Tribune Juive

C’était hier soir … en France. Par Anne Mansouret

C’ÉTAIT HIER SOIR… EN FRANCE

Salle d’embarquement de l’aéroport de Figari. Je suis debout depuis un bon quart d’heure, portant mon sac de voyage (muni d’une large courroie) en bandoulière sur l’épaule gauche et sur l’autre, mon sac besace.

On nous annonce un retard de 35 minutes.

Une (très) ravissante (très) jeune femme d’une vingtaine d’années au type arabe prononcé se lève en souriant du siège qu’elle occupait et me propose gentiment sa place. Plus que surprise par son geste, compte tenu de l’absence d’éducation des jeunes gens d’aujourd’hui, je la remercie avec effusion et m’assoie sur la banquette.

Ce faisant, je pose mon sac à terre, ce qui dévoile ma rosette de la Légion d’honneur et … le pin’s ruban jaune du soutien aux otages israéliens.

Instantanément, le sourire de la jeune femme se fige ; je lis comme de l’étonnement dans son regard, qu’elle détourne, alors que je m’apprêtais à échanger les banalités d’usage.

Elle a pris brusquement la tangente à grands pas vers l’autre extrémité de la salle d’embarquement.

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Deux heures et 55 minutes plus tard (retard oblige) je suis au terminal 2 de l’aéroport d’Orly et j’attends ma valise au bord du tapis roulant numéro 8.

C’est alors que je suis abordée discrètement par une petite dame d’une bonne quarantaine d’années, les cheveux mi-longs châtain foncé, une paire de lunettes sur le nez, pas maquillée et l’allure d’une fonctionnaire de catégorie B. J’ai cru qu’elle cherchait un renseignement.

– Madame, excusez-moi, mais vous allez à Paris ?

– Non, désolée, je rentre chez moi en Normandie. (Pensant qu’elle voulait partager un taxi)

– Ah, bon, alors, pas de souci. Parce que, vous savez, à Paris, on ne peut plus porter ce badge aujourd’hui, c’est trop dangereux : on risque de se faire agresser. Au mieux, ce sont des violences verbales, au pire on peut se faire tabasser ou piquer. Je suis enseignante dans le Val d’Oise. Il y a quelques jours, parce que j’avais répondu à une élève que la situation dramatique à Gaza était due à la guerre et non à un génocide commis par Israël, comme elle l’affirmait ; j’ai été attendue le lendemain à la sortie du collège par ses parents et son frère, qui m’ont clairement menacée de me faire passer mes idées sionistes si je voulais éviter de graves problèmes ! Et là …Depuis…J’ai vraiment peur tout le temps.

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Me reviennent fréquemment en mémoire les phrases lucides et graves que prononça Gérard Collomb sur le perron du Ministère de L’Intérieur, en démissionnant :

« On vit côte à côte et je le dis, moi je crains que demain, on ne vive face à face. Nous sommes en face de problèmes immenses. »

Gérard Collomb aurait-il pu imaginer la résurgence de la haine du juif sous la nauséabonde influence et grâce à la propagande de la gauche LFI ?

Je ne le pense pas. Tant c’était imprévisible et tellement c’est monstrueux.

© Anne Mansouret

05-08-2025


Née à Téhéran d’un père iranien et d’une mère belge, Anne-Mansoureh Riahi est naturalisée française à l’âge de 21 ans et change son nom en 1966, en faisant de son prénom composé reflétant sa double culture familiale, Anne-Mansoureh, un prénom et un nom de famille.

Femme politique, Anne Mansouret, ancienne membre du Parti socialiste et du MRG, sera conseillère régionale de Haute-Normandie de 2004 à 2015.


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