Tribune Juive

Quand la peur de l’islamisme cherche à  imposer les « droits d’auteur » des assassins. Par José Ainouz

À Toronto, un festival censure un documentaire sur les massacres du 7 octobre 2023, non par respect du droit, mais par crainte de l’offensive islamiste. Jusqu’où la peur dicte-t-elle ce que l’on peut montrer?

Toronto, août 2025.

Le documentaire devait être l’un des chocs du Festival International du Film de Toronto (TIFF). The Road Between Us: The Ultimate Rescue, du cinéaste canadien Barry Avrich, raconte comment, le 7 octobre 2023, un général israélien à la retraite, Noam Tibon, a pris la route sous les balles pour sauver son fils, le journaliste Amir Tibon, et sa famille, retranchés dans leur maison du kibboutz Nahal Oz alors que les hommes du Hamas massacraient leurs voisins.

Depuis quand faut-il l’autorisation d’un criminel pour montrer son crime ?

Dans le film, des images insoutenables : celles que les terroristes ont filmées eux-mêmes, caméra GoPro fixée au torse, téléphone volé à une victime, séquences de viols, d’assassinats, d’enlèvements. Des preuves brutes de ce « massacre de masse à tendance génocidaire ». Des images qui, ironie macabre, sont revendiquées par le Hamas comme sa « propriété intellectuelle ».

Et c’est là que tout s’effondre. Le TIFF exige, comme pour chaque film, une validation juridique de toutes les séquences. Pas d’autorisation du Hamas, pas de projection. Officiellement, il s’agit de protéger le festival contre d’éventuelles poursuites et d’éviter des « risques de perturbation ». Officieusement, souffle le site américain Deadline, la peur est ailleurs : voir la projection encerclée par des manifestants pro-Hamas, pancartes et slogans à la main.

Noam Tibon, lui, ne mâche pas ses mots : « Le festival a cédé aux pressions et aux menaces. Il a choisi d’effacer le 7 octobre. Prétendre qu’il faut demander la permission aux auteurs des crimes pour montrer leurs crimes, c’est grotesque ».

Car la question dépasse ce film : peut-on, doit-on, payer des droits d’auteur à des assassins qui ont filmé leurs crimes dans le but explicite de les glorifier ? Ces séquences sont de la propagande, pas de l’art. Elles ont été conçues pour terroriser et pour justifier un massacre. Aurait-on payé des droits à un cinéaste nazi pour diffuser les images d’un ghetto, tournées à des fins antisémites ?

Un très grand nombre d’images des ghettos ont été filmées par les nazis eux-mêmes. A-t-on demandé à l’Allemagne, après 1945, de payer pour les diffuser ? Les photos des massacres commis par les Einsatzgruppen, à Babi Yar, Ponary ou Rumbula, furent souvent prises par les bourreaux eux-mêmes, et elles circulent partout aujourd’hui. Jamais personne n’a songé à demander des droits d’auteur aux assassins.

Et c’est bien là le cœur du scandale : un festival mondial s’incline, non pas devant la loi, mais devant la menace

On voit bien à cette différence qu’il y a, dans le cas de Toronto, un facteur supplémentaire : le non-dit devant l’islamisme. Le non-dit, comme l’interdit, c’est déjà la soumission. Ici, ce n’est pas le respect scrupuleux du droit qui dicte la décision, c’est la peur. La peur de l’offensive planétaire de l’islamisme, et la crainte de ses réactions. Et c’est bien là le cœur du scandale : un festival mondial s’incline, non pas devant la loi, mais devant la menace.

Dans les couloirs du TIFF, on répète que la décision n’est pas politique, que c’est une question de procédure. Mais la mécanique est implacable : une organisation terroriste réclame des droits d’auteur sur des images de massacres, et l’un des plus grands festivals du monde se plie aux règles, par précaution… ou par peur.

Le film sera finalement projeté à Toronto, mais hors du cadre prestigieux du festival. Les producteurs promettent de le diffuser « à des millions de personnes dans le monde ».

La mémoire voyage sans passeport, et la vérité ne verse jamais de dîme aux mains tachées de sang.

© José Ainouz, historien et documentariste


J’ai réalisé un film sur le 7 octobre : « 7 octobre 2023, un crime sans nom ». 

Vous pouvez le visionner à l’adresse suivante : https://vimeo.com/1035226539


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