’agite en tous sens pour empêcher l’État juif de gagner la guerre que lui ont déclaré le Hamas, le Hezbollah, le Qatar, l’Iran et les universités wokistes des pays dits libres.
Le 8 août 2025, le Haut-Commissaire aux droits de l’homme du Machin, Volker Türk, a sommé Israël d’abandonner immédiatement son projet de prise de contrôle militaire de Gaza.
Quel facho, ce Netanyahou ! Sous prétexte que le Hamas promet à son peuple des « 7-octobre » en cascade, afin de réaliser les objectifs de sa charte[2], Bibi fricote avec Trump et envisage la démilitarisation de Gaza. Adopté à la majorité par son gouvernement, le plan du Fossoyeur-de-la-démocratie vise à vaincre le Hamas et à instaurer un contrôle sécuritaire israélien sur l’ensemble de la bande de Gaza.
On n’a jamais vu autant d’outrecuidance associée à pareille cruauté. C’est comme si, en 1945, les Alliés avaient envisagé de démilitariser le Reich et d’occuper Berlin !
Aux yeux de Türk, cette nouvelle escalade ferait peser un risque humanitaire et sécuritaire majeur sur les Gazaouis : elle occasionnerait « des déplacements forcés encore plus massifs, davantage de morts, des souffrances insoutenables, des destructions insensées et des crimes atroces. »
1200 morts, 4500 blessés, 250 kidnappés pour une population israélienne de moins de 10 millions d’habitants, cela ne répond ni à la définition de « souffrances insoutenables » ni à celle de « crimes atroces » dans le dictionnaire Türk. Au prorata des populations respectives, cela correspondrait en France à environ 9 000 morts civils, 33 750 blessés et 1 875 otages, auxquels il faut ajouter les violé.e.s et les supplicié.es, pré et post mortem. Pas de quoi faire lever un sourcil aux Zonusiens.
Sûr que devant une telle situation, le petit Emmanuel Marron pratiquerait la retenue en se gardant de toute mesure de rétorsion.
Il a un mandat et demi d’expérience. Les Juifs ont derrière eux 5000 ans d’Histoire, 2000 ans de persécutions et d’occupations successives de leur pays. D’où la différence de réaction.
Les copains d’abord
Le résident en CDD à l’Élysée est aussi raccord avec l’autre Turc, Erdogan, qui accuse Israël de vouloir rendre Chypre inhabitable, afin de « déplacer de force » ses habitants. Et pour ajouter l’injure à l’insulte, de la peupler de colons turcs, peut-être ? Le ministère turc des Affaires étrangères a appelé les États à « assumer leurs responsabilités » pour protéger les droits des Palestiniens.
Oups ! C’est une coquille : il s’agissait de Gaza et non de Chypre. Les Chypriotes aimeraient bien aller se faire voir chez les Grecs, mais les colons turcs armés les en empêchent.
Alors Manu aussi va voir ailleurs. Pour une fois, il chante en chœur avec Keir Starmer, le Premier ministre brexité : dans la chorale des SSTS, Sifflons Sur les Têtes des Sionistes, ils interprètent « Tirons sur l’ambulance » et « Haro sur le baudet ». En parlant faux et fort, ils exécutent aussi L’espérance (HaTikva en V.O.), l’hymne israélien : la musique est un bien qui vient de l’intérieur et que l’on peut détruire quand on n’a pas les moyens militaires de ses ambitions génocidaires.
Macronino, qui aime tant le rap, devrait adapter l’article septième du premier chapitre de la charte du Hamas : « L’heure suprême ne se dressera que lorsque les musulmans combattront les juifs et les tueront. Lorsque le juif se cache derrière un rocher ou un arbre, celui-ci dira : « Ô musulman esclave d’Allah, un Juif se cache derrière moi, viens le tuer ». »
Pour une fois, il aurait une majorité de citoyens satisfaits, qui reprendraient avec lui le refrain. Parce que pour la politique intérieure, il est trèèèès loin des 54% du présumé dictateur Netanyahou !
© Liliane Messika
Notes
[1]Pour les esthètes de plus de 50 ans : Sur l’air de « Heu-reu-se-ment, il y a Fin-dus »
[2] www.senat.fr/rap/r08-630/r08-630-annexe2.pdf préambule : « Israël existe et continuera à exister jusqu’à ce que l’islam l’abroge, comme il a abrogé ce qui l’a précédé. » Chapitre premier, article treizième : « Les initiatives, les prétendues solutions de paix et les conférences internationales préconisées pour régler la question palestinienne vont à l’encontre de la profession de foi du Hamas. »
© Liliane Messika
Dernier ouvrage paru le 22 juin 2025:
« Des idéologies bonnes à manger du foin »
Illustré par Antoine Chereau