Tribune Juive

Elie Sasson. Détester les Juifs est de bon ton. C’est dans l’air du temps

Illustration de Joann Sfar, Instagram

On se souvient des propos d’Eric Zemmour venu se recueillir devant le Bataclan. Il accusait F. Hollande d’avoir une responsabilité dans les attentats, pour avoir facilité l’entrée sur le territoire d’individus haïssant la France.

À l’époque – à plus forte raison aujourd’hui, à la lumière du scandale de l’accueil de Gazaouis neo-nazis dans l’hexagone – je partageais totalement son point de vue. Sa logique imparable était rigoureusement identique à celle avancée aujourd’hui par l’ensemble de la classe politique, exception faite de l’extrême gauche, à propos de la mise en danger des Français juifs que constitue l’attribution du statut de réfugiés à des nostalgiques du 3ème reich.

Pourtant, E. Zemmour avait été largement condamné. Même J. Bardella avait jugé ses propos « indécents » sans les condamner pour autant sur le fond.

Soulever cette contradiction permet de tirer une conclusion : l’ensemble de la classe politique de la droite et du centre, exception faite de Reconquête et du RN, se fiche de mettre en danger les Français, mais est encore, fort heureusement, imprégnée d’une volonté de lutter contre l’antisémitisme, surtout s’il glorifie Hitler. On ne plaisante pas – pas encore – avec le sujet.

En clair, il est interdit de se révolter contre l’arrivée de migrants qui veulent nous égorger en tant que Français, mais c’est autorisé s’ils ne veulent s’en prendre qu’aux Juifs. Allez comprendre !

Je tiens le pari que cette différence de traitement, en termes de préoccupation sécuritaire, entre celui accordé aux Français dans leur ensemble et celui réservé aux Français juifs en particulier, se retournera d’une manière ou d’une autre contre les Juifs. Les détester est de bon ton. C’est dans l’air du temps.

Je crains que nous n’en soyons qu’au début. C’est parti pour s’amplifier et pour durer.

© Elie Sasson

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