L’indignation détestable et pathétique de Jean-Pierre Filiu qui monte au créneau en défense de Francesca Albanese ( Oui Oui )

« Aucun Israélien n’est rentré dans la bande de Gaza autrement que dans un tank depuis 2007″, déclara notre homme sur
France Inter le 26 mai 2025
Francesca Albanese, rapporteuse spéciale des Nations unies pour les territoires palestiniens, le 29 juillet 2025, à Rome.  GREGORIO BORGIA / AP

La fronde inédite de Donald Trump contre Francesca Albanese, rapporteuse spéciale de l’ONU pour les territoires palestiniens

Jean-Pierre Filiu – Professeur des universités à Sciences Po – Le Monde

Il n’y a aucun précédent aux sanctions prises par les Etats-Unis à l’endroit de la rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés, rappelle l’historien Jean-Pierre Filiu dans sa chronique.

Le 7 juillet, Donald Trump accueille Benyamin Nétanyahou à la Maison Blanche pour la troisième fois en moins de six mois. Le premier ministre israélien remet, à cette occasion, la copie de la lettre par laquelle son gouvernement demande officiellement que le prix Nobel de la paix soit décerné au président des Etats-Unis. Il lui offre aussi un symbole religieux, en forme de bombardier furtif américain B-2, fabriqué à partir des débris d’un missile iranien, afin de célébrer la récente fraternité d’armes des deux pays dans leur offensive contre la République islamique.

Le chef d’Etat américain, toujours sensible à de tels gestes, ordonne peu après à son ministre des affaires étrangères de prendre des sanctions inédites à l’endroit de Francesca Albanese, la rapporteuse spéciale des Nations unies pour les territoires palestiniens. Elle est, en effet, accusée par Washington de mener rien de moins qu’une « campagne de guerre politique et économique contre les Etats-Unis et Israël ».

Trois décennies de rapporteurs spéciaux

Le poste de « rapporteur spécial pour les droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967 » a été institué par l’Organisation des Nations unies (ONU) en 1993. Il s’agit d’un expert indépendant rapportant devant la Commission des droits de l’homme de l’ONU. La création de cette fonction correspond au lancement du processus de paix israélo-palestinien, avec la perspective de mettre un terme à un quart de siècle d’occupation de Jérusalem-Est, de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. Le premier titulaire de ce poste est René Felber, jusque-là président de la Confédération helvétique, un profil plutôt consensuel qui prévaut lors de la nomination de ses deux successeurs. Les rapporteurs s’efforcent alors d’accompagner par des recommandations constructives les efforts de gouvernements israéliens crédités d’une volonté sincère de négociation.

La situation bascule avec la réoccupation israélienne de la Cisjordanie, en 2002, puis le blocus imposé à la bande de Gaza, cinq ans plus tard. Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, qui a remplacé, en 2006, la Commission des droits de l’homme, dépêche le juriste sud-africain John Dugard à la tête d’une commission d’enquête dans les territoires palestiniens. Le nouveau rapporteur spécial n’hésite pas à comparer la discrimination dont sont victimes les Palestiniens de la part des autorités d’occupation à l’apartheid institué dans son propre pays jusqu’en 1994.

La nomination à la suite de Dugard, en 2008, du juriste américain Richard Falk marque un nouveau degré dans l’épreuve de force engagée avec Israël, qui retient le rapporteur spécial à l’aéroport de Tel-Aviv, avant de l’expulser. Le juriste canadien Michael Lynk, rapporteur spécial de 2016 à 2022, considère que la colonisation israélienne en Cisjordanie est un « crime de guerre » et qu’un tel « système à deux niveaux », avec citoyenneté pour les colons israéliens et régime militaire pour les habitants palestiniens, relève de l’« apartheid ».

L’escalade des polémiques

C’est dans ce contexte tendu depuis de longues années que la juriste italienne Francesca Albanese devient la nouvelle rapporteuse spéciale, et la première femme à ce poste, en mai 2022. Le gouvernement israélien ne tarde pas à l’accuser d’antisémitisme, en référence à une lettre ouverte, publiée huit ans plus tôt, dans laquelle elle dénonçait la mainmise d’un « lobby juif » sur les Etats-Unis. Albanese reconnaît une « erreur », tout en multipliant, depuis octobre 2023, les déclarations de plus en plus controversées sur les réseaux sociaux.

Lorsque Emmanuel Macron qualifie, en février 2024, les attentats du Hamas de « plus grand massacre antisémite de notre siècle », Albanese rétorque que « les victimes du 7 octobre n’ont pas été tuées du fait de leur judaïsme, mais en réponse à l’oppression d’Israël ». Deux mois plus tard, elle publie un rapport sur « l’anatomie d’un génocide à Gaza », banalisant depuis lors le terme de « génocide », qui fait pourtant toujours débat au sein de la communauté internationale des juristes. On rappellera que, en qualité d’experte indépendante, ses propos n’engagent pas les Nations unies en tant que telles.

Les attaques dont elle fait l’objet de la part d’Israël et des Etats-Unis, surtout depuis la réélection de Donald Trump, en novembre 2024, accentuent en retour sa popularité au sein de l’ONU, bien au-delà des milieux propalestiniens. C’est ainsi qu’elle est reconduite à son poste, en mai 2025, pour un nouveau mandat de trois ans. Elle vient de publier un rapport sur le rôle des multinationales dans « l’économie du génocide » à Gaza où, citant, entre autres, Amazon et Microsoft, elle affirme que « le secteur privé, y compris ses dirigeants, doit rendre des comptes, une mesure nécessaire pour mettre un terme au génocide et démanteler le système global de capitalisme racialisé [sic] qui le sous-tend ».

C’est sans doute ce texte qui a précipité la décision américaine de sanctionner Albanese, une décision pour l’heure symbolique, puisque la rapporteuse spéciale travaille au siège de l’ONU à Genève, et non à New York. Il ne s’agit pas moins d’un « précédent dangereux », selon le secrétariat général des Nations unies, contraint de rappeler un principe de base du droit international : « Le recours à des sanctions unilatérales contre des rapporteurs spéciaux, ou tout autre expert ou fonctionnaire de l’ONU, est inacceptable. »

Jean-Pierre Filiu

Source: « Le Monde »

https://www.lemonde.fr/un-si-proche-orient

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2 Comments

  1. Jean-Pierre Filiu, Le Monde : même pas la peine de lire, on sait déjà. Je n’arrive à comprendre comment on peut prendre la défense de cet horrible personnage.

  2. Filiu est un antijuif notoire , bien connu des defenseurs de notre peuple, il publie sur le t…..n / journal Le Monde qui est l organe a peu pres presentable de la campagne antisioniste française ! Franchement que peut on esperer d un tel attelage ? La classe possedante française a arrimė le pays au qatar et a l algerie depuis des deçennies , certains le decouvrent aujourdhui , enfin !

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