Jean-Pierre Allali vient de nous quitter et avec lui tout un pan de notre histoire juive contemporaine et de l’histoire des Juifs de Tunisie…
Il y a un an pile, au bout des planches de Deauville, je l’avais croisé au soleil, en terrasse d’un restaurant de plage. J’avais tenu à le saluer mais je n’étais pas resté longtemps auprès de lui pour ne pas l’importuner car il était en famille.
Jean-Pierre Allali m’avait accueilli avec un grand sourire et m’avait souhaité de bonnes vacances normandes… Un sourire de toute éternité qui éclairait si souvent le visage de ce natif de Tunis.
Touche-à-tout intellectuel, prof de maths puis universitaire, journaliste et écrivain, Jean Pierre fut le rédacteur-en-chef de « La Terre Retrouvée » puis de « Tribune Juive ». Il a collaboré avec de nombreux médias dont le « Journal de l’Association des Médecins Israélites de France », « Les Cahiers Bernard Lazare », « Tribu 12 » ou encore « Lev Ha’ir ».
Récemment encore vous pouviez retrouver dans la newsletter du CRIF, dont il était l’un des membres éminents, ses chroniques gourmandes de la littérature. Toujours brillantes…
Il y a quelques semaines seulement, au sein de la Loge George Gershwin du B’naï B’rith (il fut le vice-président du B’nai Brith Europe), il présidait à distance la réunion du jury du « Prix Alexandra Leyris » qu’il avait créé après le décès dramatique de celle-ci (zal). Son décompte précis et méthodique des points avait fait notre ravissement…
Des livres remarquables
Avec son ami de longue date Haïm Musicant, dont il était une sorte de grand frère, il avait sorti quelques-uns de ses derniers et meilleurs ouvrages dont « Les Magnifiques » en 2022. Une épithète qui pourrait être reprise à son sujet !
L’érudition et la curiosité de Jean-Pierre avait guidé sa plume pour nous offrir plus de trente ouvrages, pour l’essentiel consacrés au judaïsme (surtout Tunisien) et à l’antisémitisme. Dont le remarquable « Les Juifs de Tunisie sous la botte allemande » sous-titré « Chronique d’un drame méconnu » aux Éditions Glyphe en 2014. La préface de cet ouvrage avait été confiée au grand Elie Wiesel qui avait alors écrit : « Il faut lire cet ouvrage remarquable. Il comble des lacunes. Il nous permet d’élargir notre propre horizon entouré de ténèbres. Et d’ouvrir notre mémoire pour accueillir des frères et des sœurs que le même ennemi avait condamné à souffrir et à mourir sans laisser de traces« .
Homme de paix, attaché au dialogue judéo-musulman, militant de longue date au sein de la LICRA, Jean-Pierre avait aussi écrit en collaboration avec Shimon Peres : « Un temps pour la guerre, un temps pour la paix » aux Éditions Robert Laffont en 2003. Que tout cela semble lointain, car c’est malheureusement par temps de guerre et d’absence de dialogue que Jean-Pierre Allali est parti rejoindre le Gan Eden. Que son souvenir soit à jamais béni !
Son enterrement a lieu le 5 août au cimetière de Pantin à 15h15… Que de 5, il en aurait souri !
© Gérard Kleczewski