Tribune Juive

Paul Germon. Affaire « Daisy » : Chronique d’un courage municipal

1️⃣ Article – Affaire Daisy : Chronique d’un courage municipal

Dans la paisible commune imaginaire de Pavillon-sous-l’Embrouille, à deux stations de RER de Noisy-le-Sec, le maire s’appelait Loïc Khaouaf Khozh-Yar — « Khozh-Yar » signifiant « vieille poule en breton », autrement dit « lâche ».
Les habitants, eux, le surnommaient Le Peteux, sobriquet qui sonnait breton et collait parfaitement à son style : avancer un pas, reculer trois.

Membre éminent du Parti de la Fausse Facture Populaire (FFP), héritier dégénéré d’un ancien grand parti mondial qui domina la moitié du globe et qui, par son habileté totalitaire dans la gestion comptable, provoqua la ruine et le suicide de cent millions d’individus, Loïc Khaouaf Khozh-Yar avait annoncé avec fierté la projection gratuite le 8 août du film « Daisy » sur écran géant.
Une comédie légère, où un groupe de jeunes femmes surnommées les « Cannes » portaient des jupes si courtes qu’elles auraient fait pâlir un curé de campagne du XIXᵉ siècle.

Tout allait bien… jusqu’à ce qu’un soir, sur le parvis de la mairie, trois jeunes administrés à capuche viennent l’interpeller :
— Wesh Loïc, c’est quoi ton film chelou avec des meufs en mini ?
— Ouala, ça respecte pas nos valeurs, frère. Nous on veut pas voir ça ici.
— Grave ! Mets plutôt un docu sur Gaza, t’as capté ?

Fidèle à son patronyme et à son surnom, Le Peteux déploya son légendaire courage : céder sur-le-champ.
Le lendemain, Conférence de presse :

« Par respect pour nos valeurs universelles et en solidarité avec les victimes du génocide imaginaire à Gaza, je décide de retirer « Daisy » de notre programmation ».

Résultat : « Daisy » fut remplacé par une soirée « Souvenirs des colonies de vacances socialistes » avec diaporama jaunâtre, suivie d’un buffet… fourni par la fameuse buvette municipale, actuellement dans le viseur d’une enquête sur des fausses factures.

Depuis, Pavillon-sous-l’Embrouille est divisé :
• Les Lepeteux-philes défendent le maire comme un rempart moral.
• Les Lepeteux-phobes dénoncent un censeur à genoux devant trois capuches.

2️⃣ Encadré – Parti de la Fausse Facture Populaire (FFP)

Fondation : officiellement en 1991, mais présenté par ses dirigeants comme “héritier d’une glorieuse tradition internationale” — comprendre : le reliquat administratif d’un ancien grand parti mondial qui domina la moitié du globe et provoqua la ruine et le suicide de cent millions d’individus grâce à son art du budget imaginaire.

Siège social : Pavillon-sous-l’Embrouille (93)
Devise : « Facturer, c’est gouverner »
Mascotte : un classeur à archives avec autocollant de faucille

Historique
• 1917-1991 : l’ancêtre historique gouverne avec propagande, pénurie et double comptabilité.
• 1991 : repli dans les municipalités, associations et buvettes.
• 2000 : adoption du nom actuel après un congrès dans la salle polyvalente de Saint-Bidouin-sur-Oise.
• Depuis 2010 : spécialisation dans la politique municipale discrète, les subventions croisées et les voyages « culturels » à climat agréable.

Dirigeants notables
• Loïc Khaouaf Khozh-Yar (Le Peteux), maire et symbole de la couardise municipale assumée.
• Marceline « La Calculette » Bourdier, trésorière au carnet de chèques créatif.
• Boris Petrovitch Scribe, secrétaire international, spécialiste des missions d’étude touristiques.

Bilan
• Cent millions de morts (héritage historique).
• Records de fausses factures dans 47 communes.
• Zéro autocritique depuis un siècle.

3️⃣ Interview – « J’ai agi par courage et par conviction »

Journaliste : Monsieur le Maire, pourquoi avoir annulé la projection de « Daisy » ?

LKKY : Trois jeunes administrés à capuche sont venus me voir. Très respectueux dans leur manière (wesh, ouala…), ils m’ont fait part de leur choc face aux jupes des « Cannes ». Je ne pouvais pas rester insensible.

Journaliste : Certains disent que vous avez cédé à la pression…

LKKY : C’est faux. C’est une décision personnelle et courageuse. J’ai aussi tenu compte du contexte international : il y a un génocide imaginaire à Gaza, et je trouvais déplacé de projeter un film léger alors que des peuples souffrent… ou sont censés souffrir.

Journaliste : Votre décision a provoqué la création d’un mouvement Lepeteux-phobe pour contrer les Lepeteux-philes.

LKKY : C’est la rançon du courage. Moi, je ne gouverne pas pour plaire, je gouverne pour agir. Et si certains veulent transformer une décision morale en guerre de chapelles, qu’ils assument.

Journaliste : Les Lepeteux-philes disent que vous protégez la jeunesse, les Lepeteux-phobes que vous avez censuré pour plaire à trois personnes.

LKKY : Je préfère qu’on me reproche d’écouter trois personnes que d’en ignorer mille. Et je constate que mes opposants découvrent soudain un intérêt pour le cinéma local…

Journaliste : Un mot pour conclure ?

LKKY : Oui. « Daisy » ne passera pas à Pavillon-sous-l’Embrouille. Ici, on défend les valeurs, on écoute la jeunesse, et on ne se laisse pas intimider… sauf quand c’est nécessaire.

© Paul Germon

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