Tribune Juive

Daniel Sarfati. L’Australie c’est loin, pourquoi aurais-je peur ?

L’Australie, c’est loin. 

Je pensais que les juifs y étaient à l’abri. 

Je me trompais lourdement, le nombre d’actes antisémites depuis le 7 octobre, y est au moins aussi important qu’en Europe. 

Dimanche dernier, une manifestation pro-palestinienne à Sydney, a rassemblé plus de 120000 personnes. Plus que le nombre de juifs en Australie. 

À la tête de cette manifestation, le lanceur d’alerte Julian Assange, qui a défilé sous le portrait de l’ayatollah Khameneï. Assange qui se définit comme « libertarien », qui dénonce les crimes de guerre qu’auraient commis les Américains, ne voit aucune contradiction à se mettre sous le parapluie de la théocratie Iranienne qui pend chaque jour des innocents après des procès sommaires. 

Le gouvernement australien s’est rangé aux côtés de la France pour une reconnaissance d’un état palestinien. 

Le Premier Ministre australien Anthony Albanese est un ancien activiste pro-palestinien. Il avait participé en 2000 à une manifestation devant le consulat US où avaient été brûlés des drapeaux américains et israéliens, avec des appels à la libération de la Palestine « from the river to the sea », et au Jihad. 

Anthony Albanese dit avoir évolué et être en faveur de la solution à deux états. 

Pourquoi devrais-je douter de la sincérité de Julian Assange et d’Anthony Albanese ?

L’Australie c’est loin, pourquoi aurais-je peur ?

Récemment un acte antisémite m’a profondément choqué. 

Un parmi tant d’autres. 

Deux crétins hilares, tiraient avec un pistolet à eau, sur des Haredim d’un quartier de Manchester. 

Ça paraît bénin, un pistolet à eau. 

Mais j’ai ressenti, pour les victimes de ce gag, toute l’humiliation du geste, comme quand des nazis hilares humiliaient des Haredim en leur coupant la barbe. Avant de les abattre d’une balle dans la nuque. 

La prochaine fois, à Manchester ou ailleurs, le pistolet pourrait être chargé. Il est acceptable aujourd’hui de tirer sur un juif. De l’eau ou une balle, la symbolique est la même. 

Pourquoi aurais-je peur ?

L’Angleterre, c’est loin, au moins deux heures en Eurostar. 

Macron reproche aux juifs d’avoir oublié leur « universalisme ». 

Un juif n’est pas ontologiquement universaliste. 

Il est australien ou britannique ou d’une autre nationalité. 

Il peut être français et républicain. 

Il peut être israélien. 

Le rattacher à un universalisme flou, c’est revenir à ce juif errant, sans racines, qui n’appartient à aucune nation. 

L’universalisme n’est pas le fait d’une communauté, mais de chaque individu conscient. 

Pourquoi aurais-je peur de ce genre de remarque présidentielle ?

Ce président va bien finir par s’en aller.‌‌

© Daniel Sarfati

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