
Par Richard Abitbol
« Si je t’oublie, Jérusalem, que ma droite m’oublie ! » (Psaume 137 :5)
Israël, ô ma mère, au cœur de feu et d’ombre, Jérusalem bénie, fontaine des vivants,
Ton nom brille en mes nuits, ta lumière me comble, Et ton souffle m’emplit comme au premier printemps.
Le cordon fut tranché, mais la trace est sacrée ; Il bat dans notre sang depuis trois mille ans.
Tu n’es point patrie où l’on prête serment, Tu es source éternelle, amante et créatrice ; Ton sein a vu naître l’esprit et le ferment
Qui fit croître les lois et les voix prophétiques.
Le cordon fut tranché, mais la trace est sacrée ; Il bat dans notre sang depuis trois mille ans.
De toi sont sortis les ruisseaux qui s’embrassent : Rome y a bu l’Évangile et l’encens du pardon, La Mecque y a trouvé l’ombre fraîche et la grâce, Et tous ont hérité de ton unique don.
Le cordon fut tranché, mais la trace est sacrée ; Il bat dans notre sang depuis trois mille ans.
Qu’importe à l’ignorant qui nous prête deux trônes, Et croit mesurer l’amour à l’aune des passeports : Mon lien n’est pas politique, il est comme un psaume Qui s’élève sans fin de l’Orient à tous les ports.
Le cordon fut tranché, mais la trace est sacrée ; Il bat dans notre sang depuis trois mille ans.
Quand tu es loin, ma mère, mon cœur s’assèche et ploie, Comme un cèdre privé de la pluie du matin ;
Quand je te retrouve, Jérusalem, ma joie Est celle d’un enfant revenant au jardin.
Le cordon fut tranché, mais la trace est sacrée ; Il bat dans notre sang depuis trois mille ans.
Et si l’on me déchire à ton sein lumineux, Si l’on me condamne à t’aimer en silence,
Sache que cet amour, plus fort que tous les cieux, Est mon unique loi, ma seule allégeance.
Le cordon fut tranché, mais la trace est sacrée ; Il bat dans notre sang depuis trois mille ans.
© Richard Abitbol