
On peut déplorer que l’identité palestinienne se soit construite essentiellement sur le rejet et la haine des voisins israéliens, mais la nation palestinienne est désormais un fait historique, politique et anthropologique dont il faut tenir compte. C’est pourquoi, l’existence d’un État palestinien est, à terme, souhaitable. Cette existence est même nécessaire, dans la mesure où les pays arabo- musulmans n’accueillent pas ou peu les Palestiniens. Cependant, il y a un obstacle à la naissance d’un véritable État palestinien et -scoop !- cet obstacle n’est pas Israël.
A la France, les terroristes reconnaissants…
Le président de la République Emmanuel Macron vient donc d’annoncer, après s’être concerté avec lui-même, que la France allait reconnaître l’État palestinien. Le problème, c’est qu’avec une Autorité palestinienne en totale déliquescence, reconnaître aujourd’hui un État palestinien signifie de fait reconnaître le Hamas ! C’est exactement comme si, il y a 10 ans, la France avait reconnu comme État les territoires transfrontaliers sous domination de Daesh.
Or, même si certains États encouragent ou pratiquent le terrorisme, un mouvement terroriste ne constitue en aucun cas un État : il n’en a ni les moyens, ni la compétence, ni, surtout, la volonté. Lancerait-on un crowdfunding mondial pour créer les infrastructures (éducatives, administratives et de santé) indispensables au fonctionnement d’un État palestinien que le Hamas préférerait d’abord investir dans l’armement pour anéantir Israël… Entre une couveuse pour enfant prématuré et un fusil d’assaut pour tuer un Israélien, le milicien du Hamas choisit invariablement le second. Et c’est logique, car son credo est fondé non pas sur la préservation de la vie, mais sur le culte de la mort.
On ne bâtit pas un État avec des gens que ne savent que détruire, qui ne rêvent que de tuer et de mourir.
Même si une large fraction de la Gauche française présente ces miliciens du Hamas comme d’héroïques « résistants », le programme du Conseil National de la Résistance était basé sur le rétablissement de la démocratie, tandis que la Charte du Hamas repose sur le jihad et l’antisémitisme. Par ailleurs, je ne sache pas que Lucie Aubrac et Jean Moulin aient jamais enlevé des bébés allemands pour les étrangler devant leur maman…
On ne sait pas exactement, du cynisme ou de l’irénisme, ce qui a inspiré Emmanuel Macron. Dans le doute, il est préférable de s’en remettre à l’expertise de Salman Rushdie, qui, quant à lui, a qualifié le Hamas de « groupe terroriste fasciste », ajoutant que « s’il y avait un État palestinien aujourd’hui, il serait dirigé par le Hamas et nous aurions un État de type taliban ». On verra à qui, de l’écrivain américano-britannique lu partout dans le monde ou du président français au plus de 3000 milliards d’euros de dette, l’Histoire donnera raison.
Des saluts et des salauds unanimes
Parmi les premiers à saluer cette décision d’Emmanuel Macron, il y a, bien sûr, le Hamas, mais aussi le président Herr Dogan : on a les soutiens qu’on mérite… On attend encore les félicitations de Ahmed al-Charaa (alias le boucher djihadiste al-Joulani), mais il est pour le moment très occupé à choisir ses cravates et à coordonner le massacre de civils druzes sans encourir, en ce qui le concerne, la moindre accusation de génocide. Cependant, il ne fait aucun doute que le nouvel égorgeur en chef de la Syrie ne manquera pas de féliciter personnellement notre président, un président qui l’a adoubé et légitimé au sein du concert international de la diplomatie en le recevant à l’Élysée. A ce rythme, on ose espérer que la Légion d’honneur ne sera pas décernée, à titre posthume, à Oussama Ben Laden.
LFI en a rêvé, Macron l’a fait !
Au niveau national et concernant l’annonce présidentielle, Jean-Luc Mélenchon a parlé de « victoire morale ». À LFI, reconnaître un État dirigé par les pogromistes du 7 Octobre est donc une « victoire morale »… Dont acte. Devrait-on en déduire que le 27 janvier 1945 fut, pour sa part, une « défaite morale » ?
En fait, entre l’Élysée et LFI, il s’agit juste d’un échange de bons procédés : comme l’extrême gauche, en se désistant pour lui, a fait élire et réélire Emmanuel Macron, il est par conséquent logique que l’Élysée, en contrepartie, réalise certaines parties du programme de ses alliés politiques. Par conséquent, il en va de la reconnaissance d’un État palestinien comme du laxisme judiciaire ou de l’ouverture totale des frontières à une immigration de peuplement : dans ces trois domaines, c’est grosso modo la politique de LFI qui est appliquée. Le président crée de la dette pour les Français, mais il paie toujours les siennes : personne, à l’extrême gauche, ne pourra l’accuser de déloyauté et d’ingratitude !
Quelles pourraient être les prochaines étapes d’une politique étrangère moyen-orientale quasiment alignée sur les positions LFIstes ? Un soutien financier et logistique au Hamas ? Des livraisons d’armes ? Pire encore ?
Une reconnaissance qui n’obtiendra aucune reconnaissance
D’abord, la reconnaissance de la Palestine « hamasienne » ne nous conciliera pas les groupes terroristes islamistes, ni les États qui les financent. Au lieu de nous apporter la sécurité, elle ne nous vaudra que du mépris et les attentats continueront à frapper la France. En effet, les ultra-virilistes islamistes ne respectent que la force brute et interprètent toute ouverture et tout dialogue comme des marques de faiblesse. Et être faible face au mouvement jihadiste, c’est se désigner comme cible prioritaire.
Ensuite, la reconnaissance de la Palestine « hamasienne », pour les mêmes raisons que celles évoquées ci-dessus, ne calmera pas davantage les racailles des banlieues françaises. Non seulement les émeutes et les agressions antisémites perdureront, mais leur fréquence et leur intensité augmenteront. Depuis le 7 octobre, les miliciens de la branche armée du Hamas (dont les images sont complaisamment diffusées sur certains médias) font des émules en France : en témoigne le port de plus en plus fréquent de cagoules chez certains agresseurs. Je fais le pari que, bientôt, face à la prolifération des cagoules foncées, le voile islamique sera le dernier de nos soucis…
Enfin, la reconnaissance de la Palestine « hamasienne » n’est pas, comme la loi du 24 août 2021 (qui instituait le délit de « séparatisme »), une demi-mesure typique du style macronien : c’est plutôt une dhimmi-mesure directement inspirée de l’esprit de Munich.
De concession en accommodement, de reniement en lâcheté, l’extrême centre a toujours cédé devant le totalitarisme, que ce dernier soit nazi comme autrefois, ou bien islamiste comme aujourd’hui. Nous sommes juste passés de l’impuissance de Daladier face au moustachu à l’impuissance de Macron face aux barbus : nous devrions pourtant savoir que la frilosité ne paie pas face à la pilosité.
© Marc Hellebroeck
